Véhicules électriques : le Maroc, futur hub d’exportation de batteries
En se positionnant comme centre d’exportation de batteries pour véhicules électriques, le Maroc incarne le potentiel de l’Afrique à jouer un rôle majeur dans la transition énergétique mondiale. La capacité du Royaume à attirer des investissements, à offrir un environnement compétitif et à tirer parti de ses ressources naturelles, pourrait bien faire du Maroc un modèle pour d’autres pays africains aspirant à entrer dans la chaîne de valeur des batteries.
À l’aube d’une révolution énergétique mondiale, le Maroc se profile comme un acteur stratégique dans l’industrie des batteries pour véhicules électriques. Grâce à un écosystème en pleine expansion et à des partenariats internationaux de grande envergure, le Royaume pourrait devenir un centre d’exportation majeur vers l’Europe et les États-Unis d’ici 2030. C’est ce qui ressort du rapport commandé par le gouvernement britannique dans le cadre de son programme Manufacturing Africa, intitulé «Africa’s Competitiveness in Global Battery Supply Chains».
Une compétitivité accrue sur le marché des batteries
L’industrie marocaine des batteries pour véhicules électriques est, d’après ce rapport, promise à une croissance remarquable.
En effet, le Maroc «pourrait produire et exporter de manière compétitive des batteries LFP (lithium-phosphate de fer) vers l’Europe d’ici 2030 à un coût de production de 68 à 72 USD/kWh», lit-on dans le document.
Ce positionnement permettrait au Maroc de générer entre 10 et 15 milliards de dollars de revenus annuels et de créer environ 22.000 à 25.000 emplois, plaçant le Royaume sur un pied d’égalité avec les grands fabricants mondiaux comme la Chine, l’Indonésie, l’Europe et les États-Unis. La compétitivité du Maroc repose sur plusieurs facteurs.
Le pays dispose d’une économie politique stable, une proximité géographique stratégique avec l’Europe, et des accords de libre-échange qui facilitent les exportations en franchise de droits vers l’UE et les États-Unis. Ces éléments renforcent son attrait pour les investisseurs étrangers, notamment dans un secteur où l’autonomie des chaînes d’approvisionnement est devenue cruciale dans un contexte de diversification loin de la Chine.
Une industrie soutenue par une richesse en ressources naturelles et une infrastructure avancée
L’attractivité du Maroc pour l’industrie des batteries ne repose pas seulement sur son emplacement stratégique et ses accords commerciaux. Le rapport souligne également la richesse en ressources naturelles du pays, indispensables pour la fabrication de batteries. Avec des réserves de lithium, de cobalt, de phosphore et de cuivre, le Maroc dispose de matières premières clés, réduisant les coûts de production en diminuant la dépendance aux importations.
En Afrique, le Royaume se distingue par sa capacité à produire les matériaux nécessaires à la fabrication de cathodes, un composant essentiel des batteries. L’émergence d’infrastructures industrielles robustes vient compléter ce tableau favorable. Le gouvernement a mis en place des zones économiques spéciales (ZES) et des infrastructures logistiques de pointe, comme la zone de Tanger Med et celle de Kénitra, destinées à favoriser l’exportation.
Ces infrastructures sont soutenues par des politiques d’incitation pour attirer les investissements étrangers, renforçant le potentiel du Maroc à devenir un centre de production et d’exportation compétitif.
Une série de partenariats et d’investissements stratégiques
Les perspectives prometteuses de l’industrie des batteries au Maroc ont déjà attiré d’importants investisseurs internationaux, notamment chinois. En juin dernier, Gotion High Tech a annoncé la construction d’une gigafactory de 1,3 milliard de dollars à Kénitra, prévue pour entrer en production en 2026.
Avec une capacité initiale de 20 gigawatts par heure et une capacité finale prévue de 120 GWh, cette usine devrait renforcer la capacité du Maroc à répondre aux besoins croissants en batteries sur le marché mondial. D’autres acteurs majeurs de l’industrie des batteries se sont également tournés vers le Maroc.
En mai, les fabricants chinois Hailiang et Shinzoom ont engagé près d’un milliard de dollars pour des projets de production de cuivre et d’anodes à Tanger Tech, tandis qu’en avril, BTR New Material a signé un accord pour établir une usine de production de cathodes. Par ailleurs, en septembre de l’année dernière, CNGR Advanced Materials s’est associé au fonds d’investissement Al Mada pour un projet d’usine de batteries à Jorf Lasfar, avec un investissement estimé à 2 milliards de dollars.
Un environnement favorable à l’expansion de l’industrie automobile et électrique
Le Maroc dispose déjà d’une industrie automobile en pleine croissance, avec des constructeurs comme Renault et Stellantis qui y ont établi des usines d’assemblage. Cet écosystème favorise le développement de la fabrication de batteries pour véhicules électriques, les producteurs pouvant bénéficier de la proximité des chaînes d’assemblage.
Selon le rapport britannique, le Maroc, avec son industrie automobile en expansion, est un «emplacement de choix» pour la fabrication de batteries. Cette synergie entre les industries automobiles et de batteries pourrait permettre au Royaume de maximiser son potentiel d’exportation et de s’intégrer davantage dans les chaînes de valeur internationales.
Des défis mais des opportunités
Si le Maroc présente un environnement favorable et des atouts indéniables pour le développement de l’industrie des batteries, des défis demeurent. La Chine reste leader en termes de coûts de production grâce à des économies d’échelle massives.
Cependant, le rapport Africa’s Competitiveness in Global Battery Supply Chains souligne que malgré des coûts de production plus élevés que ceux de la Chine, le Maroc et la Tanzanie restent plus compétitifs que les États-Unis, l’Europe et l’Indonésie.
Pour rester compétitif, le Maroc devra donc continuer à investir dans la formation de sa main-d’œuvre, et renforcer ses infrastructures pour attirer davantage d’investissements. Le gouvernement est déterminé à relever ces défis, avec des initiatives visant à stimuler l’industrialisation et l’innovation dans le secteur énergétique.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO