Éco-Business

Une étude pour intégrer l’économie informelle

La CGEM a dévoilé lors d’une conférence tenue ce jeudi 5 avril dans son siège à Casablanca, les résultats d’une étude portant sur l’économie informelle, son impact sur la compétitivité des entreprises ainsi que les moyens à mettre en œuvre pour inciter les industriels informels à se conformer aux règles du formel, en vue de revaloriser le tissu socio-économique national.

Considérant l’économie informelle comme une chaîne destructrice de valeur qui amplifie la précarité pour le capital humain et n’aidant aucunement à l’enrichissement de l’Etat, la CGEM a décliné dans une étude qu’a mené le Cabinet Roland Berger les principaux dangers de l’économie informelle sur le tissu productif au Maroc.

Sous l’aile d’un comité de pilotage représentant les principaux secteurs (Bâtiment, Textile…) et les Commissions concernées par l’économie informelle, cette étude a connu trois phases à savoir, la caractérisation du secteur informel et ses impacts sur la compétitivité des entreprises marocaines, un benchmark mené avec quatre pays (Chili, Turquie, Slovaquie, Inde) ayant réussi le pari de l’intégration de l’économie informelle, puis une dernière étape où il s’est agi de dresser une liste de recommandations pour accompagner et intégrer les acteurs du secteur informel.

 

Impacts de l’économie informelle sur l’économie nationale

Ainsi, il en ressort de cette étude que l’économie informelle pèse plus de 20% du PIB – hors secteur primaire – et 10% des importations formelles. Par ailleurs, cette dernière impacte gravement divers secteurs d’activités clefs du tissu économique marocain avec 53% dans le textile et l’habillement, 32% dans le transport routier de marchandises, 31% dans le BTP et 26% dans l’industrie agroalimentaire et tabac (hors secteur primaire).

 

Le résultat pour la CGEM est criard puisque globalement, cet impact crée un manque à gagner pour l’Etat estimé à 40 milliards de dirhams dont 36 milliards pour les charges fiscales et 6 milliards pour les charges sociales. Dans ce cas, est enregistrée une perte aussi bien sur le plan fiscal que sur le volet des cotisations sociales. Même son de cloche pour les entreprises marocaines dans la mesure où il se creuse un gap compétitivité-prix important (non-paiement des impôts et charges sociales…), une pression négative sur les prix (l’informel fixe les prix de référence), un manque de chiffres d’affaires pour les acteurs formels, puis un manque de création de la valeur pour l’économie marocaine.

 

«L’économie informelle a développé une chaîne destructrice du capital social et engendré par conséquent la loi de la compétitivité», a avancé Mohamed Fikrat, président de la Commission Compétitivité et Investissement.

Dans le même ordre d’idées et selon l’étude, l’économie informelle lèse les consommateurs finaux (règles d’hygiène non-respectées etc.) ainsi que sur la qualité de l’emploi en favorisant la précarité et l’absence d’avantages sociaux.

Recommandations de l’étude

En guise de recommandations, l’étude sur l’économie informelle dressé par le patronat a préféré tirer leçon de certaines expériences réussies dans certains pays tels le Chili, la Turquie et la Slovaquie.

Par ailleurs, nous pouvons constater que pour lutter contre les Unités de Production Informelles (UPI), le Chili a procédé à la simplification du statut juridique et du régime fiscal pour les micro-entreprises et a par la même occasion développé un financement pour assurer la transition vers le formel. Aussi est-il évoqué l’allégement de la fiscalité sur l’emploi et l’élaboration des régimes spéciaux pour adoucir la TVA avec la mise en place d’un Plan anti-corruption dans les administrations publiques.

La Turquie opte pour la même voie que le Chili avec, en plus, la réduction des cotisations sociales des employeurs et l’obligation de rémunération des salariés sur un compte bancaire.

Le modèle slovaque a quant à lui considéré la flexibilisation du contrat de travail comme une issue favorable. Et enfin l’Inde qui a vu la solution dans la promotion du paiement mobile pour une économie «O CASH».

Dans ce sens, la présidente de la CGEM, Miriam Bensalah-Chaqroun, a appelé à l’implication effective de l’Exécutif. «Les pouvoirs publics doivent s’impliquer dans la démarche de l’intégration de l’économie informelle», a-t-elle déclaré.


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