Transport et logistique. El Mootamid Abbad Andaloussi : “Nous saluons les mesures de soutien de l’État”
El Mootamid Abbad Andaloussi
Président du Club OEA
Le Club des Opérateurs Economiques Agréés du Maroc (Club OEA) salue la subvention monétaire accordée par le gouvernement. Dans cette interview, son président revient également sur la situation des transporteurs et sur les problèmes rencontrés dans le TIR avec l’Espagne.
Pouvez-vous d’abord nous présenter le Club OEA ?
Le Club des Opérateurs Economiques Agréés du Maroc (Club OEA) est une association professionnelle qui ambitionne de regrouper l’ensemble des acteurs structurés de la Supply chain au Maroc et qui adopte les bonnes pratiques surtout en matière d’organisation, de gestion, de normes sociales et fiscales, de développement durable et de sécurisation de la chaîne logistique.
L’administration des Douanes a été pionnière dans la mise en place d’un cadre qui permet la catégorisation des acteurs transparents et présentant un niveau bas de risques dans le commerce extérieur. Aujourd’hui, plusieurs autres acteurs publics et privés ont fait de la catégorisation un levier de facilitation qui leur permet un traitement différencié de leurs usagers.
Comment se portent les professionnels du TIR dans la région Nord ?
Durant la période de la pandémie du Covid-19, les opérateurs du Transport International Routier (TIR) ont été reconnus comme des acteurs clés qui ont pu assurer la continuité des chaînes d’approvisionnement de notre pays et partenaires, notamment européens. Les transporteurs marocains ont joué un rôle significatif dans le maintien et le développement des échanges commerciaux avec nos partenaires les plus importants, notamment le Royaume-Uni, suite au Brexit.
Malheureusement, plusieurs éléments extra-profesionnels sont venus perturber l’activité des opérateurs du TIR, à commencer par les amendes de G.O, la problématique des visas Schengen pour les chauffeurs, la pénurie des autorisations bilatérales et, plus récemment, la hausse des prix du carburant. Ces problématiques posent des défis structurels et stratégiques pour les entreprises du TIR et qui remet en cause leur business model et même leur survie sur le court et moyen termes si des actions audacieuses ne sont pas mises en œuvre par le gouvernement.
Comment solutionner les problèmes auxquels ces professionnels font face, notamment dans le contexte de flambée actuelle ?
Tout en saluant les efforts des pouvoirs publics et notamment ceux du ministère du Transport et de la logistique et celui des Finances, qui multiplient ces dernières semaines les réunions avec les professionnels, nous espérons qu’une vraie réforme avec des actions structurantes sera mise en œuvre pour redresser le secteur.
La révision des conditions d’accès à la profession, l’amélioration de la compétitivité des entreprises du TIR, la négociation d’un accord unique et global sur le TIR avec l’UE, et qui assure la libre circulation des chauffeurs pour l’accès au territoire européen, sont autant de sujets de fond à discuter et résoudre sur le court et moyen termes.
L’État a proposé des solutions de soutien aux transporteurs. Est-ce ce suffisant et effectif selon-vous ?
Ces solutions, qui se sont matérialisées par une subvention monétaire que nous saluons, représentent un effort important de la part du gouvernement dans ces temps difficiles. La prise de conscience réelle des pouvoirs publics aujourd’hui, concernant les différents problèmes du secteur, nous rendent confiants dans les perspectives d’avenir.
Est-ce que les problèmes de transit avec l’Espagne sont résolus ?
Durant les deux dernières semaines, nous avons fait face à une autre problématique avec notre partenaire l’Espagne. C’est celle relative à la grève des camionneurs espagnols qui ont coupé les routes et interdit la circulation à tous les transporteurs. Cela pose de nouveau la problématique pour notre pays de l’absence d’alternative ou de lignes maritimes de dégagement pour le trafic TIR marocain.
Nous sommes fortement dépendants du passage d’Algésiras et cela représente une vulnérabilité importante et un risque majeur pour notre commerce extérieur. L’absence d’une flotte sous pavillon marocain capable d’offrir des capacités de transport vers d’autres ports représente un sérieux handicap que nous avons subi et expérimenté durant les crises que nous avons traversées durant les deux dernières années.
Nous plaidons clairement aujourd’hui pour une flotte stratégique nationale dans le détroit qui puisse nous assurer une certaine autonomie surtout durant les périodes de crise.
Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO