Tourisme : les séjours ont été trop brefs cet été !
À l’analyse des recettes de la taxe intérieure de consommation (TIC) sur les produits énergétiques, l’une des choses qui saute aux yeux cet été, c’est la stagnation, voire la baisse de la consommation de carburants en juin et août 2022. Et un pic en juillet qui trahit le fait que les touristes n’ont séjourné que très peu de temps sur le territoire national. Détails !
Si l’on se base sur la consommation de carburant, pendant la période estivale, pour estimer la durée de séjour des touristes et MRE venus passer leurs vacances d’été au «bled’’ cette année, on peut dire qu’ils n’ont passé qu’un bref séjour au Maroc.
D’ailleurs, cette déduction est appuyée par les chiffres officiels. Selon le ministère du Tourisme, de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire, le Maroc a accueilli, durant les mois de juin et juillet, un total de 3,2 millions de touristes dont 65% en juillet avec plus de 2 millions d’arrivées. «Les nuitées s’élèvent, pour la même période, à 3,8 millions».
Ce qui revient à une moyenne de 1,18 nuitée par touriste (y compris les MRE). Pour revenir à la consommation de carburants cet été, excepté le mois de juillet, elle n’a pas été aussi importante qu’attendu. Rappelons que cette période se traduit généralement par des pics de consommation, perceptibles au niveau de la Trésorerie générale du Royaume (TGR) par des hausses de recettes de la taxe intérieure de consommation (TIC) sur les produits énergétiques.
En effet, à la différence de la TVA sur les produits énergétiques, la TIC est fixe dans la structure de prix des carburants que les distributeurs nous servent à la pompe, quelle que soit la variation des prix observés sur le marché. Du coup, la variation des recettes de la TIC ne dépend que des volumes consommés par les automobilistes.
Selon les statistiques de la TGR, le pic d’arrivées du mois de juillet s’est fait ressentir au niveau des recettes encaissées au titre de la TIC sur les produits énergétiques qui ont bondi de 3,9% par rapport à la même période l’an dernier. Mais la tendance ne s’est pas poursuivie au mois d’août. Donc hormis juillet, qui a enregistré des encaissements reflétant l’afflux de visiteurs, juin et août n’ont pas été particulièrement remarquables.
Pire, le mois d’août a enregistré une baisse des encaissements au titre de la TIC, donc une baisse de la consommation de carburants, par rapport à l’an dernier. Chiffres à l’appui, les recettes brute ont évolué de +0,9% à peine en juin 2022 (ou +72 MDH), par rapport à la même période de l’an dernier, s’établissant à 8,109 milliards de dirhams (MMDH) contre 8,037 MMDH en juin 2021. Comme indiqué plus haut, les recettes encaissées en août par la TGR ont enregistré une légère baisse de 0,54% à 10,862 MMDH contre 10,921 MMDH en août 2021, en baisse de 59 MDH.
La comparaison des nombre de nuitées avec 2019 confirme le constat
L’analyse des chiffres amène à se poser des questions sur ce qui est fait pour améliorer l’attractivité de la destination Maroc et la prolongation des séjours dans les établissements d’hébergement. Parmi les statistiques de référence des acteurs et décideurs du secteur, figurent ceux de 2019, année exceptionnelle à plus d’un titre.
Cette année-là, le volume des arrivées aux postes frontières a atteint environ 13 millions de touristes, en progression de +5,2% par rapport à 2018 (+5,4% pour les touristes étrangers et +5% pour les MRE). Tous les principaux marchés émetteurs avaient affiché des hausses au cours de cette période: l’Italie (+9%), le Royaume-Uni (+8%), la France (+6%), l’Espagne (+6%), l’Allemagne (+5%) et la Hollande (+4%).
Lorsque l’on fait un focus sur les nuitées qui avaient été réalisées dans les établissements d’hébergement classés (EHTC), juin 2019 affichait 2.003.919 nuitées dans les EHTC pour 1.092.430 arrivées au postes frontières (MRE y compris), soit une moyenne de 1,83 nuitée par touriste. Juillet affichait 2.505.290 nuitées dans les établissements d’hébergement classés pour 2.144.524 arrivées aux frontières, soit une moyenne de 1,16 nuitée par touriste.
Août affichait 3.020.545 nuitées dans les EHTC pour 1.722.081 d’arrivées aux postes frontières (MRE y compris), soit une moyenne de 1,75 nuitée par touriste. Au-delà d’avoir réduit le pouvoir d’achat des ménages, l’on pourrait aussi dire que la crise a contracté les nuitées ou la durée de séjour dans les établissements d’hébergement.
Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO