Suisse-Maroc : Vers un accroissement des investissements

Le Maroc suscite l’intérêt des entreprises helvétiques. De fait, le royaume constitue un double débouché pour les produits suisses à la fois pour l’Afrique subsaharienne et pour le marché national.
L’appétit des entreprises suisses pour le marché marocain se fait grandissant. Preuve à l’appui, une délégation composée d’importants acteurs privés helvétiques dans différents secteurs est en visite officielle au royaume pour s’enquérir des opportunités d’affaires qu’il recèle. Selon Livia Leu, ambassadeur et déléguée du Conseil fédéral aux accords commerciaux, à l’occasion de la conférence de presse organisée, mardi dernier à Casablanca, par la Chambre de commerce suisse au Maroc, «le marché marocain représente un potentiel d’investissement intéressant pour les entreprises suisses du fait de son emplacement géographique qui permet une double ouverture à la fois sur l’Europe et sur l’Afrique subsaharienne d’autant plus que le royaume dispose d’une ressource humaine jeune avec des coûts de production compétitifs au niveau mondial».
En 2014, le Maroc figurait parmi les principaux partenaires commerciaux de la Suisse en Afrique. Il est en effet son 5e client avec 7,8% du total des exportations suisses vers le continent africain, qui ont atteint une valeur de 4 milliards de CHF, soit 38,8MMDH. Concernant les investissements directs étrangers, depuis une décennie, ils ont atteint leur apogée en 2013 avec 700 millions de CHF, soit 6,8MMDH d’investissements. «Nos investissements ont augmenté de manière constante depuis 2005, ce qui prouve notre satisfaction de l’environnement économique marocain. En 2014, plus de 5.000 Suisses sont employés au Maroc.
Ces chiffres constituent une bonne base sur laquelle nous voudrions continuer à développer notre partenariat commercial avec le Maroc», souligne t-elle. Dans ce sens, la Suisse intègre le Maroc dans une vision plus globale qui le propulse en tant que pont et point d’ancrage pour renforcer sa présence en Afrique subsaharienne. À ce niveau, les entreprises suisses portent un intérêt accru à des structures comme Casablanca Finance city. La facilitation des flux commerciaux, le pays helvétique la conçoit aussi à travers une meilleure exploitation des traités bilatéraux. «Les accords constituent une épine dorsale pour notre politique économique. Ils seront un véritable appui pour nos investissements futurs dans le royaume», souligne Livia Leu. Il est à rappeler que le Maroc a signé en 1997 un ALE entré en vigueur en 1999. Auparavant, un accord sur la promotion et la protection réciproque des investissements (API) a été conclu en 1985. Finalement, une convention contre les doubles impositions lie les deux pays depuis 1996.
L’argan et le cactus au coeur de la coopération industrielle
Les métaux précieux et produits de bijouterie constituent l’essentiel des exportations marocaines vers la Suisse, soit 30% du total des ventes vers le territoire helvétique. Les produits textiles se classent en deuxième position (26%). Quant aux exportations agricoles, elles représentent «le parent pauvre» des ventes du royaume à destination de la Suisse. Le Maroc y exporte seulement 13%. Dans cette perspective, la représentation économique suisse affiche sa volonté de continuer à appuyer les filières Argane et Cactus, projets qu’elle met en œuvre en collaboration avec l’Organisation des Nations Unies de développement Industriel. En ce qui concerne l’investissement des entreprises marocaines en Suisse, le pays ne dispose pas d’un programme convergent d’appui au développement des investissements au vu des disparités régionales. Les 26 cantons qui composent le territoire helvétique jouissent d’une grande autonomie en la matière, par conséquent chaque canton a son propre programme d’incitation à l’investissement. Les entreprises marocaines désireuses d’élire domicile en Suisse devront s’adresser au canton de leur choix.
Livia Leu
Ambassadeur et déléguée du Conseil fédéral aux accords commerciaux
Les ÉCO : Quel est le profil des opérateurs suisses intéressés par le Maroc ?
Livia Leu : C’est relativement large, mais l’intérêt des compagnies suisses converge vers des domaines comme l’assurance, les banques et les services de transport. Citons aussi les énergies renouvelables, communément appelés cleantechs, qui stimulent l’intérêt des entreprises helvétiques, notamment après une mission effectuée dans ce sens, en novembre dernier. C’est d’ailleurs aussi un secteur qui intéresse le Maroc, vu que la COP22 y sera organisée en novembre prochain.
Comment se fait l’implantation d’entreprises suisses au Maroc ?
Les exportations sont souvent le premier pas vers l’investissement. Les compagnies doivent d’abord se familiariser avec un pays et se sentir à l’aise pour éventuellement passer à une étape supérieure qui est celle de l’investissement.
Quelle est la prochaine étape de la délégation économique suisse au Maroc ?
Il y aura de prochaines visites, en Suisse, d’acteurs privés marocains dans le domaine des cleantechs, sachant que nous travaillons en collaboration avec le royaume dans le cadre de l’organisation de la COP22. Le but de cette première visite est d’explorer les opportunités. Le Maroc est la première escale d’une tournée que notre délégation effectuera en Afrique de l’Ouest. Des rencontres prévues avec nos homologues, comme Casablanca Finance City au Maroc, déboucheront, certainement, sur des accords.