Éco-Business

Subvention des taxis : un cas d’école

Lancée en novembre 2014, la subvention étatique pour le renouvellement des grands taxis a eu du retard à l’allumage. Elle a également été suspendue en 2018 et 2019, mais n’en a pas moins rencontré un franc succès. Pour vous convaincre de la réussite de cette mesure, il vous suffit de jeter un œil autour de vous : si elle n’a pas (encore) eu la peau de l’antédiluvienne Mercedes 240, elle a cependant permis un vaste rajeunissement du parc, garant d’avancées notables en termes de sécurité routière et d’empreinte carbone.  Message à l’attention des plus sceptiques : les chiffres attestent aussi de cette réussite.

En juillet 2022, le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, annonçait que 56.000 demandes de renouvellement de petits et grands taxis avaient été approuvées, ce qui représente près de 58 % du parc total, alors constitué de 77.100 taxis, avec un mix réparti comme suit : 44.600 grands taxis et 32.500 petits taxis. Pour rappel, la prime à la casse pour chaque grand taxi retiré définitivement de la circulation s’élève à 80.000 DH. Et elle est de 30 % du prix du véhicule neuf pour les petits taxis, avec un plafond fixé à 35.000 DH. Sur le papier, le dispositif de renouvellement des taxis est un filon pour les marques automobiles, qui perçoivent directement la subvention. Mais la vérité du terrain est autre. Là encore, l’écueil principal est celui du temps, de l’heure qui tourne.

Adil Bennani dresse un parallèle entre cette opération, gérée par le ministère de l’Intérieur, et celle d’octroi de la prime à la casse aux professionnels du transport routier de voyageurs et de marchandises, dont la gestion a été attribuée récemment par ledit ministère de tutelle à la Narsa : «Vous êtes intéressé par cette subvention, vous ramenez les documents au niveau de l’administration, vous demandez la subvention, qui est ensuite versée au concessionnaire chez qui vous allez renouveler votre véhicule.

Avant que la Narsa ne prenne les choses en main, le délai moyen entre le moment où vous demandiez cette subvention et le moment où le concessionnaire la recevait était de trois ans environ. Grâce au portail “Prepac”, c’est une opération qui peut être bouclée en moins de 15 jours. Moins de 15 jours entre la demande, le renseignement du véhicule à casser, l’acceptation du casseur, le passage à la casse, l’engagement de l’administration, la pro forma du nouveau vendeur, l’acquisition de l’acheteur et le transfert des fonds au nouveau vendeur».

Délais trop longs
Et d’ajouter : «Avant que ce portail ne soit déployé, on n’arrêtait pas de dire au ministère des Transports de s’inspirer de l’expérience acquise par les concessionnaires avec la prime à la casse pour le renouvellement du parc des taxis. Aujourd’hui, vu la fluidité des procédures mises en place sur le portail de la Narsa, on aimerait bien que la subvention des taxis y soit intégrée.

Aujourd’hui, pour un concessionnaire, la procédure des taxis peut immobiliser des fonds pendant 40, 60, voire 90 jours. Et on parle de quantités importantes. La différence, c’est que la subvention des taxis est gérée par le ministère de l’Intérieur. Si on arrive à trouver un moyen de la faire passer au niveau de la Narsa, on pourrait baisser les délais de la réception des subventions par les concessionnaires à 15 jours. Et cela changerait la donne de manière sensible».

«L’exemple des taxis est éloquent, fait noter pour sa part Fabrice Crevola, car, même si le process fonctionne, les délais sont longs entre le dépôt du dossier et le remboursement de la subvention. On est sur des montants de 80.000 DH par grand taxi mis à la casse. Et beaucoup de concessionnaires n’ont pas les moyens de supporter plusieurs dizaines de subventions pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois. On est donc parfois obligé de mettre en place des process dégradés pour éviter que le business ne nous échappe».

Mehdi Labboudi / Les Inspirations ÉCO


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