Éco-Business

Salma Ould Abdelhadi : une jeune dreamer et “repat” convaincue

À 28 ans seulement, Salma Ould Abdelhadi a des rêves gargantuesques et une volonté de fer de les réaliser. Après un riche parcours en France où elle a bâti une réputation et un cabinet spécialisé dans les levées de fonds et le conseil, entre autres, l’ingénieur en architecture logicielle fait le pari fou de rentrer au Maroc pour étendre son activité dans son pays natal, avec la ferme volonté de contribuer à lutter contre la pénurie de talents dans le monde de la tech.

Après un Baccalauréat sciences maths et un parcours de classes préparatoires au lycée Mohammed V, à Casablanca, Salma Ould Abdelhadi s’envole pour la France pour y suivre un cursus d’ingénieur. Tout suite, elle décroche son premier diplôme dans l’hexagone. Après une brève expérience en R&D dans un laboratoire d’Intelligence artificielle, elle met en avant ses talents de jeune geek et se fait embaucher dans la principauté de Monaco dans une entreprise américaine, où elle sera biberonnée à l’«American way of doing business».

Prise d’initiative, refuser le non et persévérer, le tout dans un esprit de camaraderie et de teamwork. Parallèlement, elle s’intéresse au monde des NGOs et saisit l’opportunité d’exercer auprès de fondations internationales et de lever des fonds pour ces organismes. Cela lui a permis de constituer un portefeuille d’investisseurs et d’aiguiser ses capacités relationnelles et commerciales. Chose qu’elle garde encore aujourd’hui. Quand Salam croit en un projet, un produit ou un client, c’est «all in», comme dit l’expression de poker. Elle mobilise tous ses efforts pour réaliser son objectif.

C’est ainsi qu’elle a pu collaborer avec plusieurs NGOs aux USA, en Europe mais aussi au Moyen-Orient (son équipe a ainsi travaillé avec Footballers for Peace, The Vihara Foundation, Cammo, Rise, The Deepak Chopra Foundation, The Intisar Foundation, The Prince Albert Foundation for Ocean Preversation…). Elle offre toujours ses services en tant que consultante en Fundraising pour des projets et des fondations dont les missions statements l’inspirent. En réalité, Salam a longtemps suivi ses curiosités et passions jusqu’au bout.

Elle s’était toujours passionnée pour le monde des startups et de l’innovation. Ceci l’a poussé à faire le shift et à s’associer à Sasha Gudzencko, pour créer le cabinet de conseil et d’accompagnement/ micro-fonds, Goandco, en France. Les deux associés ont conseillé et suivi des startups en pre-seed et accompagné plusieurs profils de founders dans leur élan entrepreneurial.

Ils considèrent leurs clients comme des partenaires et, contrairement au marché qui regorge de fonds et de VCs, animés par le profit, et qui passent souvent à côté des pépites (pour elle, un projet c’est surtout et avant tout une question de Character et d’esprit de founder ou de porteur de projet, un founder avec du Skin in the game, persévérant, et avec «guts», comme on dit en anglais.

Le reste on a beau prévoir et calculer, avec des projections financières de revenus et de risque, mais dans l’écosystème startup on ne peut le quantifier sans marge d’erreur, ni le prédire réellement).

Le cabinet est spécialisé dans le financement, notamment les levées de fonds auprès d’établissements de crédit pour créations/rachats, les obtentions d’aides & subventions auprès de l’État/collectivités, les montages LBO, l’optimisation des flux de trésorerie, la négociation avec les partenaires financiers ; la «vie» des sociétés, c’est-à dire les études de viabilité dans le cadre de créations/rachats, le conseil (facturation d’honoraires) et les prises de participation au capital… enfin, bref, les domaines de compétences de la jeune dame sont aussi larges que son sourire et son envie indicible de faire bouger les lignes.

Après une riche expérience en France, la jeune prodige a décidé de se tourner vers son pays natal, le Maroc. Elle veut faire de Casablanca son nouveau terrain de jeu.

Pourquoi avoir décidé de rentrer au bercail, sachant que vous avez déjà bâti une réputation, un cabinet et un nom en France ?
D’un point de vue personnel, la période du Covid a tout chamboulé dans ma vie. Être encerclée par l’incertitude et la perte m’a fait réaliser que rien n’est garanti, que tout peut basculer du jour au lendemain, et que la vraie richesse dans la vie c’est la famille, les proches et les amis.

Mon père, Abdelaziz Ould Abdelhadi, a lui-même inspiré mon aventure entrepreneuriale. Il fut toujours un pilier dans ma vie, soit dans ma vie professionnelle, parce qu’il a cru en moi à tout juste l’âge de 15 ans et m’a embauchée dans son entreprise de conseil et de consulting, pour m’introduire au monde de l’entreprise depuis mon plus jeune âge, mais qui, aussi, avec ma mère bien sûr, m’a encouragé à toujours viser plus haut.

Pour l’anecdote, je me souviens avoir toujours eu comme rêve de devenir astronaute, et quand j’ai demandé un poster de Youri Gagarine pour l’accrocher dans ma chambre, je fus encouragée. Et c’est ce genre de soutien qui a fait de moi une dreamer et une optimiste qui croit en le changement.

Jusqu’à aujourd’hui, quand je leur ai annoncé que je souhaitais rentrer établir mon activité entre la France et le Maroc, j’ai été accueillie avec beaucoup d’encouragement, alors que je ne peux pas dire que tout le monde autour de moi approuvait ma décision.

Pensez-vous vraiment que l’Afrique, et le Maroc en particulier, sont l’endroit idéal pour investir ?
Ma raison professionnelle pour rentrer fut que je crois tout simplement que l’Afrique est «the next tech superpower continent», même avec ses problèmes systémiques et économiques, qu’il faudra certainement résoudre pour avoir un terrain propice à l’innovation. Et pour ne pas tomber dans le «tech solutionism» de la Silicon Valley, qui prétend tout résoudre avec une appli ou une solution informatique, ces solutions doivent aussi passer par un engagement de l’État et de ses institutions, pour atteindre une certaine souveraineté alimentaire, économique et industrielle.

Je crois vivement que l’Afrique est le continent idéal pour investir. J’ai fait une étude de marché sur le marché africain et lu quelques études, et les chiffres parlent d’eux-mêmes. Avec une population qui va doubler en 2050, une population qui est essentiellement jeune (en contraste avec l’Europe), avec des ressources agricoles, maritimes et minérales, 60 % de terres arables non utilisées, un grand déficit en infrastructures et services, ce qui, pour moi, reflète l’opportunité chiffrée et quantitative que présente ce continent.

De plus, la plupart des jeunes Africains créent leurs propres opportunités et se lancent dans l’entrepreneuriat, parce que c’est souvent leur seul choix. Nous devons à ces jeunes un accompagnement adéquat, et un accès aux fonds pour changer notre continent, par nous-mêmes. Mon but étant de donner à ces jeunes l’accès à notre expertise et nos liens avec les investisseurs.

Depuis que vous êtes de retour au Maroc, sur quoi travaillez-vous ?
Pour l’instant, sur le plan NGO, je travaille avec l’Arctic Arts Svalbard Expedition 22, c’est une expédition en Arctique, qui rassemble des filmmakers et photographes ayant pour but de documenter les effets de la crise climatique sur l’archipel de Svalbard et son écosystème, notamment les ours polaires en extinction. Et ce, en collaboration avec Natgeo, GEMTV, The San diego Zoo et BBC. Mon rôle est de lever des fonds pour ce projet auquel je crois. Un autre projet sur lequel je m’occupe c’est «The possible initiative».

C’est une série de concerts humanitaires en collaboration avec The Vihara Foundation, Viewpark et l’Entertainement fund de Krysanne Kristapoolis (avec 100 millions de dollars en actifs), qui vise à créer une campagne de levée de fonds pour 7 NGOS, avec l’aide de plusieurs artistes de renommée, dans plusieurs villes américaines. Aussi, le dernier projet sur lequel j’ai travaillé fut une plateforme d’upskilling en collaboration avec un cabinet de conseil à Sophia Antipolis, et qui a pour but de former les équipes des entreprises à des compétences tech ( cybersécurité, data science, programmation, marketing digital…) pour éviter la pénurie de talents higt-tech. J’ai pour objectif d’implémenter ce projet au Maroc.

Salma Ould Abdelhadi
Ingénieure en informatique et entrepreneuse

Je suis rentrée en février, j’ai des rêves gargantuesques et une volonté de fer de les réaliser. Je suis optimiste et confiante quant à la réalisation de ces projets. Je conclus par une de mes citations préférées qui, j’espère, va inspirer les jeunes qui ont un rêve, entrepreneurs, startupers, artistes… tous ceux ayant un rêve dit «trop grand» à réaliser. «The reasonable man adapts himself to the world : the unreasonable one persists in trying to adapt the world to himself. Therefore all progress depends on the unreasonable man.»- George Bernard Shaw, Man and Superman. Donc je leur dis : «Dream big and be unreasonable».

Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO


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