Risma : un titre à conserver, selon CFG Bank

Porté par l’élan sans précédent du tourisme, Risma affiche des résultats 2024 en nette progression, dépassant les prévisions du marché. Le groupe hôtelier tire parti de la reprise post-Covid et de la montée en gamme de son offre, renforçant ses marges et sa capacité bénéficiaire. Mais si les fondamentaux se redressent, CFG Bank temporise et recommande de conserver le titre, jugeant le potentiel de revalorisation limité à court terme.
Portée par un contexte touristique historique, Risma signe en 2024 des résultats solides, supérieurs aux attentes du marché. Pour autant, CFG Bank recommande la prudence, maintenant sa recommandation à «conserver» sur le titre, avec un objectif de cours à 341 dirhams, soit un potentiel de hausse limité à 6,6% par rapport au niveau actuel de 320 dirhams.
Une performance opérationnelle au rendez-vous
Avec un chiffre d’affaires consolidé atteignant 1,264 milliard de dirhams, en progression de 8% sur un an, Risma dépasse les prévisions de CFG Bank, qui anticipait 1,204 milliard. Cette performance s’inscrit dans un contexte favorable, marqué par un afflux touristique record : 17,4 millions de visiteurs ont été enregistrés au Maroc en 2024, un bond de 20% par rapport à 2023.
Le taux d’occupation moyen national a ainsi dépassé, pour la première fois, la barre des 50%, atteignant 51%. Risma, quant à elle, affiche un taux de 59%, consolidant son avance structurelle sur le marché.
Cette dynamique a été renforcée par une hausse de 5% du prix moyen par chambre (APR), portée par la rénovation de plusieurs établissements. Résultat : un EBITDA de 461 millions de dirhams, en hausse de 11% sur un an, avec une marge opérationnelle de 36,5%, contre 35,2% en 2023.
«La stratégie de gestion opérationnelle mise en place depuis 2017 continue de produire ses effets», souligne CFG Bank dans sa note du 26 mars 2025.
Parmi les leviers actionnés : la cession d’actifs peu rentables, la renégociation des frais de gestion avec Accor, et la réduction des loyers.
Un redressement confirmé après la crise sanitaire
Les comptes de Risma confirment le redressement entamé depuis la levée des restrictions sanitaires. L’entreprise affiche un résultat net ajusté de 183 millions de dirhams, en progression de 33% sur un an, largement au-dessus des 147 millions anticipés par CFG Bank.
Cette amélioration s’appuie notamment sur une baisse de l’endettement net, ramené à 1,086 milliard de dirhams, soit une baisse de près de 40% par rapport au pic de 2021. Le ratio d’endettement (gearing) passe ainsi de 61% à 39% en l’espace de trois ans.
Cette trajectoire de désendettement s’accompagne d’une politique de distribution plus généreuse : le dividende par action passe de 6 à 7 dirhams, offrant un rendement de 2,2%. CFG Bank anticipe une poursuite de cette politique, avec des distributions atteignant 8 dirhams en 2025, puis 9 dirhams en 2026.
Des perspectives solides mais déjà intégrées dans le cours
Malgré des fondamentaux en nette amélioration, CFG Bank invite à la retenue. «Nous pensons que la croissance attendue du bénéfice net par action sera atténuée dès 2025 par une normalisation du taux d’imposition effectif, qui devrait remonter autour des niveaux théoriques prévus par la Loi de finances», note la banque.
De fait, si le résultat avant impôts devrait progresser de 14,6% en 2025, le bénéfice net part du groupe n’afficherait qu’une hausse modérée de 3,6%, à 190 millions de dirhams. Le titre Risma a déjà connu une envolée significative, +42% sur les douze derniers mois, avec un pic annuel à 320 dirhams. Sa valorisation, à 25,2 fois les résultats 2024, laisse peu de marge à une revalorisation immédiate.
«Le potentiel de hausse est limité à court terme», tranche CFG Bank, qui valorise l’action sur la base d’un modèle actualisé de flux de trésorerie.
Cap sur 2030 avec cinq nouveaux hôtels en ligne de mire
Pour autant, Risma ne ralentit pas ses ambitions. À l’horizon 2030, le groupe prévoit l’intégration de cinq nouveaux établissements. Même si CFG Bank ne les intègre pas encore dans son modèle, faute d’éléments financiers précis, elle estime que ces projets ne devraient pas être dilutifs, en raison du positionnement du groupe sur des acquisitions plutôt que sur des développements «greenfield».
D’ici là, les grands chantiers de rénovation lancés pèseront temporairement sur la capacité hôtelière, mais devraient être compensés par la montée en gamme des établissements modernisés. Le groupe entend ainsi préserver sa compétitivité et maintenir son avance sur un marché en pleine expansion.
Un acteur bien positionné pour capitaliser sur la dynamique touristique
Le Maroc s’apprête à accueillir plusieurs événements sportifs majeurs, dont la Coupe d’Afrique des nations en fin d’année et la Coupe du monde en 2030. Ces échéances devraient renforcer l’attractivité touristique du pays, au bénéfice des acteurs bien positionnés comme Risma.
«Le groupe tire pleinement parti de la reprise, tout en démontrant sa capacité à améliorer durablement sa rentabilité», conclut CFG Bank.
Mais l’enthousiasme du marché semble avoir déjà anticipé une bonne partie de ces perspectives. Dans l’immédiat, l’investisseur prudent saura apprécier les rendements croissants et la robustesse des fondamentaux, tout en gardant à l’esprit que le potentiel boursier reste, à ce stade, modéré.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO