Résultats semestriels : croissance solide malgré les secousses
Malgré une conjoncture mondiale incertaine, les sociétés cotées ont enregistré une progression de 4,3 % de leur chiffre d’affaires au premier semestre. Cependant, le résultat net a subi une baisse, principalement en raison des provisions exceptionnelles dans le secteur des télécommunications.
Le premier semestre 2024 a vu les sociétés cotées à la Bourse de Casablanca afficher une progression globale malgré des défis économiques mondiaux. Selon l’analyse de BMCE Capital Global Research (BKGR), le chiffre d’affaires global des sociétés cotées a augmenté de 4,3%, atteignant 151,3 milliards de dirhams, principalement grâce à la bonne performance des banques et des secteurs financiers. Cependant, certains secteurs ont subi des ralentissements, notamment les télécommunications, en raison d’événements exceptionnels.
Une performance solide mais contrastée
L’augmentation du chiffre d’affaires de +4,3 % s’explique en grande partie par la performance des secteurs financiers, malgré une baisse du résultat net part du groupe (RNPG) de -2,6%, tombant à 16,9 milliards de dirhams.
Ce recul est en grande partie attribuable à la provision exceptionnelle de 6 milliards de dirhams (dont 4,1 milliards de dirhams en net) enregistrée par Maroc Telecom dans le cadre de son différend avec inwi. Sans cet élément, le RNPG global aurait progressé de 20,9%, atteignant 20,9 milliards de dirhams.
«Cette baisse est due à des événements exceptionnels dans le secteur des télécommunications, mais la tendance générale reste positive, notamment dans les secteurs financiers et industriels», explique BMCE Capital Global Research.
Les secteurs contributeurs à la croissance
Le secteur bancaire a joué un rôle clé dans la bonne tenue des résultats. Les principales banques, telles que Attijariwafa bank et BCP, ont vu leurs revenus augmenter, notamment grâce à la solidité de leur produit net bancaire (PNB) et une gestion plus rigoureuse de leurs charges d’exploitation.
Ce dynamisme a permis de compenser en partie la hausse du coût du risque dans le secteur financier. Les assurances ont également contribué positivement avec un taux de réalisation de 56% de leurs prévisions annuelles, en ligne avec les tendances historiques.
Le secteur industriel, quant à lui, a été impacté par les difficultés rencontrées par IAM, mais, sans cet élément, il aurait réalisé 57% de ses prévisions pour l’année. Les secteurs de la distribution pétrolière, du BTP, du transport et de l’agroalimentaire ont également bénéficié de la baisse des coûts des intrants, favorisant une meilleure efficacité opérationnelle. Cela a permis de renforcer la rentabilité des entreprises actives dans ces secteurs, malgré les tensions inflationnistes observées en début d’année.
Les télécommunications en difficulté
Le secteur des télécommunications a été la principale contribution négative aux résultats, en raison de la provision exceptionnelle de Maroc Telecom liée au litige avec inwi. Cette provision a pesé lourdement sur le résultat opérationnel global du secteur, qui a stagné à 39,2 milliards de dirhams, soit une quasi-stagnation de -0,2 % par rapport au premier semestre 2023. Ce secteur devra surmonter ces défis pour retrouver une croissance plus durable dans les prochains semestres.
Perspectives pour le second semestre 2024
En regardant vers l’avenir, BMCE Capital Global Research reste optimiste quant à la capacité des sociétés cotées à poursuivre sur leur lancée au second semestre 2024. Le secteur bancaire, en particulier, devrait continuer à être un moteur de croissance, soutenu par une gestion rigoureuse et une demande accrue pour les services financiers. Les industries, malgré les difficultés rencontrées par certaines grandes entreprises, devraient également profiter d’une amélioration de l’environnement macroéconomique.
Par ailleurs, la détente des prix des intrants, combinée à des investissements dans des infrastructures nouvelles et des projets énergétiques, pourrait offrir des opportunités supplémentaires de croissance.
«Le second semestre s’annonce plus favorable, avec un retour potentiel à la normale pour les secteurs affectés par des événements exceptionnels, et une poursuite de la croissance pour les secteurs en expansion», note BKGR dans son rapport.
Le premier semestre 2024 a été une période de contrastes pour les sociétés cotées à la Bourse de Casablanca. Si certains secteurs, comme les télécommunications, ont rencontré des difficultés exceptionnelles, d’autres, tels que les services financiers et l’agroalimentaire, ont su tirer leur épingle du jeu. L’année 2024 pourrait se clôturer sur des résultats globalement positifs si les tendances actuelles se maintiennent et que les défis ponctuels sont surmontés.
S.R. / Les Inspirations ÉCO