Éco-Business

Réserves de change : tourisme et MRE, deux moteurs qui tournent à plein régime

Au 17 janvier 2025, les avoirs officiels de réserves s’élevaient à 36,7 milliards de dollars, équivalant à plus de cinq mois d’importations. Ce butin de guerre est géré en bon père de famille par Bank Al-Maghrib. Contrairement aux idées reçues, l’essentiel de ces réserves est détenu sous forme de placements et dépôts, soit 32,1 milliards de dollars. L’or pèse très peu, tout comme le cash. Décryptage.

Si l’automobile continue de rouler à vive à l’allure à l’export avec 145,94 milliards de dirhams à fin novembre 2024, l’industrie du phosphate et dérivés, grâce à un contenu plus élevé en valeur ajoutée, est l’un des tout premiers pourvoyeurs en devises du pays derrière les transferts des MRE, 108,7 milliards l’an dernier, et le tourisme (105 milliards de dirhams). Les exportations agricoles et l’agro-alimentaire, 77,91 milliards de dirhams à fin novembre 2024, se tiennent juste au pied du podium.

Malgré une baisse de régime (75 milliards de dirhams en 2024) due à «un retour à la normale des cours internationaux», la roche et les dérivés se distinguent par une certaine régularité au cours des cinq dernières années. La stratégie de valorisation adoptée par le groupe OCP est plus que payante, elle lui permet de capter le maximum de valeur ajoutée et générer plus de revenus.

Selon les années, le leadership se joue entre le phosphate et dérivés, l’automobile, le tourisme, et les envois des fonds de la diaspora marocaine. Autant dire que Bank Al-Maghrib, qui gère les réserves de change du pays, n’a aucune inquiétude à avoir à moyen terme.

Au dernier décompte effectué le 17 janvier 2025, les avoirs officiels de réserves s’élevaient à 368 milliards de dirhams, soit 36,7 milliards de dollars. Ce niveau correspond à un peu plus de 5 mois d’importations des biens et services. Il y a quarante ans, au plus fort du PAS, les réserves de change couvraient moins de 6 semaines d’importations.

Depuis vingt ans, le trésor de guerre de Bank Al-Maghrib a été multiplié par deux, conséquence de l’émergence de nouveaux secteurs à l’exportation, et de la croissance continue des fonds envoyés par les MRE. Le matelas des réserves de change du Maroc est moins dépendant des IDE dont la position devient presque «marginale». Dans la nomenclature officielle, les avoirs officiels de réserves sont composés des avoirs en or monétaire et en DTS (droits de tirage spéciaux), des avoirs en devises convertibles et de la position de réserve du Royaume auprès du FMI.

«Ce sont les actifs extérieurs que les autorités monétaires contrôlent directement et dont elles peuvent disposer immédiatement pour répondre à des besoins de financement de la balance des paiements, pour intervenir sur les marchés des changes afin d’influer sur le taux de change, ainsi que pour d’autres besoins connexes», explique Bank Al-Maghrib.

Le plus gros est investi en placements et dépôts
Contrairement à ce que croit le citoyen lambda, les réserves de change gérées par la banque centrale ne sont que très peu détenues en cash, essentiellement le dollar et l’euro. Les 36,7 milliards de dollars. Le plus gros est investi en placements et placés en dépôts à court terme. Des placements qui rapportent beaucoup d’argent à Bank Al-Maghrib.

En effet, BAM a versé 2,9 milliards de dirhams en 2024 au Trésor. Les réserves de change sont gérées selon quatre principes : la sécurité, la liquidité, le rendement et la durabilité. Le principe de sécurité vise à réduire au maximum le risque de perte de capital, en maintenant un portefeuille diversifié et de très bonne qualité de crédit. Le principe de liquidité consiste à effectuer des placements dans des actifs pouvant être cédés rapidement avec un minimum de perte de valeur.

Le principe de rendement vise à obtenir le meilleur rendement possible tout en respectant les objectifs de sécurité et de liquidité. Enfin, le principe de durabilité vise à privilégier les placements à caractère durable et responsable lorsque les trois premiers principes sont respectés.

Dans le cadre du processus d’allocation stratégique, Bank Al-Maghrib consulte des stratégistes et des gérants de portefeuilles d’institutions financières internationales afin de définir les scénarios d’évolution des paramètres de marché (taux d’intérêt, taux de change…). Ces avis permettent aux autorités monétaires d’affiner la composition des portefeuilles des obligations et des placements.

Pour les titres souverains, le minimum est d’être noté triple B. Une fois par an, Bank Al-Maghrib définit une allocation stratégique, révisable éventuellement, qui fixe la répartition des réserves en tranches, classes d’actifs et devises. Cette allocation stratégique est approuvée par le Conseil de la banque. Ainsi, les réserves sont composées de deux tranches répondant à des objectifs spécifiques.

La tranche «réserves de précaution», qui vise à satisfaire les besoins en devises sur un an, est composée de portefeuilles comptabilisés en valeur marché et investis sur un horizon court. La tranche «réserves excédentaires», qui vise à financer les besoins en devises à moyen et long termes, comprend des portefeuilles comptabilisés en valeur marché et d’autres comptabilisés en valeur historique, lesquels sont investis sur un horizon moyen à long terme.

Abashi Shamamba / Les Inspirations ÉCO



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