Report des promotions: les syndicats appellent le gouvernement à revoir sa décision
Les efforts déployés par les autorités publiques en cette conjoncture inédite sont salués de part et d’autre, notamment par les syndicats. Mais il ne s’agit pas pour autant d’un chèque blanc remis à l’Exécutif, comme le laissent entendre les réactions des partenaires sociaux. Le gouvernement est appelé à se concerter avec les centrales syndicales avant toute prise de décision ayant trait aux salariés.
À cet égard, l’Union nationale du travail au Maroc, bras syndical du PJD, indique que «les circonstances de la crise actuelle n’annulent pas la continuité de l’action institutionnelle qui doit se poursuivre par les différents moyens possibles». Aussi l’UNTM exhorte-t-elle le gouvernement à veiller à communiquer avec les organisations syndicales les plus représentatives autour des différentes mesures prises qui concernent les diverses catégories des salariés tout en affirmant l’importance de la coordination dans cette conjoncture sensible en vue de renforcer la mobilisation nationale.
L’UNTM pointe du doigt la non-concertation avec les organisations syndicales avant la diffusion de la circulaire du chef de gouvernement visant à reporter toutes les promotions programmées pour le compte du Budget de l’année en cours, non encore achevées, ainsi que les concours de recrutement, excepté ceux dont les résultats sont déjà annoncés. La centrale syndicale estime qu’il s’agit d’une circulaire dont la formulation est ambiguë, ce qui a engendré nombre d’interrogations légitimes auprès des fonctionnaires.
Une décision précipitée?
Même son de cloche auprès du Syndicat de la justice relevant de la Confédération démocratique du travail, qui dit rejeter la circulaire du chef de gouvernement et la qualifie d’inconstitutionnelle vu qu’elle «porte atteinte au principe d’égalité entre les fonctionnaires de l’État et confisque le droit des chômeurs au recrutement». La CDT considère qu’une décision pareille constitue une annonce préalable de l’adoption de la politique d’austérité et une reproduction du programme d’ajustement structurel.
Le chef de gouvernement est appelé par les syndicats à tenir les engagements gouvernementaux ayant trait aux concours de recrutement annoncés par le ministère de la Justice en vue de renforcer le front social afin de lutter contre les répercussions du Covid-19 et préserver les droits des candidats à l’emploi. Pour sa part, la Fédération des fonctionnaires de l’enseignement, tout en saluant les autorités publiques pour leurs efforts de lutte contre la pandémie, plaide aussi pour le retrait de la circulaire du chef de gouvernement.
Une situation d’urgence
Face à ces réactions, l’Exécutif va-t-il appeler à une réunion pour calmer les esprits des partenaires sociaux? Rien n’est moins sûr dans les conditions actuelles, marquées par une seule priorité, la lutte contre le COVID-19, selon une source gouvernementale. Le point de la suspension des promotions et des recrutements pourra être discuté lors du prochain round du dialogue social, après le confinement et la reprise du cours normal des activités nationales.
Rappelons que le gouvernement a justifié sa décision par l’impératif de faire face aux conséquences négatives de la propagation du Covid-19 et la nécessité de conjuguer tous les efforts et la mobilisation de toutes les ressources disponibles pour surmonter cette conjoncture. L’Exécutif explique que le but de la circulaire est d’alléger la charge sur le Budget de l’État et de lui permettre d’orienter les ressources financières disponibles vers les défis actuels.
Le gouvernement a ainsi décidé de prendre des mesures exceptionnelles vis-à-vis des administrations publiques, des collectivités territoriales, des établissements à vocation administrative et des instances et institutions publiques, dont les salaires des employés proviennent du Budget général. Ces mesures, précisons-le, ne concernent pas les fonctions et les agents des administrations chargés de la Sécurité intérieure et le personnel du secteur de la santé.