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Recettes Fiscales : l’exécutif en quête d’un nouveau record

En 2025, les recettes fiscales devraient frôler les 20% du PIB, un niveau qui, selon le ministère des Finances, devrait se maintenir au moins jusqu’en 2027. Cette performance repose sur une réduction des niches fiscales et un élargissement de la base des contribuables.

La croissance, ce vieux dogme économique, ne saurait être déconnectée des réalités physiques et environnementales. Pourtant, elle reste l’alpha et l’oméga des politiques publiques. Les analystes d’Attijari Global Research (AGR) soulignent toutefois que, dans le contexte local, cette quête de croissance demeure soumise à des impératifs économiques et environnementaux.

Dans leur dernière note d’appréciation de la Loi de finances 2025 (LF2025), le département de recherche d’AGR questionne la prévision d’un taux de croissance de 4,6% avancée par la LF 2025, fondée sur une progression de 11% de la valeur ajoutée agricole, et estime qu’elle reste tributaire d’une pluviométrie encore incertaine.

AGR émet également des réserves quant à l’hypothèse d’une récolte céréalière de 70 millions de quintaux pour 2025, un chiffre jugé ambitieux au regard des 31 millions réalisés l’année précédente. Bien que le taux de remplissage des barrages ait légèrement progressé à 29%, la canicule persistante et le retard des précipitations rendent improbable une telle reprise de la production agricole.

En revanche, la filiale du groupe Attijariwafa bank se montre confiante quant à la solidité des autres hypothèses de la Loi de finances. La projection de croissance de 3,7% pour la valeur ajoutée non agricole est jugée réaliste, s’alignant sur les performances des trois dernières années.

Cette prévision repose notamment sur une demande étrangère en hausse (+3,2%), portée par une reprise modérée en Europe (+1,1%) et l’apaisement des tensions géopolitiques. Par ailleurs, le recul des cours du pétrole, actuellement inférieur à 70 dollars le baril, devrait permettre d’alléger le poids de la facture énergétique, renforcée par une baisse attendue des prix du butane.

Dans sa dernière livraison, AGR table également sur une reprise de l’euro face au dollar, grâce à une politique monétaire américaine plus accommodante, qui stabiliserait la parité EUR-USD autour de 1,12.

Envolée des IDE
Mais au-delà des aléas climatiques, les perspectives de croissance restent soutenues par des événements majeurs tels que la CAN 2025 et la Coupe du monde 2030. Ces échéances, combinées à des chantiers structurants dans des secteurs clés comme l’énergie, l’éducation et la santé, traduisent une volonté affirmée d’inscrire le pays dans une trajectoire durable de développement.

Dans ce contexte, la demande intérieure joue un rôle central. La consommation des ménages bénéficie d’une baisse notable de l’inflation (+0,8% sur les onze premiers mois de 2024) et de transferts record des Marocains résidant à l’étranger, atteignant 100 milliards de dirhams à fin octobre (+3,9%). Les crédits à la consommation, bien que modestes (+1,5%), renforcent également cette dynamique. Cet élan est conforté par une nette reprise des investissements. Les flux d’investissements directs étrangers enregistrent une progression de 23,7%, tandis que les crédits à l’équipement augmentent de 14,2%, accompagnés d’une hausse de 11,6% des importations de biens d’équipement.

Ce dynamisme se reflète aussi dans une demande extérieure robuste, portée par des secteurs tels que l’automobile (+8%), les phosphates (+12,5%) et l’aéronautique (+17,3%), alors que la facture énergétique diminue de 5,5% grâce à la baisse des cours du pétrole.

Cependant, le développement économique du Maroc ne se limite pas à son industrialisation. Le secteur tertiaire reste le principal contributeur à la croissance, avec une hausse prévue de 4,1%, surpassant celle du secteur secondaire (+2,9%).

Cette tendance s’appuie, en partie, sur une demande étrangère en progression (+3,2%), dans un environnement marqué par une reprise modérée en Europe. Ce tableau encourageant s’appuie également sur une gestion rigoureuse des finances publiques. Le ratio de la dette publique devrait reculer à 69% du PIB en 2025, atteignant ainsi son niveau le plus bas depuis 2019. Cette maîtrise budgétaire renforce les marges de manœuvre du pays pour soutenir ses ambitions de développement.

Résilience financière
En 2025, les recettes fiscales devraient représenter près de 20% du PIB, un niveau historiquement élevé qui, selon le ministère des Finances, devrait se maintenir au moins jusqu’en 2027. Cette performance repose sur une réduction des niches fiscales et un élargissement de la base des contribuables, consolidant ainsi des revenus récurrents pour le Trésor.

Parallèlement, les recettes non fiscales atteignent 4,4% du PIB, portées par la montée en puissance des établissements publics et de nouveaux mécanismes de financement. À fin décembre 2023, le portefeuille public comptait 273 établissements et entreprises publics, dont 45 sociétés anonymes, couvrant des secteurs stratégiques variés, témoignant de l’effort continu du Maroc pour renforcer la résilience de son économie. Les analystes d’Attijari Global Research soulignent que la réforme fiscale engagée ces dernières années commence à porter ses fruits.

Entre 2020 et 2023, les recettes ordinaires ont enregistré une hausse remarquable de près de 100 milliards de dirhams, soutenue par le réaménagement des taux de TVA et de l’impôt sur les sociétés, l’élargissement de la base des contribuables, ainsi que la réduction des exonérations fiscales. Une performance portée par des recettes non fiscales inédites, représentant 4,4% du PIB en 2025, et alimentées à près de 80% par les établissements publics et de nouveaux mécanismes de financement, signe une diversification réussie des ressources de l’État.

La viabilité du système de la retraite en jeu

Globalement, la capacité du Maroc à absorber un éventuel choc économique s’en trouve nettement renforcée, grâce à la hausse historique des recettes fiscales ainsi qu’à l’élargissement de la base des contribuables et des recettes non fiscales significatives, estiment les analystes d’Attijari Global Research.

«Le Maroc aurait toute la latitude à poursuivre ses réformes sociales et à s’attaquer au chantier coûteux de la viabilité du système de la retraite…». Une urgence accentuée par les derniers chiffres du recensement, qui font état d’une décélération démographique qui traduit en filigrane un vieillissement «prématuré» de la population.

Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ÉCO



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