Projets agricoles. Comment pérenniser la viabilité économique
Pour le Groupe Crédit Agricole du Maroc, la viabilité économique des projets agricoles passe par le développement d’un écosystème à fort impact sur l’environnement avec une transformation à grande échelle.
Comment inscrire la durabilité dans les projets agricoles ? Une question qui a eu le mérite d’être traitée par le Groupe Crédit Agricole du Maroc (GCAM) dans le cadre de sa conférence annuelle initiée conjointement en marge du SIAM avec la FAO, les Pays-Bas et la FimaBio. «Par le bon sens, lorsqu’on parle d’agriculture durable, elle doit écologiquement être saine, économiquement viable et socialement humaine. Et sans cette dimension humaine, le développement durable n’a plus de sens», explique Tariq Sijelmassi, président du Directoire du GCAM. Toujours est-il que pour le Groupe Crédit Agricole, la problématique principale de l’agriculture marocaine réside dans la viabilité économique des projets. «Il faut passer d’une initiative individuelle et isolée, évidement excellente, en l’occurrence le pompage solaire qui doit être développé dans le cadre d’un vrai écosystème avec un impact tangible sur l’environnement vers une transformation à grande échelle et une industrialisation des process afin que ces initiatives aient un impact sur l’humain», ajoute Tariq Sijilmassi (photo). Du côté de ministère de l’Agriculture, le développement inclusif du secteur agricole est concrétisé à travers une multitude de programmes, notamment la reconversion et l’extension des plantations fruitières, l’intégration de la dimension du changement climatique au niveau de la conception des projets, l’adoption des systèmes d’irrigation pour l’économie d’eau et l’appui à l’utilisation des énergies renouvelables en plus de la régulation des parcours et flux de transhumance de même que la conservation des sols.
8 millions de tonnes de Co2 par an
Grâce à ces programmes, «le verger agricole a permis une séquestration annuelle de 8 millions de tonnes de Co2 dont 2,4 millions de tonnes de CO2 séquestrés par les nouvelles plantations réalisées dans le cadre du Plan Maroc Vert», souligne Nabil Chaouki, directeur du développement des filières de production au ministère de l’Agriculture. Il va sans dire que d’autres actions ont été menées pour améliorer progressivement la résilience du secteur agricole marocain, notamment la reconversion des cultures sensibles au déficit hydrique par des espèces plus résilientes, notamment l’olivier, le figuier et le caroubier ainsi que le palmier-dattier. À cela s’ajoute la maîtrise de l’eau d’irrigation à travers trois programmes dédiés à l’économie d’eau et la promotion de partenariats public-privé pour les projets de dessalement de l’eau de mer. Aujourd’hui, le Plan Maroc Vert prévoit une économie d’eau de 1,4 milliard de m3/an à travers un programme de reconversion de 550.000 ha irrigués en goutte à goutte. Dix ans après le lancement des programmes d’irrigation dans le cadre du Plan Maroc Vert, les superficies équipées sont passées de 128.000 ha avant la mise en oeuvre en 2008 du Plan Maroc Vert à 542.000 ha en 2018. En effet, L’État octroie une subvention pour le goutte à goutte à hauteur de 100% pour les petits agriculteurs ayant moins de 5 ha. Le PMV prévoit également la réalisation d’un programme d’irrigation additionnelle de 150.000 ha, qui portera la superficie totale irriguée au Maroc à 1,6 million d’ha.
Filière bio : 360 MDH de CA à l’export
Toujours dans le cadre de cette agriculture durable, «la FAO préconise une transition vers cette agriculture durable à travers cinq principes fondamentaux, notamment l’amélioration de l’efficacité en termes d’utilisation de ressources, l’adoption d’actions directes pour la préservation des ressources naturelles, l’amélioration des modes de vie, la résilience des communautés et une bonne gouvernance», précise Florence Rolle, représentante de la FAO au Maroc. Aujourd’hui, la filière bio a pu générer à travers les exportations un montant de 360 MDH de chiffre d’affaires à l’export et environ 5 millions de journées de travail. En effet, les superficies ont évolué de 4.000 ha en 2010 à 9.000 ha. À cela s’ajoute une superficie certifiée de 278.000 ha de plantes spontanées. L’évolution de la production biologique a augmenté pour se situer actuellement à 85.000 tonnes contre 40.000 tonnes en 2010. Avec la signature du contrat-programme de l’agriculture bio en 2011 et la promulgation en 2013 de la loi n°39-12 relative à la production biologique des produits agricoles et aquatiques, le Label bio Maroc a été également lancé, ce qui a permis la labellisation de 62 produits de terroir et la certification de 227 produits «Territoire du Maroc». À ce jour, 180 groupements producteurs de produits du terroir, représentant près de 600 coopératives et 18.000 petits agriculteurs dont 37% de femmes issues de toutes les régions du royaume ont pu bénéficier de ce programme. L’ADA a aussi procédé au référencement de 146 coopératives représentant 5.432 petits producteurs dont 25 groupements présidés par des femmes pour commercialiser divers produits du terroir au niveau des surfaces des enseignes Marjane, Label’Vie/Carrefour et Aswak Assalam pour faciliter la commercialisation et la distribution