Prix du poulet : à quand une baisse ?
Une bonne nouvelle pour les «amateurs» de poulet. Les prix de la viande de volaille, qui se sont envolés ces derniers jours, devraient connaître une baisse d’ici dix semaines.
Dans les semaines à venir, les consommateurs de poulet devraient retrouver le sourire. C’est du moins ce qu’espère Chaouki Jerrari, directeur de la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole au Maroc. «Dans dix semaines, il y aura une hausse de l’offre de poulets sur le marché et, par conséquent, les prix connaîtront une baisse», a-t-il indiqué avant de constater une reprise de la demande des poussins d’un jour, qui devront être disponibles en tant que poulets sur le marché dans deux mois.
« Je vous ai compris »
Mais Jerrari se veut prudent aussi bien pour les tarifs relatifs à la baisse annoncée que sur la baisse elle-même. Car, souligne notre interlocuteur, «il y a beaucoup de facteurs à prendre en compte». «Pour le moment, nous ne pouvons pas dire à quel niveau les prix vont descendre, mais nous espérons qu’ils seront raisonnables pour les éleveurs et à la portée de la bourse des consommateurs», précise le haut responsable de la Fisa pour qui la situation actuelle, marquée par la crise liée à la covid-19, rend difficile toute prévision. «Après tout, c’est une question d’offre et de demande», dira-t-on. Une seule certitude cependant, cette annonce prudente est une réponse à la grogne des consommateurs, lesquels ces derniers jours n’ont pas caché leur colère face à la cherté de la viande de volaille. À l’heure où nous mettions sous presse, le cours de vente de la volaille à la ferme tourne autour d’une moyenne de 15 à 16 dirhams le kilo vif, selon les chiffres fournis par la Fisa. D’autres confrères sont allés plus loin, estimant le kilo vif à 20 DH. Or, beaucoup de Marocains en colère, ont vu leur pouvoir d’achat mis à mal par les effets de la pandémie. Cette colère s’est d’ailleurs manifestée par des appels au boycott de la viande de poulet, notamment sur les réseaux sociaux. «Nous comprenons le sentiment qui anime nos clients, mais la hausse se justifie», tempère Jerrari expliquant que le secteur de la volaille a perdu environ 4 MMDH depuis le début de la crise.
Laissés-pour-compte
Pire encore, les éleveurs, contrairement à d’autres travailleurs, n’ont rien reçu de l’État alors que beaucoup d’entre eux, qui se sont lourdement endettés, continuaient à «vendre leurs poulets à perte autour de 6 DH le kilo» durant la crise. Interrogé par le Site Info, Youssef Alaoui, président de la Fédération interprofessionnelle avicole, confirme ce constat. «L’augmentation des tarifs des volailles intervient dans le sillage de la crise qu’a connue le secteur et la banqueroute de plusieurs petits professionnels. Durant toute la période de confinement sanitaire, les éleveurs de volaille ont dû vendre à perte, mais ils ne peuvent continuer ainsi, car plusieurs d’entre eux ont des dettes qu’ils doivent honorer», a-t-il fait savoir. Concernant les risques liés à la menace de grève, les professionnels jouent la carte du «bon sens». «Une grève n’est pas la solution, car elle fera du mal à tout le monde aussi bien aux consommateurs qu’aux éleveurs», avertissent-ils. Selon eux, dans le cas d’une grève, le problème serait aggravé. «Non seulement il y aurait des pertes d’emplois importantes, mais aussi les clients ne verraient plus du poulet sur le marché à un prix raisonnable, et ce, sur une longue période.»
Les chiffres du secteur d’avant-crise
Avec un taux d’accroissement moyen, durant les quatre dernières décennies, d’environ 6% des productions de viande de volaille et 6,2% des productions d’œufs de consommation, le secteur avicole constitue l’une des activités agricoles les plus dynamiques au Maroc. Compte tenu de leurs prix relativement bas par rapport aux autres denrées animales, les produits avicoles sont consommés par l’ensemble de la population et constituent le seul recours pour l’amélioration de la sécurité alimentaire de notre pays en termes de protéines d’origine animale. Avec une production en 2019 de 780.000 tonnes de viandes de volailles et 6,8 milliards d’œufs de consommation, le secteur couvre actuellement 100% des besoins en viande de volaille, représentant 55% de la consommation totale toutes viandes confondues, et 100% des besoins en œufs de consommation.
Khadim Mbaye / Les Inspirations Éco