Éco-Business

Prix du carburant : Le gouvernement met le holà

Le gouvernement compte agir sur deux volets pour que le consommateur bénéficie de la libéralisation du secteur des hydrocarbures et de la baisse des cours de pétrole à l’international. Il s’agit de bien informer le consommateur à travers une plateforme informatique qui sera lancée en septembre et lutter contre les ententes.

La baisse des cours de pétrole à l’international et la libéralisation du secteur des hydrocarbures n’a pas profité aux consommateurs. Les opérateurs privés sont pointés du doigt d’autant plus que leur marge bénéficiaire a considérablement augmenté.

Officiellement, le gouvernement n’a pas encore présenté de diagnostic précisant les responsabilités des uns et des autres et mettant fin à la polémique déclenchée depuis quelques semaines. Lors d’un point de presse tenu mardi dernier, le ministre chargé des affaires générales et de la gouvernance, Lahcen Daoudi, précise que le maintien des prix à la pompe à la même fréquence d’avant la libéralisation des prix pourrait être interprétée comme un comportement qui nuit à la concurrence. Tout en reconnaissant que les citoyens n’ont pas bénéficié de la libéralisation des prix du carburant, le responsable gouvernemental évite d’épingler les distributeurs qu’il a déjà rencontré. Du moins pour le moment. Il entend rencontrer aussi les gérants de stations-service pour s’informer sur leurs marges de bénéfice. «Nous n’avons pas encore cerné toute la problématique des prix. Les intervenants sont, en effet, tellement nombreux et les données sont très différentes. Les conditions de concurrence du marché ne sont pas garanties. Nous veillerons avec le ministère de l’Industrie pour que l’information soit disponible chez le citoyen », dit-il. Visiblement, Daoudi mise beaucoup sur l’information. D’ici septembre prochain, une application permettant aux consommateurs de suivre l’évolution des prix pratiqués à la pompe sera lancée. Les opérateurs seront contraints de communiquer les prix pratiqués à chaque changement. La plateforme informatique permettra de répertorier tous les prix pour que le citoyen puisse choisir les stations-service les moins chères.

Le gouvernement compte rétablir les règles de la concurrence à travers non seulement l’information mais aussi en permettant aux distributeurs de changer les prix lorsqu’ils le souhaitent. Mais que faire en cas d’entente ? Il est encore tôt de formuler une telle accusation d’autant plus qu’il existe quelque 18 opérateurs, selon Daoudi qui pointe du doigt les dysfonctionnements du marché. «Seul le rapport de la commission permettra de jeter la lumière sur la véritable situation», indique le ministre qui souligne que le gouvernement compte, le cas échéant, lutter contre les ententes. Le groupement des pétroliers qui a été reçu par Daoudi il y a quelques jours rejette de fond en comble les accusations portant sur toute entente ou pratique anticoncurrentielle.

Le déblocage du conseil de la concurrence dont le mandat des membres est arrivé à termes il y a trois ans s’impose pour répondre notamment à la question de l’entente sur les prix. Il est, en effet, la seule autorité de concurrence au Maroc ayant pour mission de sanctionner les pratiques anticoncurrentielles. En dépit de la non-activation de la nomination des nouveaux membres du conseil, cet organisme est en train de traiter deux saisines relatives au secteur des hydrocarbures dont une a trait sur les possibilités d’entente sur les prix des hydrocarbures.

Premier bilan de la libéralisation des hydrocarbures
Selon le département de Lahcen Daoudi, un approvisionnement continu du marché national en hydrocarbures est relevé en dépit de l’arrêt de la raffinerie SAMIR qui couvrait plus de 50 % du marché local en carburants et plus de 90 % en fuel. Il est également constaté une diversification des carburants présentés au consommateur et une amélioration de la qualité des services. La quasi-totalité des stations services affichent les prix. Concernant les stocks de sécurité, il est d’un minimum de 30 jours. On note un début de réalisation des investissements en vue d’élargir les capacités de stockage et de réception au niveau des ports spécialement pour les sociétés qui s’approvisionnaient auprès de la SAMIR. S’agissant des prix, « ils suivent généralement la tendance de l’évolution du marché international, mais parfois à des proportions différenciés». 


Pas de décompensation du gaz butane à court terme

La décompensation du gaz butane n’est pas prévue à court terme par le gouvernement, selon Lahcen Daoudi. Ce chantier délicat nécessite en premier lieu la maitrise du ciblage. Or, jusque-là, le gouvernement n’est pas encore parvenu à cerner les mécanismes de ciblage en dépit des différents programmes spécifiques lancés comme le RAMED et Tayssir. L’exécutif travaille sur cette question en s’inspirant d’autres expériences internationales notamment celle de l’Inde où une carte bancaire est distribuée aux nécessiteux. Le prêt de 100 millions de dollars octroyé par la Banque mondiale au Maroc permettra le développement du système de ciblage à travers la mise en place de deux outils nécessaires : un registre national d’état civil conférant à chaque individu un numéro d’identification unique pour la facilitation des procédures de vérification de l’identité et un registre social pour rassembler toutes les informations sur la situation socio-économique des individus et des ménages en vue de repérer les citoyens qui sont les plus défavorisés et qui remplissent les conditions pour bénéficier des prestations sociales. Le haut commissariat au plan, rappelons-le, a récemment pointé du doigt le transfert forfaitaire et a appelé le gouvernement à mettre en place une politique « raisonnée de ciblage » basée sur les approches territoriale et sociale dans la lutte contre la pauvreté.


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