Politique budgétaire. Le Maroc, bon élève du FMI

Le Fonds monétaire international (FMI) vient de clore sa mission au Maroc. Les conclusions de cette revue économique apportent un soutien au gouvernement pour approfondir les réformes sur «le front budgétaire».
Le constat du FMI sur l’économie marocaine est paradoxal. Alors que des institutions nationales publiques (HCP, CESE, BAM) ou privées (CMC) s’inquiètent de la trajectoire de la croissance économique au Maroc, le gouvernement trouve en le FMI un allié de taille. Cette institution, chef de file des politiques néolibérales dans le monde, apporte un soutien à son «client». À ce titre, le Maroc a contracté en 2012 une Ligne de précaution et de liquidité (LPL). Cette «assurance» contre les chocs externes est prolongée jusqu’à août 2020. Le Maroc est aussi «client» des réformes du FMI. La dernière réforme «souhaitée avec insistance» par le FMI est la flexibilité du dirham. D’ailleurs, les autorités marocaines ont informé le FMI de leur intention «d’assouplir progressivement le régime de change, ce qui permettra à l’économie nationale de mieux absorber les chocs extérieurs et de préserver sa compétitivité». Cette nouvelle phase dans la flexibilité du dirham intervient après que le gouvernement ait tenté, tant bien que mal, de retarder cette échéance. Sur le plan de la croissance, le FMI continue de revoir à la baisse ses prévisions de croissance.
Réformes : agenda chargé
«La croissance économique du Maroc devrait atteindre 2,8% en 2019 du fait d’une contraction de la production agricole et d’une reprise modérée de l’activité hors agriculture» selon Nicolas Blancher, chef de l’équipe du FMI qui a effectué, du 29 octobre au 7 novembre, une mission dans le royaume axée sur la deuxième revue de l’accord au titre de la Ligne de précaution et de liquidité (LPL). Le FMI ne tarit pas d’éloges sur le gouvernement et ses politiques: «Globalement, la politique économique est saine et les fondamentaux économiques du Maroc sont solides», a-t-il souligné.
Sur le plan des réformes, le FMI a rappelé l’agenda à poursuivre pour le gouvernement. «Les autorités marocaines restent déterminées à opérer des réformes importantes sur les fronts budgétaire, financier et structurel, ce qui devrait renforcer la résilience de l’économie aux chocs extérieurs et favoriser une croissance plus élevée et plus inclusive», a-t-il affirmé. De même, l’équipe du FMI «salue le renforcement de la solidité du secteur financier, les progrès de l’inclusion financière et l’amélioration du climat des affaires, et encourage les autorités marocaines à accélérer les réformes structurelles afin d’améliorer la gouvernance, la lutte contre la corruption, la réduction des disparités régionales et sociales ainsi que le chômage, en particulier parmi les femmes et les jeunes, ainsi que le renforcement de l’éducation», a souligné Blancher.
L’expert du FMI a en outre assuré que «le Maroc s’engage également sur les voies de l’optimisation de la gestion des actifs publics, la poursuite de la rationalisation des dépenses de fonctionnement et le renforcement de l’efficacité des dépenses d’investissement», ajoutant que «ces efforts permettront d’accroître l’espace budgétaire nécessaire pour l’investissement public et les programmes sociaux en faveur des populations vulnérables et contribueront aussi à réduire la dette publique à 60% du PIB à moyen terme».
Pour rappel, le Conseil d’administration du FMI a approuvé l’accord LPL en faveur du Maroc pour environ 3 milliards de dollars en décembre 2018. Le Maroc n’a effectué aucun tirage à ce titre et a l’intention de continuer de considérer cet accord comme un accord de précaution.