Platinum Power. Belmamoune contre-attaque au pénal

Une plainte déposée au tribunal de première instance de Casablanca requiert du procureur la «fermeture des frontières» à l’encontre des dirigeants de Brookstone Partners. Escroquerie, abus de confiance… Les accusations sont lourdes.
L’affaire Platinum Power continue de retenir l’attention du milieu des affaires marocain. L’entreprise créée en 2013, qui opère dans le domaine énergétique, est en effet le théâtre d’une guerre intestine opposant d’une part son actionnariat majoritaire Brookstone Partners, représenté par Michael Toporek, et d’autre part le PDG Omar Belmamoune. Si le conflit revêtait la forme d’un conflit médiatique par communiqués interposés, les choses sérieuses commencent début février avec la plainte au pénal contre Belmamoune pour «détournement de fonds, gestion opaque et abus de biens sociaux». Il a ainsi fait l’objet d’une citation directe auprès du Tribunal de première instance, dans laquelle il lui est reproché d’avoir détourné plus de 9,5 MDH en salaires, virements, avantages et achats onéreux. Ce dernier a décidé de contre-attaquer, au pénal toujours, au nom d’un bloc constitué de deux actionnaires, à savoir son entreprise Luminy Invest et MCM Consultancy. La plainte est dirigée contre Toporek, mais également contre les deux dirigeants d’AM Wind (qui fait partie du portefeuille projet de Platinum), Mohamed Amine Amzazi et Mohamed Larbi Loudyi.
L’objet de la plainte porte sur «l’escroquerie, l’abus de confiance, l’abus de bien social caractérisé par la mauvaise foi», et requiert du procureur une «fermeture des frontières». La plainte fait référence aux droits détenus par Platinum Power concernant les projets AMWP1 et AMWP2 en vertu du contrat de substitution conclu en date du 31 juillet 2012 avec la société BPM ainsi qu’au contrat de partenariat conclu avec la société AM Wind en date du 21 décembre 2012 ayant pour objet de définir les conditions nécessaires au financement du projet d’énergie éolienne à Dakhla. Elle mentionne «la surprise des actionnaires quant à l’acquisition par la société Brookstone Partners Acquisition XXV (BPA XXV) de la totalité des parts sociales de la société AM Wind». Elle précise en outre que «la société BPA (XXV), une société dans laquelle M. Michael Toporek est actionnaire majoritaire, a cédé, dès l’acquisition de la société AM Wind, le projet d’énergie éolienne à Dakhla à la société Soluna dans laquelle Toporek détient des participations et est membre de son Conseil d’administration». Ces faits «intentionnels, notamment la violation des contrats susmentionnés, ont porté atteinte aux intérêts des actionnaires dans Platinum Power et dans Brookstone et constituent les infractions pénales suivantes: abus de confiance, escroquerie et détournement d’actifs ». Belmamoune a également choisi un autre terrain de bataille puisque Brookstone Partners Morocco SA (BPM) prépare une plainte au pénal au Maroc contre les administrateurs Michael Toporek et Mathew Lipman. Au coeur du conflit, la prise de participation dans Finco Prime.
Selon les plaignants, Toporek et son partenaire Mathew Lipman «refusent de partager avec la société les documents financiers de la société Finco Prime, dans laquelle BPM a investi plus de 3 millions de dollars. BPM a appris récemment que Michael Toporek fait l’objet d’une enquête de l’autorité des marchés financiers américains concernant Finco Prime. Finco Prime est gérée par Perry Jacobson, qui n’est autre que le directeur général de Brookstone Partners USA».
Une situation financière compliquée
Autant dire que l’aspect judiciaire risque de plomber la capacité de continuation d’exercice de l’entreprise. Michael Toporek, qui déplore la «gestion calamiteuse» de Belmamoune, doute fortement de la résilience de la société. Elle connaît, selon lui, «une situation de nature à compromettre la continuité de l’exploitation: les capitaux propres de la société ont atteint un seuil critique, bien en deçà des obligations légales (les capitaux propres de la société sont négatifs à hauteur de -100 MDH environ) et la société s’est retrouvée en situation de cessation de paiement, dans l’incapacité de payer les salaires, de nombreux fournisseurs, la CIMR, ainsi que les cotisations fiscales et sociales auxquelles elle est soumise». Il affirme par ailleurs que Brookstone est en mesure de «déployer un plan de recapitalisation par reconversion du passif», il conditionne une telle initiative par le «départ d’Omar Belmamoune». Ce dernier affirme que l’action judiciaire prise par Toporek n’est rien d’autre qu’une «fuite en avant de sa part, il me poursuit pour des salaires et indemnités qu’il a lui même validés en Conseil d’administration. Je prépare un recours pour plainte mensongère».