Pierre Lahutte. “Le Maroc est l’épicentre de notre présence sur le marché de l’Afrique de l’Ouest”

Que représente le Maroc pour le constructeur IVECO ?
Le Maroc est une priorité stratégique pour IVECO. Je viens d’effectuer une visite de deux jours au royaume, notamment à Agadir où nous avions inauguré une succursale dans cette ville avec Atlas véhicules industriels. La ville d’Agadir est à la fois la pointe la plus au sud des lignes logistiques grâce à l’acheminement des productions agricoles vers les marchés européens mais aussi un point de connexion avec Dakar et le marché de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) où nous avons un énorme intérêt de développement. À Casablanca, nous avions aussi exploré avec nos équipes les opportunités qu’offre le marché marocain y compris en termes de production puisque le Maroc est en train de prendre un virage d’industrialisation très fort avec beaucoup de succès avec Renault et PSA. À cet égard, on a pris conscience que le Maroc est un pays à la fois en Afrique et proche de l’Europe d’un point de vue économique mais aussi pour nos perspectives de développement et besoins des marchés en termes de produits.
Quel est votre positionnement sur le marché de l’Afrique de l’Ouest ?
Historiquement, le constructeur IVECO n’était pas fortement implanté en Afrique de l’Ouest mais plutôt en Afrique de l’Est dans des pays comme l’Éthiopie, ce qui a constitué un point faible pour notre développement. Aujourd’hui, nous sommes en train de rattraper ce retard sur le plan de la distribution en rétablissant des importateurs forts. Dans ce sens, IVECO s’est associé avec le Marocain Premium Group pour la distribution de ses produits en Afrique de l’Ouest (du Sénégal jusqu’au Cameroun) en plus de notre distributeur au Maroc qui est Atlas Véhicules Industriels. Ce dernier avec lequel nous avons établi jusqu’à présent un partenariat de dix années a doublé, durant ces quatre dernières années, ses ventes au Maroc à hauteur de 1.000 véhicules par an et au-delà des produits traditionnels. Atlas a commencé aussi a développer des camions pour le corridor logistique atlantique. Concernant le Groupe Premium, on est en train aussi de développer nos ventes sur l’Afrique occidentale subsaharienne.
Qu’en est-il de votre stratégie commerciale ?
Nous nous développons sur toutes les gammes de camions avec une couverture du corridor logistique d’un point de vue service, notamment à Agadir. Parallèlement, nous développons aussi la vente des bus. nous venons de livrer 450 bus à Abidjan dont le premier bus à haut niveau de service au gaz. Nous disposons également d’opportunités similaires à Casablanca avec un gros intérêt et une éventuelle et possible implantation industrielle au Maroc. Cela dit, nous estimons que nous pouvons produire et exporter en Europe. En effet, les sources traditionnelles de produits ou de compétitivité de l’Europe de l’Est ou de la Turquie sont en difficulté pour différentes raisons donc pour notre groupe, le Maroc est un pays stratégique. Sa position joue un rôle fondamental pour notre développement de part le marché qu’il représente. Il figure aussi comme une tête de pont vers l’Afrique de l’Ouest et actuellement, il est l’épicentre de notre présence sur le marché de l’Afrique de l’Ouest.
De quelle façon vous différenciez-vous sur le plan commercial par rapport à la concurrence ?
Les besoins sont encore différents. L’Afrique occidentale et l’Afrique subsaharienne ne sont pas encore au niveau du Maroc, notamment en termes de qualité de carburant mais ce qui est essentiel c’est la qualité de service. Aujourd’hui avec l’inauguration de la filiale de notre importateur à Agadir, nous insistons sur la capacité de service de Tanger à Dakar en passant par les villes de Casablanca et Agadir pour tous les flux logistiques.
Comment se portent les ventes d’IVECO ?
Nos ventes se portent plutôt bien en Afrique de l’Ouest parce qu’on est en train de se développer et de grandir. Par contre, le marché qui souffre aujourd’hui est celui du Moyen-Orient avec ses différentes crises, notamment celle de la Syrie en plus de la Libye qui sont des marchés historiques pour IVECO. De surcroît, les pays du Golfe enregistrent un marasme économique avec une période de récession. De ce fait, on rééquilibre notre présence avec l’Est et l’Ouest de l’Afrique. Pour l’Europe qui est le grand marché traditionnel d’IVECO, en l’occurrence, la France, l’Italie et l’Espagne, les ventes se portent aussi bien, notamment le marché du TIR (Transport international routier).
Quel est le nombre de vos usines de montage et est-ce que vous comptez vous installer au Maroc ?
Nous avons une quinzaine d’usines de montage à travers le monde. Nous avons par exemple des usines en Afrique du Sud et en Éthiopie en plus d’une autre en Libye qui est totalement paralysée. Nous sommes en train de développer aussi des montages au Kenya et en Algérie pour le segment des camions. Concernant le Maroc, nous nous intéressons au développement des bus, un segment prometteur au Maroc.
Quels sont les facteurs qui expliquent l’ouverture d’une succursale à Agadir ?
Ces dernières années, IVECO a doublé ses ventes au Maroc. Nos ventes se faisaient essentiellement dans des villes où nous étions déjà implantés. Nous avons développé ces deux dernières années les ventes de camions logistiques qui font les allers et retours entre le Souss via Tanger pour l’exportation de produits agricoles en Europe mais aussi la livraison de produits de pêche à Dakar. La logique de développer une succursale à Agadir s’inscrit dans une approche de croissance sur le plan des ventes mais aussi afin de couvrir le corridor atlantique qui va de Dakar jusqu’à Tanger avec des points de services.