Mostafa Labrak : “C’est la décélération de la croissance qui fait baisser la consommation !”

Directeur général d’Energysium consulting et expert en énergie et carburants

Je ne pense pas que les particuliers s’adonnent au rationnement, en tout cas, pas encore. La composante transport est très importante dans leur quotidien, et ils n’ont pas d’alternative de qualité dans le transport public. Ils sont donc forcés de supporter le coût additionnel de transport généré par l’augmentation des charges de carburants.

Pour les professionnels, l’optimisation des frais de fonctionnement est un principe de gouvernance et donc, la réduction du poste carburants est un focus particulier en ce moment. Par contre, c’est l’insuffisance de l’activité, due à la décélération de la croissance en général, qui ferait baisser la consommation.

À combien estimez-vous la baisse des volumes de ventes ?

Lors de la dernière présentation de la ministre de la Transition énergétique au Parlement sur le secteur, elle a fait remarqué que, sur la période janvier-février 2022, les volumes de carburants avaient diminué de 7% par rapport à la même période de l’année dernière (-13% pour le gasoil et 0% pour le super).

Je pense que pour mars et avril, les volumes ont sensiblement augmenté suite aux levées des restrictions. À fin avril, la baisse devrait se situer entre 2 et 3%. Des données fiables devraient être communiquées par l’Observatoire de l’énergie, qui tarde cependant à les faire sortir.

Il est clair que cette tendance est purement conjoncturelle. Elle est due aux tensions géopolitiques et à mon avis, l’inflation va être soutenue pendant un certain temps et sera suivie par une récession qui se profile déjà aux USA.

Les prix vont donc forcement baisser, car la demande va régresser.