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Mesures de sauvegarde : Med Paper dame le pion aux importateurs

Après avoir bénéficié d’une mesure anti-dumping contre le papier A4 en 2014, Med Paper vient de profiter d’une mesure de sauvegarde de 4 ans sur le papier en bobine et en rame. Pour le ministère du Commerce extérieur, un lien de causalité existe entre le dommage grave subi par l’industrie et l’accroissement massif des importations.

Le Maroc poursuit sa politique de régulation des importations à coup de mesures anti-dumping et de mesures de sauvegarde. Pratiquement un an, jour pour jour, après l’ouverture de l’enquête de sauvegarde sur les importations de papier en bobines et en rames, initiée par Med Paper, le ministère chargé du Commerce extérieur a pu confirmer l’existence d’un grave dommage pour l’industrie locale résultant d’un accroissement massif des importations.

En réponse, une mesure de sauvegarde sera appliquée pour une durée de 4 ans. Elle consistera en l’imposition d’un droit additionnel ad valorem de 25% sur les importations de papier en bobines et en rames (voir tableau). Cette mesure vient renforcer l’arsenal de défense commerciale de l’industrie du papier au Maroc après la mesure anti-dumping contre le papier A4 portugais décidée en 2014 à la demande là aussi de Med Paper. Le ministère a conclu que les importations de papier en bobines et en rames ont connu un accroissement massif tant en termes absolus qu’en termes relatifs par rapport à la production nationale (voir encadré). Reste à déterminer si de tels volumes d’importations auraient eu un impact direct sur la production national et causé un «dommage grave».

À ce titre, l’enquête a examiné l’ensemble des indicateurs de la branche de production nationale, en plus des différents points soulevés par les parties concernées par l’enquête avant de conclure à l’existence d’un dommage conséquent affligé à l’industrie nationale. Selon le ministère du Commerce extérieur, Med Paper a connu une dégradation notable de ses indicateurs, matérialisée par la chute du niveau de la production, des ventes en volume et en valeur, de la part de marché, du taux d’utilisation des capacités de production et de l’emploi et de l’enregistrement de pertes financières. Les parts de marché de l’entreprise sont passées de 51% à 4,7%. Une situation qu’elle impute à l’accroissement massif des importations. Les importateurs pour leur part estiment que les difficultés de Med Paper ne sont pas causées par les importations mais plutôt par ses choix stratégiques discutables. Le manque de compétitivité, le problème de la qualité, la difficulté à répondre à la demande nationale, l’absence d’une approche commerciale efficace sont autant de points soulevés. L’entreprise se défend en affirmant avoir déployé un grand effort en baissant ses prix au-dessous du coût de revient. Sur le volet de la modernisation de ses process, le producteur national rappelle qu’il a investi 300 MDH dans le cadre de sa mise à niveau. Seulement, l’entreprise n’arrive toujours pas à amortir ses nouveaux équipements et peine à rembourser le crédit contracté.

D’ailleurs, la société a opéré une réduction de son effectif qui est passé de 480 emplois directs à environ 380. De plus, à l’occasion d’une audition publique tenue en avril dernier, les importateurs avaient estimé que la demande de mesures de sauvegarde était injustifiée en raison de l’absence de lien de causalité entre le dommage grave et l’accroissement massif des importations dont le développement n’est pas «imprévu». Une position à laquelle le ministère du Commerce extérieur répond dans le cadre de sa décision finale, publiée le 7 juin dernier en estimant que la coïncidence temporelle entre l’accroissement des importations et la détérioration des indicateurs de l’industrie nationale qui a pris de l’ampleur à partir de 2011 ne pouvait être fortuite. «Cette coïncidence constitue un facteur déterminant attestant l’existence du lien de causalité entre l’accroissement des importations et le dommage grave», tranche le département de Mohamed Abbou.


 

Hausses vertigineuses
L’enquête du département de Mohamed Abbou a permis de confirmer les hausses vertigineuses des importations de ces matières durant ces dernières années. Les importations du papier en bobines auraient augmenté de 97% en 2011, par rapport à 2010 et reculé de 12% en 2012 pour reprendre la hausse en 2013 et 2014 atteignant 100% au cours du 1er semestre 2015 comparativement à celui de 2014. Les importations de papier en rames ont connu pour leur part une hausse de 71% en 2011 par rapport à 2010 et ont continué leur évolution en 2012 et 2013 pour reculer de 3% en 2014 et de 31% au cours du 1er semestre 2015 par rapport à celui de 2014. «Malgré les baisses constatées, le niveau des importations reste important par rapport aux années antérieures», précise le département du Commerce extérieur. En termes relatifs par rapport à la production nationale, les importations de papier en bobines ont augmenté de 100 % en 2011 par rapport à 2010 et de 123 % en 2014 par rapport à 2013 pour atteindre une hausse de 283 % au 1er semestre 2015 par rapport à la même période de 2014. La part des importations de papier en rames a augmenté de 120% en 2011 par rapport à 2010, de 129% en 2014 par rapport à 2013 et de 6% au 1er semestre 2015 par rapport à celui de 2014.


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