Éco-Business

Maroc-Tunisie. Concurrents ou partenaires ?

Les échanges économiques entre le Maroc et la Tunisie demeurent en deçà des potentialités. Le point sur une relation commerciale entravée par l’inertie au Maghreb.

Le Maroc s’est toujours présenté comme un sérieux concurrent à la Tunisie dans les secteurs du tourisme, du textile et de l’offshoring. Récemment, les entreprises tunisiennes et marocaines se sont lancées sur un autre terrain: le marché subsaharien.

50% des objectifs atteints
«Nous n’appréhendons pas nos relations avec le Maroc en termes de concurrence. Il s’agit pour nous de les envisager dans des perspectives de partenariats», nous explique Zied Ladhari, ministre tunisien du Développement, de l’investissement et de la coopération internationale. Même son de cloche du côte de Samir Majoul, président de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA), représentant du patronat tunisien: «Il n’y a pas vraiment de concurrence entre les entreprises des deux pays. Je crois plutôt à la complémentarité et au partenariat maroco-tunisien».

Pour le moment, les relations économiques entre les deux pays sont surtout marquées par une faiblesse des échanges, qui restent en deçà des objectifs fixés par les deux États en 2012. La 17e Haute commission mixte avait institué comme objectif à atteindre, à l’horizon 2020, un volume d’échange de 4,7 MMDH (500 millions de dollars). La balance commerciale penche du côté du Maroc. Les exportations tunisiennes vers le royaume couvrent 45% du volume de ses exportations. La Tunisie avait importé depuis le Maroc 1,9 MMDH de marchandises. La valeur des exportations tunisiennes vers le royaume en 2017 a atteint 851 MDH. Globalement, le volume des échanges entre les deux pays en 2017 n’a pas dépassé les 2,55 MMDH. En d’autres termes, les deux pays n’ont pas dépassé 50% de l’objectif fixé en 2012 pour les échanges commerciaux. L’ambassade du Maroc en Tunisie, avec à sa tête l’ambassadrice Latifa Akharbach, a tenu une rencontre en octobre dernier pour faire le point sur les échanges commerciaux entre les deux pays et réactiver les leviers pour atteindre l’objectif de 2012.

«Dans ce contexte régional, marqué par l’inertie -une situation qui nous désole- le Maroc et Tunisie peuvent travailler à renforcer leur intégration économique et s’ouvrir sur de nouveaux marchés», avait déclaré la diplomate marocaine.

Pour Ladhari, ministre tunisien de l’Investissement, qui avait pris part à cette rencontre, les domaines de coopération dépassent les secteurs classiques du textile et du tourisme: «Il y a des possibilités de complémentarité et de synergie dans les secteurs nouveaux comme l’industrie pharmaceutique, l’agriculture, l’énergie ou les nouvelles technologies». La référence faite par l’ambassadrice aux nouveaux marchés rappelle la stratégie des deux pays d’investir l’Afrique subsaharienne. La Tunisie vient de rejoindre la Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA), un marché de 19 pays et 450 millions d’habitants. Le Maroc n’est pas en reste. Le royaume frappe à la porte de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CÉDÉAO) depuis février 2017. La volonté des deux pays d’intégrer des marchés d’autres sous-régions en Afrique fait suite au constat du blocage de l’Union du Maghreb arabe. Dans cette entreprise africaine, a priori prometteuse en opportunités économiques, les responsables tunisiens sont conscients des limites de leur taille critique: «Au Maroc et en Tunisie, nous sommes d’une taille trop modeste pour appréhender à nous seuls un marché de 2 milliards d’habitants. Nous devons conjuguer nos efforts pour réussir cette stratégie», conclue le ministre de l’Investissement tunisien. 


Samir Majoul
Président de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat

«Nos économies sont complémentaires»

Les économies marocaines et tunisiennes sont-elles en concurrence ou en partenariat ?
Que représentent les touristes qui vont au Maroc et en Tunisie par rapport au tourisme mondial? La même question se pose pour l’offshoring. La taille de ce secteur dans nos deux pays réunis demeure modeste, par rapport au poids de celui-ci dans le monde. Donc, j’inviterai les touristes qui ont visité le Maroc à faire de même en Tunisie et vice-versa. Nous avons des économies qui peuvent être complémentaires et, ensemble, nous pouvons faire beaucoup de choses. Notre objectif est aussi la création d’un espace maghrébin d’échange, ce Maghreb de 100 millions de consommateurs.

Que fait-on, concrètement, pour atteindre ce niveau de partenariat ?
Nous travaillons avec la CGEM et nous avons de très bonnes relations avec nos homologues marocains, ce qui permet à des entreprises marocaines de s’installer en Tunisie. De même, des sociétés tunisiennes ont choisi le Maroc, avec des fois des projets en commun.

Les deux pays ont une stratégie d’investissement en Afrique subsaharienne. Quelles sont, aujourd’hui, les priorités du patronat tunisien ?
Je dirai la croissance, l’investissement, la création de richesse et la paix sociale. Nous comptons aussi sur notre partenariat avec l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) pour confirmer notre responsabilité sociale et sociétale. 



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