Maroc-Libye. L’investissement pour reconstruire le pays

Les deux partenaires pour la paix veulent hisser le niveau vers un partenariat économique et un partage d’expertise. La Libye a zéro dette extérieure et un excédent de la balance des paiements…En clair, de bons fondamentaux pour bâtir une nouvelle économie.
Le premier Forum international libyen économique et d’investissement au Maroc a ouvert ses portes hier à Rabat. L’événement est un des aboutissements du rôle remarquable joué par le royaume en matière de pacification en Libye. En atteste la réussite du dialogue entre les parties libyennes à Skhirat ayant débouché sur l’Accord politique libyen en décembre 2015. «Vers un partenariat économique solide» est le thème choisi pour ce forum dont l’objectif est de promouvoir les relations internationales sur une base de coopération win-win. Aujourd’hui tout est à construire dans une Libye qui renaît de ses cendres pour repartir sur de bonnes bases. Cela doit commencer par identifier les obstacles qui se mettent au travers de l’acte d’investir afin d’élaborer un cadre juridique attractif pour les investissements dans ce pays maghrébin.
Dans ce sens, le secteur privé libyen est à la quête d’un environnement propice et attractif comme celui que le Maroc présente dans la région. Il s’agit aussi de créer un maillage partenarial qui favorise l’échange d’expertises ainsi qu’une plateforme regroupant les skills en matière d’investissement. À ce propos, les Libyens sont particulièrement intéressés par les énergies renouvelables, les technologies numériques mais aussi et surtout la promotion immobilière et des infrastructures.
Dans un contexte où la Libye essaie de sortir du cercle vicieux de la guerre intestine qui sévit toujours de manière sporadique dans le pays, l’économie s’avère un enjeu majeur. Pour le président du Forum, les dernières violences dans la capitale Tripoli risquent de compromettre la stabilité sociale et politique. C’est la raison pour laquelle, ajouta-t-il, un partenariat avec le Maroc est susceptible d’insuffler une dynamique tant attendue. Représentant le chef du gouvernement, Mohamed Amekraz, ministre du Travail, a mis l’accent sur l’intégration économique dans la région, devenue une revendication citoyenne à tous les niveaux. Le Maroc, ajoute le responsable, a toujours été actif pour redonner force et une nouvelle dynamique à l’intégration maghrébine pour le bien de ses peuples. À plus forte raison que la Libye entame aujourd’hui une nouvelle phase de reconstruction.
En effet, Al Hadi Taher Al Juhaim, ministre libyen de la Planification a insisté sur l’importance d’une plus grande implication du privé dans ce chantier sur la base des facilitations de la loi sur les PPP adoptée en 2014. «Deux objectifs sont à l’origine de ce premier forum, à savoir approfondir le partenariat économique entre le Maroc et la Libye et ouvrir les voies aux investisseurs privés des deux pays», explique le ministre.
Ce dernier a mis en exergue les bons fondamentaux de l’économie libyenne qui a zéro dette extérieure, 90 MM$ des réserves en devises et pour la troisième année consécutive un excédent de la balance des paiements. Et malgré l’instabilité, la Libye continue de produire pas moins de 1,3 million de barils de pétrole par jour, ce qui reste exceptionnel et renseigne sur la base solide pour tout décollage économique futur. Al Juhaim a indiqué que son pays est dans une phase de révision de son Plan quinquennal qui table sur le lancement de pas moins de 4.000 projets structurants pour une enveloppe de 100 MM$. Le pays est actuellement en négociation avec les organismes de la Banque mondiale spécialisés dans l’attractivité des investissements privés.
En matière d’investissement dans l’exploitation pétrolière et gazière, la Libye compte investir 12 MM$ sur les 5 prochaines années. De gros investissements sont également prévus dans les énergies renouvelables pour porter sa part dans le mix énergétique à 20% en 2030. Toutefois, là où les difficultés sont les plus palpables, c’est au niveau du développement social et des infrastructures dans un pays où l’urbanisation est sporadique. Les projets urbanistiques représentent ainsi un défi pour un pays à la population pas très nombreuse mais qui est éparpillée sur une immense superficie. C’est l’une des raisons qui poussent le pays à investir dans les stations de dessalement de l’eau de mer. Il en compte actuellement 8 avec la volonté d’en construire 4 autres stations sur les trois prochaines années.