Maroc-Espagne : Le secteur de l’énergie intéresse les entreprises ibériques

Au démarrage des journées de partenariat Maroc-Espagne, les secteurs porteurs sont l’ER, l’ingénierie, les infrastructures, l’automobile… La troisième liaison électrique de 700MW entre le Maroc et l’Espagne fait l’objet de sérieuses discussions entre les deux ministres de tutelle.
Les premières journées de partenariat multilatéral Maroc-Espagne ont démarré hier à Rabat et s’étaleront sur trois jours. Un timing qui ne pouvait mieux tomber puisqu’aujourd’hui même le souverain doit inaugurer la plus grande station thermosolaire au monde, Noor I à Ouarzazate, sachant que trois entreprises espagnoles (Acciona, Sener et TSK) font partie du consortium. L’ambassadeur d’Espagne à Rabat, Ricardo Diez Hochleitner, s’est réjouit de cette coïncidence d’agenda de bon augure. Dans son intervention à l’ouverture de l’événement, il a mis en exergue trois idées phares à l’origine de l’initiative : la maturité que les relations économiques et commerciales entre les deux pays ont atteint, la volonté de mieux connaître les potentialités de part et d’autre et la masse critique, sachant que presque un millier d’entreprises espagnoles sont présentes au Maroc. Pas moins de 25 entreprises espagnoles leaders et PME ont fait le déplacement pour rencontrer des PME marocaines. Les secteurs des énergies renouvelables (ER), de l’eau et l’assainissement, de l’ingénierie et bien d’autres s’invitent à cet événement qui devra connaître 200 B2B.
Au-delà de toute concurrence, c’est de la complémentarité que les deux parties cherchent pour se confronter ensemble aux défis économiques. C’est d’autant plus opportun aujourd’hui que les deux pays sont sur une pente positive. Le Maroc a réalisé une croissance respectable de presque 4,5% en 2015 et l’Espagne un taux de 3,5% au premier trimestre de la même année. C’est le seul pays de la zone euro qui entame une reprise de la croissance, lentement mais sûrement. Par ailleurs, le volume des échanges commerciaux entre les deux pays totalise 10% du PIB marocain. La péninsule ibérique est le premier partenaire économique du royaume depuis déjà 3 ans.
Elle est le premier client et premier fournisseur du Maroc. Un tiers des exportations UE vers le Maroc viennent d’Espagne et 40% des exportations marocaines vers l’UE vont en Espagne. Un tableau assez spécial qui pousse à renforcer les acquis et s’ouvrir sur de nouvelles perspectives. Amina Benkhadra, dg de l’Onhym, a justement mis l’accent sur le secteur énergétique, sachant que 1.000MW sont en projet dans les différentes sources des ER à l’horizon 2030 avec un investissement prévisionnel de 40MM$. La responsable a parlé d’une vision intégrée qui privilégie l’installation au Maroc d’une vraie industrie énergétique basée sur un savoir-faire local. Au nom de la CGEM, Khadija Dilami a expliqué que les IDE espagnols au Maroc ont augmenté de 11% à partir de 2014, ce qui représente une nouvelle dynamique en coupure avec celle d’avant 2008.
Toutefois, l’Espagne occupe seulement le 7e rang des pays qui investissent le plus au royaume et ceci malgré le programme de conversion de la dette en financement de projets et l’accord financier conclu en 2008 et renouvelé en 2011. Zahra Ettaik, directrice des ER au ministère de l’Énergie, a mis en relief les opportunités que le projet énergétique marocain est à même d’offrir pour l’entreprise. Elle a cité dans ce sens l’ouverture des moyenne et basse tensions à la production par le privé pour une plus grande liberté d’alimentation et de choix. Fait marquant, la responsable a affirmé que la troisième interconnexion électrique avec l’Espagne de 700 MW, fait l’objet de discussions sérieuses entre les ministres de tutelle des deux pays.
Le potentiel en joint-ventures
Comme l’a expliqué dans notre édition de vendredi dernier, Luis Moreno Garcia-Cano, chef du bureau économique et commercial de l’Ambassade d’Espagne à Rabat, la stratégie du Maroc de devenir un hub pour l’investissement en Afrique intéresse à plus d’un égard. Elle pousse les entreprises espagnoles à faire plus d’efforts pour conclure des joint-ventures avec celles du Maroc afin d’approcher le marché local mais surtout régional. Pour le responsable, il n’y a pas de doute à cela le Maroc a une grande capacité à attirer des investissements et aller investir dans les pays de l’Afrique subsaharienne. À travers ce prisme, le partage du know-how peut être bénéfique aux entreprises de part et d’autre, l’énergie, les infrastructures et l’environnement profitant de la COP 22, qui aura lieu en fin d’année au Maroc. Ces partenariats peuvent être davantage profitables dans les secteurs des ER, des infrastructures, de l’automobile et de l’ingénierie.