Maroc : comment les fonctionnaires vivent la crise ?
Une enquête lancée le 10 août auprès des fonctionnaires par le ministère de l’Économie, des finances et de la réforme de l’administration, en collaboration avec la Banque mondiale, vise à déterminer si les conditions sont réunies pour instituer le télétravail dans l’administration publique marocaine.
C’est parti, l’enquête sur la pandémie, menée auprès des fonctionnaires par le Département de la réforme de l’administration du ministère de l’Économie, des finances et de la réforme de l’administration (MEFRA), en collaboration avec la Banque mondiale (BM), a démarré lundi dernier. Officiellement, l’objectif visé à travers cette initiative, également lancée dans d’autres pays par l’institution de Bretton Woods dans le cadre d’une enquête internationale auprès des fonctionnaires des administrations publiques (Global Survey of Civils Servants), est double. En effet, l’enquête, qui va durer jusqu’au 30 septembre prochain, vise, à la fois, à identifier les difficultés auxquelles les agents de l’administration publique sont confrontés dans l’accomplissement de leur travail dans l’actuel contexte de pandémie ; mais également elle cherche à déterminer les leçons et enseignements à tirer de cette crise sanitaire pour aider le gouvernement à mieux soutenir les fonctionnaires par l’amélioration des conditions de travail dans l’administration publique.
Quelle gestion du stress ?
Les fonctionnaires, désireux de participer à l’enquête, sont invités à renseigner un questionnaire de 44 questions dont les 4/5 sont des questions fermées. Autant dire que ses concepteurs, en l’occurrence les experts du MEFRA et de la BM ont donc tout fait pour que le temps de réponse au questionnaire soit le plus court possible. Après l’identification (ministère, lieu de travail, région, niveau de responsabilité, etc…), le fonctionnaire est très rapidement interpellé sur sa gestion du stress physique et émotionnel dû à la pandémie. Ensuite, il est interrogé sur sa santé psychologique, puis sa santé physique, histoire de voir jusqu’à quel point il a été affecté par la pandémie. Juste après, commence la partie qui a réellement motivé le lancement de l’enquête, à savoir : l’exercice de l’activité professionnelle durant la période de confinement. Et là, en y regardant de près, on relève qu’il y a une forte insistance sur le télétravail, « la trouvaille du siècle » imposée partout dans le monde par la pandémie Covid-19.
Plus d’un quart du questionnaire consacré au télétravail
Plus de 11 questions, soit ¼ du questionnaire est consacré à cette thématique, ce qui veut dire qu’en fait, l’objectif de cette enquête c’est plutôt de déterminer si les conditions sont réunies pour instituer le télétravail dans l’administration publique marocaine. En effet, dès la première question portant sur comment avez-vous exercé votre activité professionnelle pendant le confinement, le télétravail est suggéré parmi les réponses. Ensuite, les questions fusent sur le télétravail où aucun aspect n’a été oublié. Pour ceux qui n’ont pas pu faire du télétravail, il leur est demandé qu’est-ce qui les en a empêché. Qu’est-ce qu’il leur faut comme ressources pour faire du télétravail (connexion internet, ordinateur, téléphone, système numérique de gestion collaboratif, serveur VPN/ connexion à distance, etc…) ? Pour ceux qui ont pu faire du télétravail, quelles technologies ils ont utilisé (téléphones, outils et plateformes collaboratifs (Zoom, Webex, Skype, Slacks, Teams), systèmes de messagerie (WhatsApp), dossiers partagés (OneDrive, Dropbox, GoogleDrive, GoogleDocs) ? Pour ceux qui ont rencontré des difficultés en travaillant à distance, à quels types d’obstacle ont-ils fait face (manque de ressources ou faible maîtrise des outils technologiques) ? Pour les patrons et chefs d’équipes, est-ce qu’ils ont pu atteindre leurs objectifs en s’adonnant au télétravail ? Ont-ils trouvé des avantages au télétravail ? Est-ce que le télétravail sera efficace même après la pandémie ? Faut-il instaurer le télétravail pour certains métiers ? Quels sont les pré-requis pour généraliser le télétravail ? Bref, des questions qui balaient tout le spectre couvert par le télétravail qui, visiblement, a de beaux jours dans les entreprises publiques et privées. D’ailleurs, certaines n’ont pas attendu de résultats d’enquêtes pour l’adopter…définitivement en raison de ses nombreuses vertus.
AZIZ DIOUF / Les Inspiration ECO