Marché du travail. Malgré le vieillissement, la pression continue

La tranche d’âge de la population âgée de 15-59 ans est passée de 62,4% en 2014 pour atteindre son maximum en 2018.
La structure démographique marocaine connaît une tendance lourde d’augmentation de la part des personnes âgées dans la population marocaine. Les projections du Centre de recherche et d’étude démographique (CERED) du Haut commissariat au Plan (HCP), font ressortir, également, un le vieillissement accéléré de la population lié essentiellement à la baisse de la mortalité, à l’allongement de l’espérance de vie, à l’amélioration des conditions de vie des citoyens et à la diminution de la fécondité. La proportion des personnes âgées de 60 ans et plus, qui ne représente en 2018 que 10,5% de la population, augmenterait alors pour atteindre 15,3% en 2030. La proportion des séniors dépasserait, même celle des jeunes en 2050, le ratio de vieillesse2 passerait, ainsi, de 16,7% en 2018 à 24,5% en 2030 et à 39,3% en 2050. En comparaison avec un échantillon de pays émergents, le taux moyen d’accroissement démographique au Maroc entre 2015-2025 serait de l’ordre de 1%. Il est de l’ordre de 1,15% pour le Mexique et de -0,78% pour la Bulgarie. Néanmoins, la population marocaine est relativement jeune (27,4% de la population est âgée de moins de 15 ans en 2018 contre 14,4% pour la Bulgarie, 24,0% pour la Tunisie et 33,3% pour l’Egypte).
Les personnes âgées de 65 ans et plus représentent une proportion relativement faible de 7,0% pour le Maroc en 2018 contre 20,5% pour la Bulgarie, et 8,3% pour la Tunisie. Le Maroc est en phase avancée de transition démographique qui se traduit par une baisse de la part des moins de 15 ans pour atteindre 26,6% en 2018 contre 31 % en 2004 et une hausse de la tranche d’âge des plus de 60 ans de 10,5% en 2018 contre 8% en 2004. Entre temps, la tranche d’âge de la population âgée de 15-59 ans est passée de 62,4% en 2014 pour atteindre son maximum en 2018 (62,9% selon les projections du Centre des Recherches et Etudes Démographiques du HCP), exerçant, ainsi, une forte pression démographique sur le marché du travail dans les années à venir. La baisse du taux de fécondité, constatée durant la période intercensitaire et selon la note sociale du ministère de l’Economie et des Finances a favorisé la réduction de la taille moyenne des ménages qui a diminué au niveau national de 5,0 en 2004 pour atteindre 4,5 personnes par ménage en 2018.
Par milieu, cet indicateur est de l’ordre de 5,2 personnes par ménage en 2018 contre 6,0 en 2004 dans les zones rurales et de 4,3 en 2018 contre 4,8 en 2004 dans les zones urbaines. La croissance annuelle moyenne de l’effectif des ménages est plus rapide en milieu urbain (3,3% l’an entre 1994 et 2018) qu’en milieu rural (1,01% l’an) en lien, notamment, avec la dynamique démographique plus accélérée pour les citadins. Par ailleurs, selon les résultats du RGPH 2014, la structure des ménages révèle que 7,2% des ménages sont constitués d’une seule personne, notamment en milieu urbain (8,2% des ménages urbains contre 5,2% pour les ruraux), contre 46,5% des ménages constitués de 5 personnes ou plus (40,4% en milieu urbain et 58,8% en milieu rural).
En outre, les changements de comportement de la nuptialité au Maroc, qui se caractérisent par une hausse du célibat et une avancée de l’âge moyen du mariage, se sont traduits par une baisse du taux brut de natalité de 37,2‰ en 1982 à 24,2‰ en 1994 et à 16,9‰ en 2018 au niveau national. En milieu rural, cet indicateur a baissé de 21,5 points depuis 1982 pour atteindre 18,1‰ en 2018, contre une baisse de 15 points en milieu urbain où il se situe à 16,2‰. Le recul de l’âge moyen au premier mariage a également fait chuter le taux de fécondité général1 des femmes âgées de 15 à 19 ans de 60,5‰ en 1986 à 19,3‰ en 2018 selon l’ENPSF 2018. Cette baisse, traduit le recul des mariages précoces à la faveur de l’éducation des femmes et de leur implication dans la vie active. Ces évolutions ont abouti à la baisse de l’indice synthétique de fécondité2 de 4,5 enfants par femme en 1987 à 2,38 en 2018. Cet indice reste plus élevé en milieu rural (2,8 enfants par femme en 2018) qu’en milieu urbain (2,12 enfants par femme en 2018).
Un taux d’activité logiquement en baisse
Cette tendance démographique a également eu pour conséquence une baisse du taux d’activité, essentiellement en milieu urbain, s’explique par le recul important de l’offre de travail des jeunes âgés de 15 à 24 ans qui participent de moins en moins au marché du travail (certains prolongent la durée de leur scolarité et d’autres se retirent du marché du travail face aux difficultés croissantes d’insertion). Elle est due également à la faible participation des femmes dans l’activité économique, expliquée par la répartition traditionnelle des rôles dans le ménage, la scolarisation croissante des filles et l’allongement de leur scolarité, le statut matrimonial en particulier les femmes mariées, etc. ce qui engendre la prédominance du sous-emploi et de l’emploi non rémunéré des femmes.