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Maintien du taux directeur : un signal plutôt positif pour les PME

Au moment où la plupart des banques centrales serrent la vis face à une inflation galopante, Bank Al-Maghrib, quant à elle, opte pour le soutien à l’économie nationale en maintenant inchangé son taux directeur. Quel impact sur les PME ? L’avis d’un spécialiste. 

Ainsi, Bank Al-Maghrib (BAM) a décidé, à l’issue d’une réunion organisée mardi à Rabat, de maintenir inchangé son taux directeur à 1,5%, tout en continuant à suivre de près l’évolution de la conjoncture nationale et internationale. Le maintien du taux directeur -qui donne un signal fort sur la non durabilité de l’inflation, renforçant la thèse du phénomène transitoire- comporterait de nombreuses vertus, notamment en termes de création d’emplois, de croissance et de valeur.

Mais concrètement, que peuvent attendre les PME de cette décision susceptible d’alimenter les banques et de soutenir la liquidité des entreprises ? Si on croit Abdelghani Youmni, la question ne se pose même pas. En effet, soutient l’économiste, ce choix, qui est tout sauf une surprise, est en phase avec l’orientation de la politique monétaire accommodante du Maroc qui favorise des conditions de financement adéquates et le relèvement de 1/4 de point ne semble ni excessif ni bloquant pour les entreprises et les investisseurs.

«C’est un signe plutôt positif. Un taux directeur à 1.5% est un appui au secteur industriel, aux investissements dans les infrastructures publiques, à l’immobilier, tant neuf que de deuxième main, et enfin aux divers projets de relance de l’économie lancés par les deux gouvernements successifs.

Pour rappel, ces projets avaient pour finalité d’endiguer la pandémie et ses effets sur l’emploi et la croissance économique, d’encourager l’investissement, de rassurer les actionnaires et les chefs des PME», soutient le spécialiste des politiques publiques, qui se déclare également convaincu que le choix de BAM constitue une aubaine pour «les PMI qui craignent la spirale de l’inflation et le retour des taux variables, principal facteur d’érosion des actifs des entreprises et accélérateur des taux d’endettement».

L’inverse serait une contrainte d’offre de crédit
Toutefois, poursuit-t-il, l’augmentation du taux d’intérêt induit une baisse de l’offre de monnaie et aurait, comme externalité positive, une hausse de l’attractivité des investissements directs étrangers et une relative appréciation du dirham qui rendrait les importations moins chères et les exportations plus onéreuses.

À l’inverse, une baisse des taux d’intérêt créerait, en général, une contrainte d’offre de crédit conjuguée à une dépréciation du cours de change de la monnaie locale entraînant ainsi une spirale inflationniste et des spéculations sur la dette publique, soutient notre interlocuteur.

Cela, dit-il, paraît difficile de remettre en cause la décision de BAM. Après tout, la maîtrise de l’inflation demeure au centre des préoccupations de toute banque centrale, notamment dans un contexte marqué par de fortes tensions inflationnistes et un stress hydrique inquiétant pouvant ralentir la croissance économique.

Cependant, il faut noter que Fitch Ratings a prévu une augmentation par BAM de 25 points du taux directeur, l’objectif étant de poursuivre la politique de resserrement pour stabiliser les prix face à une croissance faible. Maintenu à 1,5% depuis avril 2021, le taux directeur du dirham était de 2,25% en 2019.

Ces choix d’un taux directeur maîtrisé ont permis, sur plus de soixante ans, de maintenir l’inflation à seulement 4,5% en moyenne ce qui faire du Maroc l’un des pays les moins inflationnistes du continent africain voire du monde. Le dirham est également réputé être une monnaie flexible mais trop peu volatile.

Abdelghani Youmni
Économiste, spécialiste des politiques publiques

“Mais au-delà de toute anticipation, ce sont les évolutions de la conjoncture économie internationale, les cours des hydrocarbures et le niveau de l’inflation dans l’Union Européenne, principal partenaire économique du Maroc, qui pourront influencer les évolutions du cours de change du dirham, le taux de l’inflation et les décisions à prendre en matière de taux directeur”.

Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO


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