Madrid s’impatiente
Le compte à rebours pour le renouvellement de l’accord de pêche a commencé. Après les professionnels, c’est au tour de l’administration espagnole de lancer un appel aux institutions communautaires pour initier un nouveau round de négociations. L’actuel protocole arrivant à échéance en septembre 2018, le gouvernement espagnol espère que le processus de négociation sera plus «souple» afin d’éviter une longue période d’absence des pêcheries marocaines de la flotte espagnole. Celle-ci est la principale bénéficiaire des licences accordées par le Maroc où 90 embarcations originaires des Canaries et d’Andalousie, en grande mesure, viennent jeter leurs filets dans nos zones de pêches. Lors d’une rencontre, le secrétaire général du ministère de la Pêche, Alberto Lopez-Asenjo a estimé que le temps presse et que le calendrier est «très serré». Selon ce responsable espagnol, les prochains mois sont «fondamentaux» pour que Rabat et Bruxelles s’accordent sur une reconduite du protocole. Seulement Madrid retient son souffle et ne cache pas sa prudence.
D’après ce haut responsable, «le tribunal européen devrait rendre en janvier un verdict concernant l’exercice des bateaux européens dans les pêcheries du sud». Selon Lopez-Asenjo, les filières marocaine et espagnole sont confiantes quant à l’adoption d’une décision favorable permettant la continuité de l’activité dans les pêcheries marocaines. Concernant les négociations, Madrid estime que les mois de février et mars seront «cruciaux» dans la mesure où l’avenir dudit pacte s’y jouera. Mieux encore, Lopez-Asenjo a même indiqué qu’il serait judicieux qu’un accord soit bouclé durant avril afin que le Parlement européen et son homologue marocain puissent le ratifier à temps. Au vu des derniers rebondissements dans le processus judiciaire concernant les accords euro-marocains et l’arrêt de la Cour de justice européenne, les négociations ne seront pas une mince affaire.
D’abord, le mandat de négociation n’est pas encore adopté par le Conseil de l’UE. La publication du rapport d’évaluation du pacte élaboré par la Direction des affaires maritimes de l’Exécutif européen indique que ce mandat pourra être délivré prochainement. Cependant, reste un front qu’il ne faut pas sous-estimer, celui du Parlement européen dont l’actuelle composition augure d’un passage sans heurts sous l’hémicycle communautaire. Toutefois, sa ratification ne sera pas une partie de plaisir non plus. Le groupe populaire, la droite européenne favorable au pacte est majoritaire certes avec 221 sièges sur 751. Elle est talonnée par les socialistes, représentés par 192 eurodéputés. Toutefois, les Verts, qui se sont toujours élevés contre ce protocole peuvent jouer au trouble-fête. Seulement, les eurodéputés socialistes espagnols peuvent faire défection en cas de niet de leurs camarades européens.
En effet, l’accord de pêche est un dossier qui fait l’unanimité au sein des deux historiques espagnols, à savoir le PP et le PSOE. Exception faite pour la Gauche unifiée, dont les eurodéputés ont l’habitude de s’aligner sur la thèse des séparatistes. En somme, 2018 sera une année cruciale pour paraphraser le responsable espagnol pour non seulement le pacte de pêche mais aussi le rapprochement maroco-européen.