Éco-Business

Les dirigeants face au défi de la transformation

La difficulté de la transformation de l’entreprise n’est pas technique, mais plutôt humaine. Telle est la principale conclusion, de la 1re édition du congrès international des dirigeants, tenu en fin de semaine, à Marrakech.

Restructuration ou réorganisation ? Ces deux mots renvoient à une même réalité : la transformation de l’entreprise. Et pour maintenir la course à la croissance, les dirigeants font appel systématiquement à cet exercice permanent pour s’adapter à leur environnement économique.

Cependant, ce processus qui a été au centre des discussions, en fin de semaine, à Marrakech, lors de la 1e édition du congrès international des dirigeants, initié par Financité est également synonyme de perturbation, mais aussi de dysfonctionnements au sein de l’entreprise. Au-delà des modes de management que peuvent l’accompagner, c’est une forte culture d’entreprise avec une transformation humaine qui peut éviter la déstabilisation du bon fonctionnement de l’entreprise. «La difficulté de la transformation n’est pas d’ordre technique, mais plutôt humain. C’est pourquoi, la clé de la transformation est, avant tout, une culture d’entreprise ancrée en plus de la question de la formation», explique M’hamed El Moussaoui, directeur général d’Al Barid Bank. Mais pour réussir la transformation au sein de l’entreprise, d’autres paramètres sont indispensables. Et la question qui suit immédiatement, au-delà de la mise en place de la vision stratégique et le plan de développement est le degré de préparation du top management. «Les dirigeants qui pilotent la transformation souffrent à hauteur de 55% au Maroc de stress et de fatigue, d’où la nécessité de transformer cet environnement hostile», précise Alexandra Montant, directeur général adjoint de Rekrute. Deuxième conclusion de la 11e enquête réalisée par Rekrute sous forme de baromètre au sujet du moral des managers et l’avis des dirigeants marocains sur leurs entreprises. «Bien que 48% d’entre eux ressentent un fort sentiment d’appartenance vis-à-vis de leur entreprise, respectivement 24 et 10% éprouvent de l’indifférence en plus du rejet de l’entreprise contre 18% qui ressentent de la fierté», ajoute Alexandra Montant.

Du côté de Issam El Maguiri, président de l’Ordre des experts comptables, «la transformation affecte également la santé des employés. Et quel que soit son impact social de la transformation ou la restructuration, il convient d’anticiper les effets à travers des opérations de pilotage surtout pour les PME», explique-t-il. À cela s’ajoutent, le lancement le développement de l’employabilité et le lancement de pistes de recherche. 


«La croissance de l’entreprise marocaine est tributaire de sa capacité à innover»

Hamid Bouchikhi
Professeur de management et entrepreneuriat, directeur du centre Impact entrepreneurship Essec, France.

Les Inspirations ÉCO :  La question de la transformation constitue un énorme défi pour les entreprises, surtout les PME. De quelle façon les dirigeants peuvent-ils réussir ce processus ?  
Hamid Bouchikhi : Il faut d’abord que les patrons et dirigeants soient ambitieux sur le plan de la croissance. Le reste viendra avec un projet de développement sur la base duquel ils connaîtront la transformation adéquate, que ce soit au niveau stratégique, organisationnel ou au niveau des systèmes d’information et bien d’autres. Il faut savoir aussi que cette croissance de l’entreprise marocaine est tributaire de sa capacité à innover dans tous les domaines. L’innovation n’est pas au sens scientifique, mais dans la manière de faire et dans des métiers extrêmement traditionnels.  

Mais est-ce que les entreprises surtout les PME ont les moyens de faire appel à des compétences pour mener cette innovation ?
Les moyens suivent toujours l’ambition. Le problème au Maroc et notamment pour les entreprises n’est pas lié aux moyens, mais plutôt à une vision stratégique avec un projet de développement. Le Maroc est un pays riche qui est doté d’un marché de 34 millions d’habitants. Et il est aussi intégré dans le commerce mondial avec des espaces vitaux énormes pour les entreprises (MENA, Afrique et bien d’autres).

Actuellement, est-ce que la croissance des entreprises marocaines est satisfaisante ?
Elle n’est pas du tout satisfaisante. Nous avons très peu d’entreprises qui ont connu des croissances spectaculaires. Mais celles-ci restent très modestes, car il ne faut pas oublier qu’au total notre PIB est égal à 100 milliards de dollars. Beaucoup d’entreprises sont dans un périmètre identique à celui de 10 ou plus de 15. Les entreprises marocaines ont beaucoup plus de potentiel que ce qu’elles réalisent. Nous sommes dans une situation économique difficile et le secteur privé doit jouer son rôle.  

Vous aviez qualifié l’économie marocaine d’un moteur qui étouffe, pourquoi ?
L’économie marocaine ne produit pas suffisamment de richesse pour absorber la demande en termes d’emplois et répondre aussi aux attentes sociales afin de réduire les inégalités. L’amélioration du bien-être de 34 millions d’habitants, ne peut pas se faire avec un PIB qui est autour de 100 milliards de dollars, soit 3.000 dollars en moyenne par habitant et mal distribuée, ce qui place le Maroc au 123e rang mondial.  


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