Éco-Business

Les associations du consommateur chargent le gouvernement

La Fédération nationale des associations du consommateur (FNAC) a rendu publique sa lettre ouverte au gouvernement. Décryptage du texte et du contexte de cette missive.

«La patience du consommateur a des limites et, malheureusement, il les a atteintes», prévient la Fédération nationale des associations du consommateur (FNAC) dans sa lettre ouverte adressée à dix ministres membres de l’Exécutif (Droits de l’Homme, Commerce, Affaires générales, Agriculture, Santé, Intérieur, Justice, Éducation nationale, Tourisme et Équipement).

Le boycott bouscule le mouvement consumériste
Conséquence de cette situation, selon ce rassemblement d’associations de consommateurs: «Il n’est donc pas étonnant de voir des personnes et des organisations bien ou malveillantes récupérer le désarroi, le désespoir et la colère du consommateur pour se mettre au devant de la scène, faire du buzz et confisquer sa cause afin de servir des intérêts personnels et/ou partisans masqués sous des aspects d’intérêt général». Dans cette missive au ton offensif, la FNAC ne se prive pas de critiquer la démarche du mouvement de boycott: «Il est tout à fait naturel que le pauvre consommateur perde confiance dans les institutions censées le représenter et se jette entre les bras de quiconque fera écho de sa souffrance, attisera sa colère même avec un discours dénué de sagesse, contradictoire voire incitant à la haine et menaçant la paix sociale». Pour pallier cette situation, la FNAC appelle à activer les missions de la fédération, du Conseil de la concurrence et du Conseil consultatif supérieur de la consommation (CCSC). Cette sortie musclée intervient dans un contexte où les consommateurs, mobilisés dans la campagne de boycott, orientent leurs actions sur les réseaux sociaux, au lieu de s’adresser à des acteurs institutionnels, dénotant une nouvelle fois de la faiblesse des acteurs d’intermédiation dans la société marocaine.

Les griefs de la fédération
La FNAC est consciente du risque de marginalisation qui pèse sur son action, du fait du succès populaire de l’actuelle campagne de boycott. Pour cette raison, les associations veulent activer les leviers prévus par la loi 31-08 sur la protection du consommateur. «Nous avons fait un pas en avant pour plusieurs pas en arrière. À quoi sert une loi si on fait tout pour la rendre inapplicable en tergiversant sur les décrets et les termes d’application ?», lance la FNAC au gouvernement. La fédération remet en cause les engagements du gouvernement: «Tout porte à croire que cette loi a été promulguée pour agrémenter un discours politique officiel, séduire des partenaires étrangers, améliorer un quelconque classement du Maroc au niveau international, ou simplement pour bénéficier d’un don, d’un programme ou d’un statut avancé». Si la FNAC est en colère, c’est que les atteintes aux droits du consommateur se multiplient. «Des infractions caractérisées sont commises et les coupables ne sont pas inquiétés ou rarement sanctionnés. Certains producteurs/fournisseurs refusent ouvertement d’appliquer les lois et, au lieu de les punir, on cherche à adapter la loi selon leurs desiderata», accuse la FNAC dans le même document. Les griefs de cette fédération sont légion: ententes sur les prix, coalitions tacites pour fixer ou hausser ces prix. «Sous les yeux et peut-être avec la bénédiction des instances de tutelle, certains producteurs/fournisseurs font des actions concertées, des ententes ou coalitions expresses ou tacites pour fixer les prix, et par conséquent fausser le jeu de la concurrence qui devrait normalement être en faveur des consommateurs et non le contraire», déplore la FNAC. Et cette fédération de conclure: «le mouvement consumériste au Maroc reste dubitatif quant à l’attitude et à la démarche de l’État, à la lenteur et à la légèreté du traitement de la question de la protection du consommateur». 


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