Le port de Casablanca génère la moitié du chiffre d’affaires
Une première depuis 2008, Marsa Maroc a réussi à afficher une croissance à deux chiffres du trafic géré par ses équipes au cours de l’année 2016. En revanche, trois ports ont vu baisser leur contribution au chiffre d’affaires, en particulier celui de Mohammedia qui a subi, de plein fouet, les conséquences de la faillite de la raffinerie Samir.
Que pensez-vous du mandat du ministre de tutelle sortant, Aziz Rabbah ? Quelles sont les attentes de Marsa Maroc pour le nouveau gouvernement qui devra tôt ou tard dévoiler son plan d’action quinquennal ? Lors d’un point de presse organisé jeudi à Casablanca à l’occasion de la présentation des résultats annuels 2016, le président du directoire de Marsa Maroc, Mohamed Benabdeljalil, a préféré ne pas répondre à ces questions qui, à ses yeux, relèvent du domaine «politique». Ce qui ne l’a d’ailleurs pas empêché d’écourter sa présence face aux journalistes et analystes de la place, car il devait assister à la cérémonie de passation de pouvoirs à la tête du ministère de l’Équipement, du transport, de la logistique et l’eau, entre les deux ministres PJDistes, Aziz Rabbah et Abdelkader Amara. Interrogé sur la stratégie de l’entreprise à l’international, le patron de Marsa Maroc ne cache pas ses ambitions, notamment en Afrique subsaharienne, malgré la rareté des opportunités dans un secteur aussi capitalistique que celui de l’exploitation des ports. «Nous avons identifié un certain nombre de projets. Le principal dossier sur lequel nous nous sommes engagés se trouve au Ghana», rappelle Benabdeljalil. Il s’agit d’un terminal minéralier avec deux grands clients exportateurs de minerais et une partie réservée à l’import de clinker.
En effet, suite à un appel d’offres lancé par l’autorité portuaire au Ghana, Marsa Maroc a été présélectionnée aux côtés de trois autres entreprises concurrentes. Le calendrier de cette compétition a dû être repoussé en raison des élections présidentielles au Ghana. «Nous avons remis notre offre suite à la présélection. Nous serons fixés à ce sujet d’ici dans les semaines à venir», prévoit Benabdeljalil.
Le Ghana dans le viseur
Cotée à la Bourse de Casablanca, depuis le 19 juillet dernier, Marsa Maroc affiche un chiffre d’affaires en hausse de 18%, entre 2015 et 2016, pour atteindre 2,6 MMDH, soit un volume additionnel de 400 MDH. C’est la première fois, depuis 2008, que le management observe une croissance à deux chiffres. Cette hausse, ajoute-t-on, s’explique surtout par la performance du segment conteneurs (+16% en volume) ainsi que les vracs solides, notamment les céréales et les aliments de bétail.
L’entreprise fait clairement mieux que le marché puisque le trafic portuaire à l’échelle nationale n’a augmenté que de 11% culminant à 90 millions de tonnes, tiré par une forte concentration de l’import conteneurisé sur les grands projets d’infrastructure (Centrale solaire Noor, Station thermique Jerada, le projet LGV de l’ONCF, etc.). Notons aussi la mise en service, à partir du 1er septembre, du nouveau terminal nord au port d’Agadir par le biais de la filiale, SMA, dont Marsa Maroc est actionnaire à hauteur de 51%.
C’est le cas aussi du terminal à conteneurs TC3 au port de Casablanca, devenu opérationnel depuis le 24 octobre dernier. L’activité au port de Casablanca continue de drainer l’essentiel du business avec une contribution à hauteur de 56% au chiffre d’affaires consolidé au titre de l’année 2016.
En revanche, trois autres ports ont vu leur part accuser une légère baisse, en l’occurrence ceux de Jorf Lasfar (dont la contribution est passée de 10 à 8%, due à l’arrivée d’un concurrent qui gère le terminal pétrolier), de Tanger Med (de 3 à 2%) et de Mohammedia (de 8 à 7% en lien avec l’arrêt de la raffinerie de Samir). La suspension du trafic de pétrole brut destiné habituellement à la raffinerie de Mohammedia a été, en partie, compensée par l’import du pétrole raffiné, non seulement au port de Mohammedia, mais aussi à Jorf Lasfar et à Tanger Med. Sachant que Marsa s’offre une marge relativement importante quand il s’agit de pétrole raffiné.
Les résultats de l’année 2016 font état d’un renchérissement des charges d’exploitation (+13% à 1,76 MMDH), en lien avec la mise en service de nouvelles concessions, la hausse de la masse salariale suite à la distribution d’une prime de 90 MDH à l’occasion de l’IPO. Le résultat net ressort, quant à lui, en hausse de 55% à 580 MDH. Côté endettement, l’exercice 2016 a été marqué par la signature, à travers la filiale TC3PC, d’un contrat relatif à un emprunt sur 15 ans d’un montant de 770 MDH avec un consortium bancaire composé des groupes Attijariwafa bank, BCP et BMCE Bank, pour le financement du nouveau terminal à conteneurs TC3 au port de Casablanca. S’agissant enfin des prévisions de l’année 2017, le management s’attend à un niveau d’activité identique à celui observé en 2016.