Éco-Business

Le Groupe OCP optimiste pour l’année 2017

Les dirigeants du groupe OCP restent prudents quant à l’évolution du prix des phosphates sur le marché international. Le comportement des opérateurs chinois sera suivi de près, sans omettre l’effet-volume des nouvelles capacités de production d’engrais qui seront opérationnelles dès cette année.

En surcapacité de production, les Chinois continuent d’inonder le marché mondial des phosphates, provoquant une baisse sensible des prix. Celle-ci atteint près de 20% dans le segment des engrais pour la seule année 2016. Les opérateurs du pays de Mao, du moins certains d’entre eux, ont dû essuyer des pertes lors de la vente de leurs stocks. Face à ce contexte difficile, le groupe OCP s’en sort plutôt bien, affichant de belles réalisations commerciales et financières. Une roche phosphatée de bonne qualité, des mines de grande taille, la proximité des ports, sont autant de facteurs à l’origine de la résilience dont a fait preuve le groupe. Sa force réside dans sa capacité de maîtrise du coût de revient, le plus bas du marché mondial.

À quelque chose, malheur est bon: la baisse des prix a eu pour effet d’améliorer sensiblement le pouvoir d’achat des fermiers. Par conséquent, les exportations vers l’Afrique ont augmenté de 70% pour 1,7 million de tonnes (Mt) en 2016 contre 1 Mt en 2015.

Mieux encore, du côté de l’Amérique latine, le redressement de la demande provenant notamment d’Argentine et du Brésil s’est traduit par une augmentation de 900.000 tonnes du volume exporté. Vendredi dernier, lors d’une rencontre informelle avec les médias, le top management du groupe OCP s’est montré satisfait des avancées réalisées dans le développement de sa gamme de produits dits de spécialité, adaptés aux besoins spécifiques des sols, particulièrement en Afrique. Les résultats de cette démarche n’ont pas tardé à se manifester puisque, à eux seuls, les produits de spécialité ont généré 25% des exportations d’engrais en 2016. Sachant que ces derniers, à leur tour, ont drainé 50% du chiffre d’affaires global du groupe OCP.

La priorité au cash-flow
Malgré le contexte difficile du marché mondial des phosphates et dérivés, le groupe présidé par Mostafa Terrab a choisi de continuer d’investir, en ligne avec le vaste programme de 20 milliards de dollars lancé en 2008. «Le plus dangereux aura été d’arrêter d’investir dans un cycle baissier. La première vague des investissements sera achevée d’ici fin 2017», apprend-on du management de l’OCP. Cette première vague comprend les projets d’extension de la mine de Khouribga, le pipeline reliant Khouribga à Jorf Lasfar, l’extension du port de Jorf Lasfar, la construction de 4 nouvelles usines d’engrais ainsi que l’unité de désalinisation à Jorf Lasfar.

Cela dit, le groupe ne compte pas enchaîner immédiatement avec une deuxième vague d’investissements. «Nous avons réalisé différents investissements d’infrastructure qui vont nous permettre de produire une capacité additionnelle de 3 millions de tonnes de fertilisants d’ici 2020 à un coût très compétitif», ajoute-t-on. Le niveau d’endettement net du groupe rapporté à l’EBITDA (situé à 2,9) est jugé quant à lui «normal», eu égard à l’ampleur des investissements engagés. En voulant préserver la notation «investment grade» octroyée par les agences de rating, le groupe OCP affirme adopter une politique de financement très conservatrice.

En effet, les 5 MMDH levés en décembre dernier sous forme d’emprunt obligataire subordonné perpétuel (sursouscrit deux fois) ont permis de préfinancer une bonne partie des besoins programmés en 2017, lesquels vont s’ajouter au cash-flow opérationnel. «Nous ne prévoyons pas d’autre grosse opération de financement à court terme, aussi bien sur les marché local qu’international», annonce le management. Il faut compter au passage l’apport des institutions de financement de développement (BID, BEI, BAD, etc) qui, habituellement, débloquent leur financements au fur et à mesure de l’état d’avancement des projets concernés par les lignes de crédit mobilisées auprès d’elles. En abordant les prévisions du marché mondial des phosphates, les dirigeants de l’OCP restent prudents. Si l’on sait que la demande provenant des marchés «naturels» du groupe marocain continuera à croître, notamment en Afrique et en Amérique latine, tout dépendra désormais du comportement des opérateurs chinois. Vont-ils continuer à vendre à perte leurs phosphates? Vont-ils faire preuve d’un peu plus de rationalité en favorisant une amélioration des prix? Une chose est sûre, l’inversement de la tendance n’est pas pour tout de suite. Le top management de l’OCP en est pleinement conscient et sait au moins que le salut viendra de l’effet des volumes additionnels des nouvelles unités de fertilisation dont le démarrage est prévu pour cette année. 



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