Éco-Business

Le coup de pouce de la CGEM

Plus d’une centaine de chefs d’entreprise ont pris part au Conseil national de l’entreprise (CNE), tenu hier mardi 6 février à Errachidia. Le patronat plaide pour la mise en place d’une feuille de route impliquant à la fois le public et le privé afin de soutenir le développement économique de la région Drâa Tafilalet. Invités par la CGEM, les ministres de l’Équipement et du Tourisme, Abdelkader Amara et Mohamed Sajid, ont saisi l’occasion pour faire une série d’annonces sur les projets engagés à l’échelle de la région.

Organe de gouvernance de la confédération patronale, le Conseil national de l’entreprise (CNE) s’est une nouvelle fois déplacé en région, un choix inscrit dans le cadre de l’accompagnement de la stratégie de régionalisation avancée et de la politique de proximité adoptée par le patronat. Ce dernier a dû affréter un avion spécial pour faire l’aller-retour depuis Casablanca. La veille, une délégation de la CGEM, présidée par Miriem Bensalah, s’était réunie avec les opérateurs de la région. Tout au long des travaux de ce CNE organisé au cœur du chef-lieu de Drâa Tafilalet, Bensalah est devenue le porte-voix des PME de la région. Offre touristique inadaptée, tourisme cultuel inexploité (comme le Mausolée My Ali Chrif), routes n’aidant pas à la pratique des sports mécaniques (moto), distribution déséquilibrée des marchés publics, délais de paiement dépassant 12 mois, absence de marketing territorial, etc… la plaidoirie de la patronne des Eaux minérales de Oulmès n’a presque épargné aucun secteur. Elle fustige au passage le coût élevé de l’énergie, tout en espérant qu’une partie des énergies renouvelables produites de la future station solaire de Midelt soit accessible aux PME de la région.

Nouvelles dessertes aériennes
La contribution de la région de Drâa Tafilalet, qui abrite 1,6 million d’habitants, au PIB régional demeure faible : 2,6% contre 4,8% pour celle de l’Oriental, ou encore 6% pour la région Sous Massa. Pis, la valeur ajoutée industrielle n’a augmenté que de 1% sur dix ans.
«Cette situation rend nécessaire une politique volontariste, basée sur la mobilisation des ressources. Nous nous attelons actuellement à faire sortir le schéma de développement régional d’aménagement du territoire ainsi que le Plan de développement régional», souligne le wali de Drâa Tafilalet, Mohamed Benribag. En outre, poursuit le wali, un projet de contrat-programme a été préparé suite à la visite du gouvernement au mois d’octobre, s’articulant autour de l’amélioration de la connectivité du territoire, la réduction des disparités sociales, l’établissement de zones industrielles, etc… La région, s’accorde-t-on à le dire, regorge d’énormes potentialités, couvrant plusieurs secteurs : l’agriculture, l’énergie et mines, le tourisme, le cinéma, l’art et la culture. Signe d’une nouvelle démarche volontariste en faveur des opérateurs, le wali insiste sur le nombre de dossiers agréés dans le cadre de la Commission des investissements, soit 131 projets en 2017, contre une moyenne de seulement 38 durant les cinq dernières années. Les participants sont unanimes à dire que la configuration spatiale actuelle ne permet pas à la région de profiter pleinement de ses potentialités, dans le domaine du tourisme en particulier. «Les investissements ne sont pas à la hauteur des défis que doit relever cette région», témoigne Mohamed Sajid, ministre du Tourisme, du transport aérien, de l’artisanat et de l’économie sociale, estimant nécessaire le désenclavement aérien qui persiste malgré l’existence de trois plateformes aéroportuaires à Zagora, Errachidia et Ouarzazate. «Nous n’avons pas mis les moyens pour rentabiliser ces investissements», affirme Sajid en énumérant les projets en cours au titre de la densification des dessertes aériennes, aussi bien sur le pan domestique que celui international. Après le lancement récent du vol reliant Marrakech à Ouarzazate, le ministre annonce l’ouverture prochaine de nouvelles lignes aériennes reliant Fès à Errachidia, puis Errachidia et Ouarzazate aux aéroports du nord. Les études relatives à des vols reliant la région à l’Europe sont aussi en cours. Autre annonce faite par Sajid, la mise en œuvre incessamment de la convention signée il y a quelques jours avec Royal Air Maroc, la région, les communes, qui consiste à renforcer la fréquence des dessertes reliant Casablanca aux aéroports de Ouarzazate et d’Errachidia avec un tarif défiant toute concurrence, fixé à 400 DH pour un aller simple. Par ailleurs, le CNE d’Errachidia a été ponctué par la signature de la Charte du Comité régional de l’environnement des affaires, l’objectif étant de doter la région d’une gouvernance locale du climat des affaires. Au moment où nous mettions sous presse, la CGEM tenait une réunion décisive de son Conseil d’administration, notamment pour fixer le calendrier électoral et la date de la prochaine assemblée générale.…

Les promesses de Amara
S’étendant sur 5.400 km dont 70 % revêtues, le réseau routier de la région présente des niveaux satisfaisants en termes de qualité, selon le ministre de l’Équipement, du transport, de la logistique et de l’eau, Abdelkader Amara. Ce dernier tient à rappeler que le volume de la circulation au sein de cette région ne dépasse guère 3% du volume national, outre la densité routière (65,5 km par 1.000 kilomètres carrés, contre une moyenne de nationale de 80). En termes d’investissements publics, l’Etat a mobilisé une enveloppe de 2 MMDH, pour l’équipement routier de la région. Ce montant a été revu significativement à la hausse pour atteindre 1,8 MMDH pour les projets en cours (2.000 km) au titre des années 2018 et 2019. Le ministre n’hésite pas à relativiser le rendement de ces projets, à ses yeux non avéré en comparaison avec d’autres axes à caractère stratégique).

VOIE EXPRESS RELIANT MEKNÈS À RISSANI VIA ERRACHIDIA
Il s’agit d’un tracé de 381 km, deux fois 7,5 mètres, pratiquement une autoroute sans péage, dixit Amara. Le coût de ce projet est estimé à 4,5 MMDH dont 28 MDH pour les études et près de 100 MDH au titre des expropriations.

L’autoroute Meknès Errachidia
Les études préliminaires ont identifié 9 tracés dont un s’étendant sur 250 km et dont le coût s’élève à 15 MMDH. Il s’agirait d’une autoroute à péage avec un système de péréquation à définir, ce qui va dynamiser le développement économiques des zones desservies le long de cette autoroute.

Le tunnel de Tichka
Outre les travaux en cours d’élargissement de la route nationale N9, deux scénarios sont envisageables et qui font l’objet d’études actuellement, assure le ministre. Le premier privilégiant le tracé entre Amsidel et Iminouaka (5,4 km), pour un coût de 5 MMDH. Le deuxième scénario, le plus plausible d’après Amara, correspond au tracé reliant Askaouer et Agouir via Ourika, long de 10 km et dont le coût s’élève à 12 milliards de DH, selon les estimations priliminaires du ministère qui se réfère à la consultation initiée auprès d’un partenaire japonais. Un coût qui pourrait être optimisé en interférence avec le projet de liaison ferroviaire prévue dans le schéma de développement du réseau de l’ONCF à l’horizon 2040. Le scénari du tunnel via l’Ourika (par ailleurs payant) permet de gagner 78 à 112 minutes (selon la nature du véhicule), contre seulement 20 a 29 minutes pour le scénario expéditif d’un tunnel de 5 km.

Ferroviaire
Amara se réfère au schéma de développement ferroviaire à l’horizon de 2040, lequel prévoit l’équipement de nouveaux axes dont celui reliant Meknès à Errachidia (27 MMDH), ainsi que celui entre Marrakech et Ouarzazate (21 MMDH avec possibilité d’optimisation de près de 25% de coût du côté du tunnel). Seulement, le ministre n’a donné aucune indication sur l’horizon de réalisation des ces projets car cela, dit-il, ne dépend pas uniquement de la volonté de son ministère. Il saisit l’occasion pour appeler les acteurs de la région à faire les arbitrages nécessaires et à définir les priorités en fonction notamment de l’impact socio-économique de chacun des projets.    l


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