Éco-Business

Ismael Belkhayat : “Inclusion financière : Chari ambitionne de s’étendre à toute l’Afrique francophone”

Ismael Belkhayat
Co-fondateur et CEO de Chari

C’est l’un des acteurs marocains qui fait le plus parler de lui ces derniers temps dans le domaine du e-commerce sur la scène continentale, entre acquisitions, distinctions et ambitions africaines. Ismael Belkhayat, co-fondateur et CEO de Chari revient ici sur les projets de développement de Chari sur le continent, avec l’objectif de s’installer dans l’ensemble de l’Afrique francophone. Interview.

Votre startup «Chari» fait beaucoup parler d’elle sur le continent, ces derniers temps. Pouvez-vous nous la présenter ?
Fondée en janvier 2020, Chari est un distributeur digital de produits de grande consommation et de services financiers pour les commerces de proximité en Afrique francophone. Elle a débuté ses activités au Maroc avant de les étendre en Tunisie début 2022. Après une preuve de concept réussie dans le Royaume, l’ambition de Chari est de devenir le leader de son modèle en Afrique francophone.

Quelles sont vos ambitions sur le continent après l’acquisition de la startup ivoirienne «Diago» ?
Notre objectif est de continuer à faire des acquisitions dans différents pays d’Afrique francophone. Nous ambitionnons d’aller dans ces pays en y acquérant des acteurs locaux existants, afin d’étendre nos activités sur place. Comme je le disais, le secret d’une expansion réussie réside dans la mise en place d’une équipe locale qui est dynamiques sur son marché.

Réussir à convaincre des entrepreneurs locaux à s’unir avec Chari, pour grandir encore plus vite, est le véritable challenge de notre expansion. Nous continuerons à fédérer autour de nous, de jeunes et ambitieux entrepreneurs francophones africains afin de créer ensemble un groupe panafricain dans la distribution de produits de grande consommation et de services financiers.

Quelles sont, justement, les particularités de cette acquisition ?
Diago est une application ivoirienne de mise en relation entre boutiques de proximité et producteurs/importateurs de biens de grande consommation. Fondée en 2021 par Amidou Diarra et Ali Ouattara, deux anciens manager de Glovo et PepsiCo, diagoapp.net opère exclusivement à Abidjan.

Ali et Amidou resteront, respectivement, CEO et COO de Diago et s’occuperont de l’expansion nationale de leur activité avant de l’étendre à d’autres pays subsahariens. La transaction a eu lieu principalement en échange d’actions et a été accompagnée par les cabinets AF Legal, RBB international, du côté marocain, et par Houda law firm, du côté ivoirien.

Vous avez été désigné «meilleur startup africaine» lors du dernier Africa CEO Forum à Abidjan. Quel a été votre atout ?
Notre secret et notre particularité, c’est d’avoir un grand impact sur les gens. Nous aidons les petits commerces à mieux acheter, à être plus compétitifs, et donc à survivre à la compétition des grandes et moyennes surfaces. Notre ambition, c’est de faire vivre le e-commerce face aux supermarchés et grandes surfaces.

Nous faisons beaucoup d’inclusion financière en travaillant avec des gens qui n’ont pas de comptes, donc qui ne sont pas inclus dans le système bancaire. Et pourtant, nous leur faisons confiance, en leur donnant des délais de paiement, des outils financiers… C’est ce qui fait de nous une société qui a un fort impact. Cette année, the Africa CEO forum a mis en avant les meilleures startups africaines en créant la catégorie «Disrupteur de l’année».

Cette nouvelle catégorie sélectionne les startups les plus innovantes et disruptives. L’accent est mis sur l’impact de ces entreprises sur leurs communautés en termes d’inclusion financière, d’accès à l’éducation, à la santé et à l’énergie. Je rappelle que les nominés de cette édition sont Chari, Vezeeta, Yassir, Paps et Releaf.

Comment le digital vous permet de mieux atteindre vos cibles sur le continent ?
Le digital nous permet de faire de la communication et du marketing, pour toucher nos cibles que sont les petits commerçants. Ensuite, ces derniers profitent de nos services, ce qui nous permet de récupérer de la data. Ces données nous permettent de faire de l’inclusion financière avec du «credit-scoring», d’analyser les capacités de remboursement de chaque client et de décider ainsi à qui on peut donner du crédit.

Est-ce que vous faites face à une véritable concurrence dans votre secteur d’activité sur le continent ?
Nous avons beaucoup de concurrents, mais qui sont en Afrique anglophone. Ce sont des acteurs qui ont levé, comme nous, énormément d’argent et qui grandissent très vite. Mais ils sont actuellement limités à l’Afrique anglophone. Sur les pays francophones, pour le moment, il n’y a personne.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans votre secteur sur le continent ?
Ces difficultés sont liées au fait que les clients ne sont pas toujours à l’aise avec la technologie. Ils n’ont pas toujours de smartphones. Il nous revient donc de les étudier et de les qualifier sur les outils que nous utilisons.

Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO



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