Immobilier : la demande tente de s’ajuster
Face à une baisse généralisée des prix, le marché immobilier montre des signes d’adaptation. Soutenue par un accès facilité au crédit, la demande évolue, avec un intérêt croissant pour les logements et les terrains en périphérie.
Des grandes avenues de Casablanca aux quartiers périphériques de Tanger, le marché immobilier affiche des signes de recomposition. En effet, selon les données relatives aux indices des prix des actifs immobiliers, publiés conjointement par Bank Al-Maghrib et l’Agence nationale de la conservation foncière, du cadastre et de la cartographie (ANCFCC), les prix des actifs immobiliers ont enregistré une baisse moyenne de 0,2% au troisième trimestre 2024.
Ce repli, bien que modéré, masque des écarts significatifs entre régions. À Casablanca, les terrains ont vu leurs prix reculer de 2,7%, tandis que ceux des biens à usage professionnel ont diminué de 2,2%. Rabat a connu une chute encore plus marquée dans le segment professionnel (-7,5%), illustrant un recul de la demande corporative.
En revanche, Tanger se distingue par une légère hausse des prix résidentiels (+0,6%), signe d’une résilience portée par une dynamique économique régionale favorable. La demande immobilière met en évidence des écarts marqués selon les régions et les segments, révélant les ajustements stratégiques opérés par les acteurs. Contrairement aux attentes d’un ralentissement général, les transactions immobilières ont progressé de 3% au niveau national.
Cette augmentation trouve son origine dans une demande réorientée vers des biens résidentiels situés en périphérie urbaine. À Tanger, par exemple, les ventes ont bondi de 7,1%, tandis que Marrakech et Agadir restent à la traîne, pénalisées par un faible dynamisme à l’échelle locale.
Baisse des taux
Les ajustements de la politique monétaire ont joué un rôle crucial dans cette dynamique. La réduction du taux directeur de BAM à 2,5% a permis un allègement des conditions d’accès au crédit, comme le souligne le dernier rapport de la Banque centrale sur la politique monétaire. Le taux débiteur moyen global a diminué de 22 points de base pour s’établir à 5,21%. Cela a encouragé les ménages à s’engager dans des projets d’acquisition immobilière, notamment dans le segment résidentiel.
Cependant, cette tendance reste freinée par une inflation sous-jacente qui, bien qu’en net repli, continue d’éroder le pouvoir d’achat des ménages. Face à ces évolutions, les acteurs du marché immobilier tentent tant bien que mal de s’adapter.
À Casablanca, les promoteurs multiplient les offres promotionnelles pour écouler leurs stocks d’invendus, sans parvenir à inverser complètement la tendance. Tanger, en revanche, tire parti de ses projets structurants, tels que l’extension portuaire et les zones industrielles, pour maintenir l’attractivité du marché. À Marrakech, malgré le rebond touristique, le secteur résidentiel reste atone.
Ainsi, le troisième trimestre 2024 met en évidence un marché en recomposition, où les disparités régionales reflètent des défis économiques plus larges. Les prochains mois seront décisifs pour déterminer si cette baisse des prix, conjuguée à une réorientation de la demande, pourra insuffler une reprise durable. Face à un climat d’incertitudes, le marché immobilier reflète les hésitations des ménages et des investisseurs, pris entre recherche de bonnes opportunités et crainte de s’engager dans un contexte incertain.
Un marché en recul marqué par des disparités régionales
Les derniers indices des prix des actifs immobiliers, publiés par BAM et l’ANCFCC, confirment une tendance générale à la baisse sur les principaux marchés urbains du Royaume. À Rabat, les prix reculent de 0,6%, tirés par une chute de 7,5% des actifs à usage professionnel, tandis que les transactions plongent de 25,1%.
Casablanca enregistre une baisse plus prononcée, avec des prix en retrait de 1% et des ventes en chute libre de 30,1%. Marrakech, pour sa part, affiche une diminution modérée des prix (-0,5%), mais un effondrement des transactions (-53,5%), particulièrement sur le résidentiel.
Seule Tanger se démarque avec une légère hausse des prix (+0,1%), même si les ventes y reculent de 9,6%. Le ralentissement global témoigne d’un climat immobilier morose, marqué par des ajustements régionaux contrastés.
Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ÉCO