Fuite de données : Plus de peur que de mal !
Alors que la télédéclaration est devenue obligatoire depuis le 1er janvier dernier pour tous les contribuables, le fisc a connu une fuite d’informations censées être confidentielles de quelque 1.000 entreprises. L’opération de communication des codes aux nouveaux adhérents aurait «mal tourné». Selon le fisc, le problème est réglé et aucun incident lié à ce «bug» n’a été enregistré.
Le fisc a-t-il évité de justesse un grand scandale? Alors que la télédéclaration est devenue obligatoire à partir du 1er janvier dernier pour tous les contribuables, la Direction générale des impôts (DGI) a connu une mystérieuse fuite d’informations qui a créé un grand vent de panique chez les adhérents.
Selon nos informations, recoupées auprès de plusieurs sources, une base de données Excel, contenant notamment le numéro de l’identifiant fiscal et le login de quelque 1.000 entreprises, a fuité de la Direction générale des impôts, exposant les sociétés concernées au risque d’utilisation de leurs informations à des fins criminelles. «Le fichier contenait des informations authentiques, donc il ne peut émaner que du fisc. Nous ne savons pas dans quelques conditions le document a fuité, ni pour quelles raisons. Mais nous avons alerté l’Ordre national des experts-comptables afin d’arrêter sa diffusion», nous confie un expert-comptable sous couvert d’anonymat.
Circulez, y a rien à voir !
Pour le fisc, c’est un simple incident qui a été rattrapé. «L’opération de communication des codes aux nouveaux adhérents ne s’est pas faite comme prévu, et nous avons été informés que ces informations ont été diffusées. Mais il s’agissait d’un simple incident qui a été vite rattrapé puisque nous avons régénéré les comptes et donné de nouveaux codes aux personnes concernées», explique Nabyl Lakhdar, directeur de la Facilitation, du système d’information et de la stratégie à la DGI. Néanmoins, la divulgation de ces informations, censées être confidentielles, a plongé les chefs d’entreprises, concernés par la fuite, dans la tourmente. «Tomber dans les mains de personnes malveillantes, ces informations auraient pu être utilisées à des fins criminelles.
En tout cas, la diffusion de ces informations tombe sous le coup du pénal», poursuit l’expert-comptable. Un chef d’entreprise, dont le nom figure sur la liste, est un peu plus inquiet: «à travers mon code d’accès, on aurait pu, par exemple, télédéclarer des chiffres erronés et me mettre en mauvaise posture vis-à-vis du fisc». Heureusement que l’on n’en est pas arrivé là. Aussitôt alertée, la Direction des impôts a essayé de limiter les dégâts. Première action: stopper l’accès aux données des entreprises concernées à travers les codes fuités. Une mesure qui a néanmoins créé un grand chamboulement puisque nombre de sociétés n’ont pas pu accéder au système. «Après plusieurs tentatives échouées, j’ai contacté la direction des impôts pour connaître les raisons du blocage de mon compte. Sans explication, on m’a donné un nouveau code d’accès à utiliser», témoigne ce chef d’entreprise. La transition vers la télédéclaration et le télépaiement (mesure dictée par la loi de Finances 2016 concernant toutes les personnes dont le revenu professionnel et/ou agricole est déterminé selon le régime du résultat net réel ou du résultat net simplifié) ne se passe pas sans difficultés. Fin février 2016 déjà, à 4 jours de la deadline de déclarations des salaires de l’exercice 2015, la plateforme de la télédéclaration avait connu un bug sous l’effet de la forte sollicitation. Les contribuables qui ont choisi les derniers jours pour s’acquitter de cette obligation avaient manifesté leur mécontentement car, passé ce délai, des pénalités de retard sont exigées.
Plus de 300.000 adhérents
Selon Nabyl Lakhdar, directeur de la Facilicitation, du système d’information et de la stratégie à la DGI, la télédéclaration est un franc succès. «Nous avons terminé l’année 2016 avec plus de 300.000 adhérents, alors que l’on n’en comptait que 8.199 à fin 2015», annonce-t-il. Mieux encore, la DGI est en avance sur ses objectifs. «Selon notre prévisionnel, on allait atteindre ce chiffre en fin 2017», précise Lakhdar. Le fisc s’attend à un nouveau score à l’approche du 31 mars, date butoir de la déclaration fiscale. Selon les prévisions de la DGI, il reste encore entre 100.000 et 150.000 entreprises à faire adhérer.