Financement désintermédié : la balle dans le camp des entreprises
L’investissement de la Société gestionnaire de la Bourse ou encore du régulateur, dans le développement de l’offre du marché et la promotion de la place, ne fait aucun doute. Mais pour animer le marché, il faut que les entreprises aient la volonté d’exploiter tout son potentiel, notamment ceux qui ont déjà franchi le pas de l’introduction en bourse. Au cours des cinq dernières années, seulement 20% des entreprises cotées (15 sur 76) ont procédé à au moins une augmentation de capital.
Sur les 2.682 introductions en bourse enregistrées dans le monde en 2021, une seule a été réalisée sur la Place casablancaise. C’est aussi la moyenne annuelle du marché au cours des douze dernières années. L’investissement de la Société gestionnaire de la Bourse ou encore du régulateur, dans le développement de l’offre du marché et la promotion de la place, ne fait aucun doute. En revanche, il faut que les émetteurs aient la volonté d’utiliser les marchés des capitaux pour financer leur croissance. La balle est dans le camp des entreprises.
À son niveau, la Bourse de Casablanca continue de jouer son rôle en multipliant les initiatives, notamment les rendez-vous d’échanges avec les entreprises. Bien qu’il y ait encore des marges de progrès du côté de l’offre, le véritable défi est de disposer d’un pipe d’émetteurs de qualité, relève Lamiae Derraji, principal banker à la Berd. En tant que bailleur de fonds, la Berd peut intervenir dans les transactions de marchés de capitaux ou encore fournir une assistance technique pour aider les PME à accéder à ces financements.
Aux entreprises sélectionnées, elle apporte un soutien par des services de conseil et de mentoring pour développer un plan de création de valeur, améliorer leur compétitivité et en renforcer la gouvernance. Ces programmes visent aussi à aider les PME à développer leurs capacités de présentation et de marketing auprès d’une base plus large d’actionnaires.
«Lorsqu’on veut attirer des investisseurs, il ne suffit pas juste de présenter des chiffres. Il faut aussi avoir une histoire à raconter et rassurer sur le développement futur de l’entreprise», conseille Lamiae Derraji. Depuis novembre 2021, la Berd, en collaboration avec la Bourse de Casablanca, le ministère des Finances et l’AMMC, finance un programme de formation en ligne (couvrant 11 thèmes clés sur les marchés des capitaux et la gestion des risques) au profit des institutions partenaires et des entreprises.
En Bourse mais inactives
Sur la balance, les avantages d’être coté en bourse l’emportent largement, comme le confirme Khalil Mengad, directeur général d’Immorente. La foncière a franchi le pas de la cote en 2018. «Grâce à l’introduction en Bourse, nous avons quintuplé notre taille», relève-t-il. Pour lui, marteler l’ADN de l’entreprise, la transparence… sont des facteurs clés pour une cotation réussie. «Il faut communiquer en toute transparence sur les risques et les opportunités. Sinon, le flou engendre la spéculation», recommande-t-il.
Au-delà de mobiliser des capitaux, la présence en Bourse renforce la gouvernance et la rigueur du management, estime le dirigeant. Après le succès de l’IPO, la foncière a procédé en 2020 à une augmentation de capital de 408 MDH. Ce qui est rare sur le marché. Nombre d’entreprises cotées se sont limitées à la levée de fonds initiale, ne sollicitant plus le marché post-IPO.
Au cours des cinq dernières années, seulement 20% des entreprises cotées (15 sur 76) ont procédé à au moins une augmentation de capital. «Nous avons l’intime conviction que l’IPO est une étape majeure dans la vie d’une entreprise. Mais c’est dommage, qu’une fois sur le marché, les entreprises n’utilisent pas tous les gisements de financement qu’il offre.
Nous prêchons pour que tous les compartiments du marché des capitaux soient utilisés à bon escient», plaide Bendaoud Tali, directeur de la stratégie à la Bourse de Casablanca.
Franck Fagnon / Les Inspirations ÉCO
