Entretien avec Omar Tahiri, Expert en Systèmes d’information et gouvernance IT

Un projet de migration informatique est toujours complexe. Changer de système d’information n’est jamais simple, en général il y a deux types de changement : un upgrade (ou évolution) qui consiste à mettre à jour/mettre à niveau le système existant vers une version nouvelle réputée plus stable et plus sécurisée et souvent avec un lot de nouveautés fonctionnelles ; un changement de système qui consiste à remplacer le système existant par une nouvelle solution et généralement, dans ce cas, une solution qui provient d’un éditeur différent donc avec une logique complètement différente. Que ce soit une évolution ou un changement, il s’agit toujours de migration. Sauf qu’en général, dans le 1er cas, les délais projet sont beaucoup plus courts et les complexités techniques très limitées.
Dans le second cas, c’est bien évidemment plus complexe, car on change carrément de logique. De plus, il y a des aspects techniques plus importants qui concernent à la fois la mise en place dans un 1er temps de la totalité des fonctionnalités présentes dans l’ancien système au sein du nouveau système, la mise en place d’une toute nouvelle infrastructure technique et puis, surtout, d’interconnecter ce nouveau système au sein de l’écosystème informatique et technologique de l’entreprise. En dernier lieu, on s’attelle à mettre en place les nouvelles fonctionnalités couvertes par cette nouvelle solution et, enfin, ce qui est spécifique à ce type de migration c’est le chantier de migration de données de l’ancien système vers le nouveau (chantier généralement très complexe, mais aussi très normé et contrôlé). Ce concept est vrai pour n’importe quel projet de migration de système d’information, qu’il s’agisse d’une petite industrie ou d’une banque. Ceci dit les enjeux sont différents, car il est vrai qu’une industrie peut tourner à plein régime avec un système informatique down ce qui n’est pas le cas pour une banque qui devra basculer vers un mode manuel et donc limité. À notre ère, une banque c’est avant tout un système d’information et précisément un CBS «core banking système».
Les nombreux clients et collaborateurs de clients impactés peuvent s’interroger sur la nécessité de changer alors que tout fonctionne ?
Il y a plusieurs raisons qui motivent le changement. Parmi elles, l’obsolescence, les limites fonctionnelles des systèmes existants, les risques liés à la pérennité de la solution, les risques liés à la dépendance éditeur, les limites techniques liées aux nombres de transactions ou de clients, et surtout la mise à niveau actuellement imposée par le marché dû à la digitalisation, ainsi que l’accélération de la banque digitale qui se veut plus intelligente
disponible 24/24 et qui vient avec son lot de nouveaux produits bancaires. Il faut être clair, la gestion de tels projets au sein des organismes bancaires est très contrôlée et très normée.
Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO