Enquête de conjoncture industrielle : les patrons gardent le moral face au risque de stagnation
La conjoncture économique affiche une relative stabilité au deuxième trimestre 2024, avec des tendances qualifiées de normales et similaires à celles observées au premier trimestre 2024. L’enquête de conjoncture de Bank Al-Maghrib, réalisée auprès de 400 entreprises industrielles, met en lumière un climat des affaires qualifié de «normal» et non pas «favorable» avec des conditions de production caractérisées aussi par un approvisionnement normal en matières premières.
Menée auprès d’un échantillon représentatif comprenant près de 400 entreprises industrielles, l’enquête de conjoncture relative au deuxième trimestre 2024 fait ressortir, plus ou moins, les mêmes tendances observées par rapport aux résultats du premier trimestre 2024.
En se référant à la question du climat des affaires et à l’instar du premier trimestre 2024, le climat général des affaires dans l’industrie aurait été qualifié de «normal» au deuxième trimestre selon 67% des entreprises, et «défavorable» selon 19% d’entre elles durant le second trimestre, contre 68% des entreprises durant le premier trimestre et «défavorable» selon 24% d’entre elles.
Sur ce dernier point, l’opinion défavorable des entreprises de la part des entreprises a affiché un recul de 5% sans pour autant qualifier le climat de «favorable» de la part des entreprises sondées pour le climat des affaires en se référant aux soldes d’opinion sur la base des questions qualitatives posées à trois modalités exprimées sous la forme «supérieure à la normale, normale, inférieure à la normale» ou «hausse, baisse ou stagnation».
Dans le détail, ces proportions (normal et défavorable) au cours du second trimestre 2024 sont respectivement de 74% et 19% dans l’agro-alimentaire, de 71% et 17% dans la chimie et parachimie et de 48% et 30% dans le textile et cuir.
Dans l’électrique et électronique, le climat des affaires aurait été qualifié de «normal» par 80% des industriels et de «favorable» par 20% d’entre eux. Dans la mécanique et la métallurgie, ces parts se situent respectivement à 54% et 31%. En comparaison avec le premier trimestre 2024, les mêmes proportions sont respectivement de 72% et 20% dans l’agro-alimentaire, de 71% et 21% dans la chimie et parachimie, de 70% et 26% dans le textile et cuir, de 50% et 25% dans l’électrique et l’électronique et de 45% et 36% dans la mécanique et métallurgie.
Conditions normales de production
Pour ce qui est des conditions de production, celles d’approvisionnement, au T2-2024, auraient été à l’instar du premier trimestre décrites de «normales» selon 73% des industriels et «difficiles» selon 25% d’entre eux. Cette dernière proportion atteint 44% dans l’électrique et l’électronique alors qu’elle est de 34% dans la mécanique et métallurgie, 28% dans la chimie et parachimie et 10% dans le textile et cuir. En revanche, les entreprises de l’agroalimentaire estiment que leur approvisionnement en matières premières est «normal».
S’agissant des effectifs employés, ils auraient stagné, soit la même tendance observée au premier trimestre selon 81% des patrons et augmenté selon 16% d’entre eux. Ces parts se situent respectivement à 90% et 9% dans la chimie et parachimie, à 79% et 15% dans la mécanique et métallurgie et à 62% et 35% dans le textile et cuir.
En revanche, 70% des entreprises de l’électrique et l’électronique déclarent une hausse et 30% une stagnation. Dans l’agro-alimentaire, les entreprises déclarent une stagnation des effectifs employés. Pour les trois prochains mois, 72% des industriels prévoient une stagnation des effectifs et 21% une hausse alors que ce taux était de 67% durant le premier trimestre.
Stagnation des coûts unitaires de production
En ce qui concerne les coûts de production, au deuxième trimestre 2024, les coûts unitaires auraient stagné selon 57% des industriels et augmenté selon 27% alors que les coûts unitaires de production au premier trimestre 2024 auraient stagné selon 67% des industriels et augmenté selon 31% d’entre eux.
Cette dernière proportion de 27% au second trimestre se situe à 44% dans l’électrique et l’électronique, à 37% dans la chimie et parachimie et à 29% dans le textile et cuir. En revanche, 61% des entreprises de la mécanique et métallurgie déclarent une stagnation et 36% une baisse.
Dans l’agro-alimentaire, les coûts unitaires de production auraient stagné d’un trimestre à l’autre selon les industriels. De surcroît, la situation de la trésorerie au T2-2024, aurait été qualifiée de «normale» par 77% des entreprises et de «difficile» par 19% d’entre elles, soit la même tendance constatée au premier trimestre.
Pour ce qui est de l’accès au financement bancaire, il aurait été jugé de «normal» par les entreprises. Par branche, 89% des dirigeants de la mécanique et métallurgie estiment que l’accès est «normal» tandis que 11% le trouvent «difficile». Dans la chimie et parachimie, ces proportions sont respectivement de 92% et 8%. En revanche, les industriels qualifient l’accès au financement bancaire de «normal» dans l’agro-alimentaire», l’électrique et électronique et le textile et cuir.
Trois prochains mois : stagnation des dépenses d’investissement
Par ailleurs, le coût du crédit aurait été, au T2-2024, en stagnation selon 81% des entreprises et en hausse selon 17%. Cette dernière proportion ressort à 44% dans la mécanique et métallurgie, à 19% dans le textile et cuir et à 16% dans la chimie et parachimie.
En revanche, la quasi-totalité des entreprises de l’électrique et l’électronique et de l’agro-alimentaire indiquent une stagnation du coût de crédit par rapport au T1-2024. Quant aux dépenses d’investissement, elles auraient augmenté, d’un trimestre à l’autre, selon les industriels, et ce dans toutes les branches à l’exception de la mécanique et la métallurgie où elles auraient plutôt stagné. Ces dépenses auraient été financées à hauteur de 68% par des fonds propres et 32% par crédit.
Pour les trois prochains mois, 53% des industriels anticipent une stagnation des dépenses d’investissement et 46% une hausse. Cette dernière proportion atteint 71% dans la mécanique et métallurgie, 58% dans la chimie et parachimie, 25% dans l’agroalimentaire et 18% dans l’électrique et l’électronique. En revanche, les entreprises du textile et cuir prévoient une stagnation des dépenses pour le trimestre à venir.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO