Emploi et formation professionnelle : L’évaluation, une priorité !

L’adéquation entre l’offre de formation professionnelle et les besoins du marché de travail demeure l’un des défis les plus importants que partagent les pays de la région MENA. Un atelier tient place depuis hier, à Rabat, pour un échange sur les meilleurs outils de suivi et d’adéquation entre des décideurs de huit pays de la région.
La formation professionnelle est au cœur des débats depuis lundi 25 janvier à Rabat. En effet, la Banque mondiale, l’Agence française de développement et le Centre pour l’intégration en Méditerranée, tiennent un atelier jusqu’au 27 janvier, axé sur le suivi et l’évaluation des programmes de formation professionnelle et d’emploi au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. L’objectif est de revoir les méthodes de suivi et d’évaluation dans le but d’améliorer le rendement et l’efficacité des différents programmes mis en place pour la promotion de l’emploi des jeunes et la résorption en conséquence du chômage.
Pour Abdeslam Seddiki, ministre de l’Éducation nationale et de la formation professionnelle : «En matière d’emploi, il n’y a pas de recettes magiques. Il faut faire preuve d’imagination et d’innovation afin de trouver des solutions qui conviennent à la résorption du chômage des jeunes et des femmes, qui menace sérieusement la région». C’est ainsi que le suivi et l’évaluation jouent un rôle primordial dans la mesure où ils permettent de corriger le tir, rappelle Marie Françoise Marie-Nelly, directrice des opérations pour le Maghreb auprès de la Banque mondiale. Pour cette dernière, il est question de la qualité et de la pertinence des systèmes de formation, seuls à assurer l’adéquation entre l’offre et la demande, qu’il faut suivre et évaluer, pour pouvoir les corriger.
Un point souligné également par Éric Baulard, directeur de la cellule de Rabat de l’Agence française de développement, qui, lors de son intervention, a rappelé que le thème qui sera abordé durant l’atelier n’est pas simple et que l’objectif dudit atelier est de mobiliser les personnes ressources de différents horizons afin de débattre de la question du suivi évaluation des politiques publiques en matière d’emploi. L’économiste du département de développement humain de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord de la Banque mondiale, Diego Angel-Urdinola a rappelé que 40% des entreprises dans la région MENA souffrent du manque de compétences non seulement techniques mais aussi en soft skills (qualités humaines). En Tunisie, 130.000 postes d’emplois étaient disponibles en 2008 et seulement 80% ont fini par être occupés. En 2011, 100.000 postes étaient à pourvoir et seulement 50% d’entre eux ont fini par être occupés. La même problématique est rencontrée en Égypte et au Maroc.
L’idée pour l’économiste est de non seulement mettre en place des programmes mais «mesurer leur impact. Il est ainsi important de passer d’une logique de résultat à une logique d’efficacité. En mesurant à titre d’exemple la période écoulée entre la formation et l’embauche». Enfin, dans un mot de Mourad Ezzine, manager du Centre pour l’intégration en Méditerranée (CMI), lu par Kamel Braham, coordonnateur du programme de la Banque mondiale pour l’éducation, la santé et la protection sociale dans les pays du Maghreb, a rappelé le rôle du CMI qui est un carrefour pour les différents décideurs des deux rives de la Méditerranée en matière d’échange de connaissances mais aussi de réflexions sur les politiques publiques, tout en précisant que bon nombre de problématiques, dont l’emploi, ne peuvent être adressées uniquement à l’échelle nationale, d’où la nécessité d’un tel atelier pour échanger les expériences des décideurs, des hauts fonctionnaires et des experts de huit pays de la région.
Il s’agit notamment du Maroc, de la Tunisie, de l’Égypte, de la Libye, de la Palestine, de la Turquie, de la Jordanie et du Liban.