Éco-Business

Électroménager : baisse des ventes et arrêt brutal de la consommation !

Pour les distributeurs d’appareils électroménagers, un malheur n’arrive jamais seul, ces derniers temps: baisse du pouvoir d’achat des ménages, augmentation des prix des matières premières et des carburants, impactant directement leurs charges logistiques et hausse des droits de douane des articles fabriqués en Turquie. La goutte d’eau qui fait déborder le vase ! 

C’est la méforme dans le secteur de l’électroménager avec des ventes qui peinent à décoller. Selon un distributeur contacté par Les Inspirations Éco, «le marché est figé !». Pire, les fêtes, périodes-clés pour les ventes, ne sont pas au rendez-vous. Des échanges que nous avons eues avec des acteurs du secteur, il revient qu’il y a de moins en moins de ventes au fil des mois.

Plusieurs distributeurs notent même un arrêt brutal de la consommation. «Le marché de l’électroménager est en baisse. Les ménages ont prioritairement orienté leurs dépenses vers le consommable et non les biens d’équipement», nous explique Laurent Chevrot, dirigeant de la société Socimar, distributeur d’appareils électroména Beko.

D’autres acteurs du secteur confirment ses propos. Ce ressenti est appuyé par l’enquête de conjoncture réalisée par le HCP auprès des ménages au deuxième trimestre de l’année 2022. L’enquête révèle une conjoncture perçue comme peu favorable à l’achat de biens durables.

À titre de rappel, un bien durable est le terme utilisé pour désigner un bien de consommation fabriqué pour durer et dont la valeur diminue lentement avec le temps. il s’agit généralement de biens d’équipement. On peut citer, à titre d’exemple, les voitures, les meubles ou les appareils électroménagers.

Au deuxième trimestre 2022, 78,9% des ménages considèrent que le moment n’est pas opportun pour effectuer des achats de biens durables (contre 9,8% d’avis contraires). Selon le HCP, le solde d’opinion de cet indicateur est resté négatif (à -69,1), enregistrant une dégradation aussi bien par rapport au trimestre précédent (-66,7 points) que par rapport au même trimestre de l’année écoulée (-65,6 points).

Coup de mou pendant l’Aïd
Il faut dire que le marché de l’électroménager subit de plein fouet l’érosion du pouvoir d’achat des ménages. Même la période de l’Aïd, coutumière de bonnes affaires, notamment pour les ventes de congélateurs et autres réfrigérateurs, n’a pas permis d’atténuer la méforme. «Les ventes de l’Aïd ont été plutôt en régression surtout sur les congélateurs. Il en va de même pour les réfrigérateurs. Les ménages n’ont pas investi dans ces produits. Les années précédentes ont été meilleures, malgré le Covid», explique notre source.

Selon Youssef Essabban, ex-directeur d’une marque de la place, et exerçant toujours dans le domaine à son propre compte en tant que consultant et business Development de GFKE Consulting, «les achats ont été plus tardifs qu’à l’accoutumée».

En d’autres termes, le gros des clients s’est décidé à passer à l’acte après un long délai de réflexion. Ce qui est compréhensible. En effet, face à la détérioration de la situation financière des ménages, ceux qui planifient et achètent par avance se font de plus en plus rares. Par contre, les rangs de ceux qui attendent le dernier moment pour acheter grossissent.

Pour le dirigeant de Socimar, «il va falloir s’adapter à la nouvelle donne et au retour à l’inflation. Cela risque d’entraîner des changements d’habitudes et de freiner la consommation pour revenir à des préoccupations plus économiques, et en faisant attention à n’acheter que le nécessaire». Mais il estime cependant qu’il est encore trop tôt pour juger des conséquences de cette nouvelle situation.

La hausse des droits de douane à l’import de certains articles n’arrange pas les choses
Du fait de la pénurie des matières premières nécessaires à la fabrication des produits électroménagers, les distributeurs connaissent, depuis l’année dernière, des ruptures de stocks. Ce qui a au passage provoqué des augmentations de prix des produits finis.

Et, comme ces derniers temps, une mauvaise nouvelle ne vient jamais seule, une augmentation des droits de douane ciblant les appareils fabriqués en Turquie vient tirer davantage les prix vers le haut. «Le plus grave est la décision de fixer les droits de douane des réfrigérateurs venant de Turquie à 36%.

Cette mesure impacte considérablement le prix et donc le consommateur et les ventes à notre niveau. Déjà les prix ont grimpé d’environ 25% du fait de la hausse des prix des matières premières. Si à cela, s’ajoutent des droits de douane, cela devient insupportable. Une telle situation est forcément un frein à la vente», dénonce Chevrot. De son côté, Essabban table sur une hausse encore plus importante des prix dans les semaines et mois à venir, d’autant plus que « l’augmentation des droits de douane ciblant les appareils fabriqués en Turquie combinée à celle ciblant les articles Made in China, vont continuer à produire des effets ».

Prix des carburants, frais de transport, inflation, gestion de la flotte : une équation qui se complexifie !
Dans le secteur de l’électroménager et le commerce en général, la logistique est importante dans le processus de vente et constitue un atout de taille pour optimiser la relation client. Au point où la plupart des points de vente proposent à leurs clientèles un service de livraison gratuit de leurs achats d’appareils électroménagers, lorsque le montant atteint une certaine valeur. Mais dans le contexte actuel d’inflation, avec une hausse importante du prix des carburants, la prise en charge de ce service complexifie davantage l’équation.
Sans compter les frais de transport des biens d’équipement depuis une plateforme d’entreposage à Casablanca ou Tanger, l’approvisionnement quotidien des revendeurs, magasins spécialisés, enseignes de grande distribution et de e-commerce, sur tout le territoire, surtout vers les vendeurs et revendeurs situés dans des villes éloignées comme Dakhla, Oujda, …
À titre de rappel, le jeudi 21 juillet, le litre de gasoil était à 15,52 DH chez Winxo et le litre d’essence à 16,62 DH. Chez son concurrent Shell, le litre de gasoil était à 15,67 DH et le litre d’essence à 16,78 DH. Chez Afriquia, le litre de gasoil était à 15,53 DH et celui de l’essence à 16,61 DH.

 

Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO



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