Électricité & électronique : Un contrat-programme «complexe»

Le contrat-programme des secteurs de l’électricité et de l’électronique diffère de ceux de l’automobile et de l’aéronautique qui sont montés autour d’acteurs majeurs privés. Selon le président de la FENELEC, Youssef Tagmouti, il se construit autour de grands donneurs d’ordres publics, avec des scénarios plus complexes à mettre en œuvre. Explications.
Les ÉCO : 2016 sera l’année du lancement du contrat-programme. Quelles sont vos attentes et pourquoi ce retard ?
Youssef Tagmouti : Le schéma de notre contrat-programme est un peu particulier, par rapport à ceux de l’automobile et de l’aéronautique qui sont montés autour d’acteurs majeurs privés. Le contrat-programme de la Fédération nationale de l’électricité, l’électronique et les énergies renouvelables, se construit principalement autour de grands donneurs d’ordres publics, avec des scénarios plus complexes à mettre en œuvre, et je vous rassure que notre contrat-programme est bouclé. Maintenant, il est au stade de la syndication entre le ministère des Finances et celui de l’Industrie. C’est une étape très importante, car elle évitera le double emploi des deniers publics. La signature est attendue d’un jour à l’autre.
Nos espérances sont énormes concernant ce projet structurant, nous le considérons comme un second méga PERG (Ndlr: Le Programme d’électrification rural global) qui mettra nos secteurs sur une courbe de croissance exponentielle, caractérisée par le développement d’une industrie à grande valeur ajoutée et un positionnement plus important sur l’échiquier international, en termes d’offre produits et services.
Avec le plan solaire, qui devrait connaître un véritable coup d’accélérateur en 2016, ce segment prendra-t-il le dessus ?
La FENELEC considère sur le même pied d’égalité le potentiel des trois secteurs qu’elle représente et mène, avec la même intensité, les actions nécessaires pour leur développement. Ceci se traduit clairement dans les écosystèmes de notre contrat-programme qui englobe équitablement les trois secteurs de la FENELEC. Le segment solaire, et les énergies renouvelables en général, sont très complémentaires avec le secteur électrique et le secteur électronique. Son développement entraînera systématiquement les deux autres, dans son sillage. C’est pour cette raison aussi que la FENELEC, en étroite collaboration avec Masen, ont créé le cluster solaire qui englobe des sociétés opérant dans les trois secteurs, afin de monter des projets et des solutions collaboratifs.Depuis environ cinq ans, les doubles adhésions à la FENELEC pullulent et notre Association des énergies renouvelables (AMISOLE) en est la principale bénéficiaire.
Se dirige-t-on vers une solution concernant le conflit avec la FEMADEL ?
Aujourd’hui, la FENELEC compte plus de 650 adhérents représentant les secteurs de l’électricité, l’électronique et les énergies renouvelables. Avec un nombre aussi incroyable et cette multiplication de secteurs économiques ayant le vent en poupe, il est tout à fait normal que la FENELEC connaisse une crise de maturité. Quand j’ai été élu à mon premier mandat en 2009, la FENELEC en période d’adolescence, ne comptait pas plus de 150 adhérents. Présentement, ce chiffre a plus que quadruplé et c’est tout à fait normal que les orientations changent en même temps que la gouvernance. La première réaction facile à tout changement demeure sans conteste la résistance. Ainsi, des membres de la FENELEC de la première heure, ne se sont-ils pas reconnus dans le nouveau modèle de la fédération et ils l’ont fait savoir par le canal de la presse. Nous ne pouvons nullement reprocher à nos adhérents, quelque soit leur taille, de manifester leurs désaccords avec notre gestion et les assemblées générales de la FENELEC sont la meilleure tribune pour le manifester. La FENELEC est en passe de transiter vers une nouvelle ère, celle de la concrétisation de son contrat-programme quinquennal dont la réussite est tributaire de la cohésion de tous les secteurs, tous les courants, toutes les entreprises, quelles que soient leurs tailles. Alors, je profite de cette tribune pour dissiper tout antagonisme et rappeler toutes les entreprises marocaines à réintégrer le bercail, la FENELEC. L’actuel bureau fédéral, loin de tout règlement de comptes et à l’approche imminente de son départ, n’a qu’un seul objectif, celui de laisser à son successeur une fédération forte avec un programme ambitieux.
Le ralentissement de la croissance et la conjoncture morose, qui attendent l’économie du pays pour 2016, inquiètent-ils les industriels de votre secteur ?
Même en situation économique morose, il y a toujours des secteurs qui s’en sortent haut la main, et c’est notre cas. Ils ont l’avantage d’une part, d’être liés aux grands projets nationaux stratégiques, et d’être aussi transverses donc en relation étroite avec d’autres secteurs qui, d’apparence, sembleraient loin. D’autre part, la FENELEC a flairé les changements dans la donne, depuis longtemps, et a poussé ses membres vers l’export, comme alternative viable, notamment en Afrique subsaharienne où le potentiel est énorme. Même le secteur de l’électronique, en relation avec la maintenance des systèmes, est concerné. Nos problèmes, aujourd’hui, ne sont pas ceux de la situation économique de 2016, mais sont liés à la bonne résolution des problèmes structurels et vitaux de la PME et la TPE qui forment le socle de l’économie nationale, notamment le retard de paiement, la réforme du régime fiscal et le cadre législatif. Notre pays n’est pas dans un état d’attentisme et nous demeurons constamment réceptifs à sa politique économique et sociale.