Éco-Business

Dr. Rochdi Talib : “ Il y a un manque chronique en lits hospitaliers à l’échelle nationale”

Dr. Rochdi Talib.
PDG du groupe Akdital

Depuis 2011, le groupe Akdital écrit une belle success-story. Quelle est votre recette ?
Quand on a l’expertise du métier de la médecine plus l’accompagnement de plateaux techniques de haut niveau, je pense que les deux ingrédients rassemblés ou conjugués donnent les résultats que vous voyez actuellement.

Cela a tout de même nécessité des investissements qui ne sont pas à la portée de tous. Comment avez-vous financé vos projets ?
Pour la clinique Jerrada, c’est un industriel qui nous a accompagnés bien avant l’arrivée de la loi 131-13. Cette unité médicale a connu un vif succès au point de connaître une extension en 2015 pour accueillir de nouvelles spécialités et répondre à la demande des patients. On est passé de 50 à 100 lits entre fin 2015 début 2016. Au vu de la demande toujours grandissante en soins de santé, nous avons dû organiser notre business model pour lancer d’autres investissements. Nous avons créé une holding et avons acquis ou construit d’autres établissements à Casablanca. Nous sommes à près d’un milliard de dirhams et un programme d’investissement 2021-2024 de 1,5 MMDH. Ce sont des investissements réalisés en partie en fonds propre et par financement bancaire. En 2019, nous avons ouvert le capital de la holding à un fonds d’investissement, en l’occurrence Mediterrania Capital Partners, ce qui va nous permettre de concrétiser nos ambitions dans le secteur de la santé privée.

Vous avez aussi créé une holding immobilière…
Tout à fait, et notre partenaire est TGCC, dont le patron est Mohamed Bouzoubâa. Nous sommes actuellement en négociation avec un autre opérateur dont je ne peux vous dévoiler le nom pour l’instant.

Dans quelle logique s’inscrit la diversification de l’offre de santé ?
Il ne faut pas oublier que le Maroc manque d’infrastructures hospitalières d’un certain niveau. C’est en toute modestie que je dis que l’on crée des hôpitaux et des cliniques privés qui répondent à toutes les normes internationales.

La santé est donc un business rentable…
Il n’y a pas que le côté financier qui nous motive. On reste médecins avant tout. Il y a une fibre patriotique qui nous anime et qui nous guide dans nos choix et stratégies. La preuve est que l’on s’installe, aujourd’hui, dans des zones qui ne sont pas forcément très porteuses sur le plan financier, mais on sait que l’on va apporter un plus aux populations de ces régions en matière de soins de santé. Ce sont des régions qui sont généralement dépourvues d’unités de soins oncologiques ou de chirurgie lourde. Il y a un manque chronique en lits hospitaliers à l’échelle nationale.

Les cliniques du réseau Akdital fonctionnent-elles en gestion autonome ou tout est centralisé ?
C’est le groupe Akdital qui en est le cerveau. La gestion est confiée à des professionnels de la gestion, de la finance, des ressources humaines, des IT et de la communication. Tout ce beau monde est chapeauté par la centrale que je dirige. Ces directions diffusent la politique du groupe au sein des neuf filiales du groupe.

Que pensez-vous de l’annonce du gouvernement de recruter des médecins étrangers et des MRE ?
Au lieu d’aller chercher des étrangers, puisons déjà dans le vivier des compétences MRE. Il faut trouver les moyens de les inciter à venir exercer au Maroc. Si l’on en croit les chiffres, il y a 10.000 médecins exerçant hors du Maroc. Personnellement, j’ai déjà pris mon bâton de pèlerin pour aller recruter des compétences médicales à l’étranger et beaucoup ont accepté de tenter l’aventure. Si on leur offre un cadre de travail répondant aux normes internationales et une rémunération adéquate, il n’y a pas de raisons pour qu’ils ne viennent pas participer au développement de leur pays.

L’image des cliniques est bien écornée. On parle de dessous de table, de surfacturation, etc. Qu’en pensez-vous ?
Au sein d’Akdital, nous avons institutionnalisé la transparence à tous les niveaux. Nous avons structuré notre groupe pour faire en sorte que tout soit transparent et qu’on ne laisse aucune possibilité pour que ces pratiques existent. L’ensemble de nos patients repartent avec une facture numérotée et ils ont la possibilité de payer par carte bancaire. L’époque du noir est révolue. C’est simple : ou on est structuré et on va loin, ou ce n’est pas le cas et le business en pâtit. Si on fait du noir, comment va-t-on le rendre blanc ?

Comment le privé peut-il participer au chantier de la généralisation de la couverture médicale ?
Nous sommes mobilisés derrière le roi Mohammed VI, et nous avons un rôle à jouer dans ce grand chantier social. En permettant l’accès à la couverture médicale à toutes les catégories sociales marocaines, cela ne peut qu’être bénéfique pour notre secteur. Cette généralisation sera salvatrice car les patients pourront être pris en charge. Le privé reçoit 9 patients sur 10 qui sont assurés.
Le privé séduit par la qualité de ses soins, l’excellence de ses plateaux chirurgicaux… et par la bonne gouvernance.

Fatima El Ouafi / Les Inspirations Éco



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