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Dons des pays du Golfe : Où va l’argent ?

Le partenariat stratégique entre le Maroc et le Conseil de coopération du Golfe (CCG) prévoit le soutien financier du royaume. Comment le Maroc dépense t-il ces dons ? Eléments de réponse.

Nasser Bourita et Mohamed Boussaïd, respectivement ministres des Affaires étrangères et de la Coopération internationale et de l’Economie et des finances se sont rendus à Riyad et Koweït City pour rencontrer les souverains de l’Arabie Saoudite et du Koweït et «remettre un message écrit de SM le Roi Mohammed VI» aux deux chefs d’Etats des pays du Golfe. Au menu de cette mission express, la situation sur la scène internationale et régionale mais aussi le suivi des dons des deux pays.

Evolution contrastée
Le partenariat stratégique liant depuis 2013, le Maroc et le Conseil de coopération du Golfe (CCG) comprend le soutien de ce regroupement régional au royaume du Maroc à travers des dons de 5 milliards de DH (MMDH) par an. Aujourd’hui, ces fonds contribuent à 0,7% au PIB et renforcent l’équilibre macro-économique du Maroc (voir encadré). Ces recettes non fiscales financent la réalisation de projets dans les secteurs sociaux et des infrastructures. Un Compte affectation spécial (CAS) pour la réception des dons du CCG et «à assurer la traçabilité» a été créé en 2013. Ce compte enregistre un solde excédentaire de 24 MMDH en 2016. Un excédent à la hausse depuis 2014, avec une croissance annuelle de 14,6%. Côté dépenses, les tirages sur ce fonds ont connu une évolution contrastée. Après un démarrage sur des chapeaux de roues en 2014 avec 5,1 MDH, les dépenses ont drastiquement baissé en 2015 à 38 MDH, avant de reprendre en 2016 pour se situer à 324 MDH. Notons ici que l’arrivée des fonds a connu une évolution similaire passant de 3,7 MMDH en 2015 à 7,2 MMDH en 2016. L’explication de cette variation est à chercher dans la situation économique des pays du CCG.

Priorité au social
L’affectation des dons fait ressortir une prédominance des secteurs sociaux qui s’accaparent près de 58% des financements. «Ceci traduit la préférence des donateurs pour les projets à vocation sociale», observe le ministère des Finances dans son rapport sur les Comptes spéciaux du Trésor (CST) de 2017. Dans les détails, la santé arrive comme premier bénéficiaire (33%) suivi de l’éducation et l’enseignement supérieur (30%), suivi des projets de l’INDH, du développement rural (22%) et l’habitat social (15%). A titre d’exemple, les pays du CCG financent l’extension et la mise à niveau de l’hopital Ibn Sina à Rabat, en plus de la poursuite des travaux de construction et d’équipement des nouveaux CHU de Tanger et d’Agadir. En plus des secteurs sociaux, les infrastructures arrivent comme deuxième bénéficiaires des dons du CCG. Les projets d’infrastructures représentent 26% des fonds reçus. Ces dotations sont dédiées à la construction de ports (59%), barrages (26%) et routes (15%). La conduite des projets financés par la CCG demeure sujette à accord préalable des pays donateurs. Une cellule dédiée à préparer les dossiers de financement a été créé au niveau du ministère des Finances pour faire le suivi des projets et de la réception des fonds. À fin août  2017, les fonds de l’Arabie Saoudite, du Koweït et du Qatar ont déjà été tirés et reçus sur le CAS. Seule une partie des fonds émiratis (500 millions de $) reste à approuver par le Fonds Abu Dahbi pour le développement. «Ce montant fait l’objet d’un programme préalablement validé par les responsables émiratis dont l’engagement est en instance en attendant son approbation par le CA du Fonds», rassure le département des Finances.


Vers une baisse des dons de 65% en 2019

Les hypothèses d’un déficit public «soutenable» sont basées sur les entrées de dons du CCG. «Tenant compte d’une entrée de dons du CCG autour de 8 MMDH, le déficit du compte courant devrait terminer l’année 2017 à 3,6% du PIB, au lieu de 4,4% en 2016», prévoit Bank Al Maghrib. Pour les années à venir, la variable dons du CCG comptera également dans les calculs des finances publics. Le ministère des Finances table sur une hypothèse de dons du CCG de 7 MMDH en 2018, ces dons devront enregistrer une baisse de 12,5% par rapport à 2017. Dès 2019, le gouvernement prévoit une baisse significative de ces fonds de 65%. Seuls 2,5 MM DH sont programmés, signe de l’essoufflement des économies des pays du CCG.  


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