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Développement : attention aux risques climatiques !

Au-delà des risques politiques, économiques et sociaux, il faut aussi prévoir les risques liés au changement climatique. Celui-ci demeure, encore une fois, une véritable menace silencieuse à la croissance économique du continent.

Pour la Banque africaine de développement (BAD), la croissance économique de l’Afrique devrait dépasser celle du reste du monde en 2024, avec un produit intérieur brut (PIB) réel en hausse d’environ 4% en moyenne. Ce chiffre est supérieur aux moyennes mondiales prévues à 3,2%, poursuit la BAD, dans son rapport «Performance et perspectives macroéconomiques de l’Afrique».

Toutefois, prévient la Banque mondiale (BM) pour sa part, «les systèmes alimentaires d’Afrique subsaharienne, déjà soumis à une lourde pression du fait des coûts élevés des intrants agricoles et des pertes de production induites par les conditions météorologiques, restent particulièrement vulnérables à de nouvelles perturbations».

Inondations
Cet été, les pluies diluviennes ont fait de nombreuses victimes et affecté plusieurs pays dans l’espace sahélo-saharien. Ces perturbations, poursuit la BM, pourraient entraîner une flambée des prix des denrées alimentaires et une augmentation de l’insécurité alimentaire».

Pour l’institution financière internationale, les États africains peuvent cependant améliorer leurs perspectives de croissance à long terme en renforçant leur résilience au changement climatique et en favorisant une meilleure diversification économique, indique la BM. Ce qui implique de mettre le curseur sur le développement des secteurs qui favorisent la lutte contre la pauvreté. Des exemples de réussite de réalisation de l’autosuffisance alimentaire sont là, pourtant.

Financements
D’ailleurs, la BAD a mis en place une Facilité africaine de production alimentaire d’urgence d’un montant de 1,5 milliard de dollars qui a rapidement permis d’approuver des opérations pour 34 pays dès le déclenchement du covid.

«La facilité offre désormais son soutien à 20 millions d’agriculteurs en Afrique, pour produire 38 millions de tonnes de denrées alimentaires, d’une valeur de 12 milliards de dollars. Nous ne travaillons pas seuls. Nos efforts viennent compléter les initiatives menées au niveau mondial par le G7, l’Europe et d’autres partenaires au développement», indique Akinwumi Adesina, président de la BAD.

Valorisation
Dans ce contexte, les principaux secteurs à valoriser sont ceux qui doivent aider l’Afrique à assurer sa souveraineté alimentaire et à s’immuniser contre les crises extérieures qui plombent sa croissance. Ce qui nécessite une meilleure exploitation et valorisation des ressources énergétiques et naturelles du continent, à travers une politique concrète de transformation locale.

Cette transformation est certes mise en avant depuis plusieurs années, mais elle tarde vraiment à se concrétiser. Malgré tout, des exemples commencent à inspirer. C’est le cas de la décision du Gabon de transformer localement son manganèse, ou encore de la Guinée Conakry pour la bauxite, sans parler du cas d’OCP Group au Maroc, avec la politique de transformation locale du phosphate avant de l’exporter à travers le monde.

D’ailleurs, ces exemples font tache d’huile. Au Nigéria, Aliko Dangote, l’homme le plus riche d’Afrique, vient récemment d’inaugurer la première raffinerie du pays pétrolier le plus peuplé du continent. Ce sera le cas d’ailleurs dans le domaine des engrais, toujours au Nigéria, en partenariat avec le Maroc.

Harmoniser le rythme de la transformation

Le rythme de transformation demeure moins important dans les pays d’Afrique subsaharienne francophone par rapport à d’autres exemples à travers le monde. La première raison est relative à la gestion des questions primaires : réduction des coûts, diversification de l’offre des produits et services, recherche de fournisseurs alternatifs, car la supply chain de la logistique est un vrai défi. Ils sont également en train de travailler à réévaluer les produits qu’ils avaient pour le futur.

De même, ils doivent s’attaquer à une maîtrise de la hausse des prix afin d’en limiter l’impact sur leurs activités, tout en revoyant à la hausse leurs rémunérations, dans l’optique de ne pas décrocher dans la guerre des talents. Le deuxième est lié aux défis d’accompagnement et de financement de l’économie. Si le secteur privé n’est pas financé et ne bénéficie pas du soutien que nous voyons dans d’autres zones, cela va créer des difficultés pour faire face aux enjeux de transformation. Ces enjeux exigent des capitaux importants, du personnel et des ressources pour aussi bien gérer l’immédiateté que de se projeter dans le futur.

Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO


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