Délais de paiement. C’est toujours la galère

En moyenne 6 mois, c’est le délai de paiement au Maroc. Un constat alarmant fait par la Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur (Coface) qui vient de publier une étude sur ce goulot qui étrangle encore de nombreuses entreprises dans le royaume.
Dans l’édition 2019 du classement Doing business de la Banque mondiale, le Maroc a réalisé un grand bon en avant en se hissant à un rang honorable, 60e position sur les 190 pays couverts par ce rapport mais en réalité, les progrès enregistrés par le Maroc dans le classement international en matière de climat des affaires ne semblent pas se refléter de manière concrète sur les délais de paiement. C’est le constat fait par la Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur (Coface). Dans sa quatrième enquête réalisée en début 2019 et menée sur les délais de paiement au Maroc, la société d’assurance-crédit dont la mission est d’aider les entreprises à se développer en assurant le risque d’insolvabilité de leurs clients «montre une situation qui reste préoccupante malgré un léger rebond».
D’après les résultats de cette étude présentée par Mehdi Arifi, directeur général assurance-crédit du Maghreb, ce jeudi 13 juin 2019, passant de 99 à 93 jours en moyenne, les délais de paiement contractuels restent longs et répandus. Près de la moitié des personnes interrogées déclarent ainsi avoir connu des délais dépassant les 180 jours, a souligné la Coface car le délai légal maximum fixé entre 60 et 90 jours est largement dépassé. Et ce sont les PME et les TPE qui sont les plus touchées, dira-t-on.
La Coface révèle que 25% des répondants déclarent des factures impayées à hauteur de 20% de leur chiffre d’affaires et ajoute que les TPE sont plus de la moitié à souffrir d’impayés représentant plus de 15% de leur chiffre d’affaires, les fragilisant et conduisant certaines à la faillite. Et pour cause, les entreprises estiment majoritairement (42,9%) qu’un accord à l’amiable est la mesure la plus efficace pour obtenir le règlement. L’arrêt des livraisons s’avère être la mesure la plus efficace pour 31,4% des fournisseurs.
En revanche, une écrasante majorité des entreprises, plus de 80%, n’appliquent pas de pénalités en cas de retard. Toutefois, nuance l’étude, les entreprises ont décelé une amélioration au cours du dernier semestre avec une mention spéciale pour les services de l’État et les entreprises publiques qui s’avèrent devenir de meilleurs payeurs, indiquent les enquêteurs. Ce raccourcissement des délais s’observe dans quatre secteurs majeurs que sont les technologies de l’information et de la communication (de 107 jours à 86 jours), la construction (de 105 à 100), la distribution (de 102 à 96) et l’agroalimentaire (de 90 à 86). Mieux, plus de la moitié soit 58% des entreprises pensent que leur chiffre d’affaires va augmenter et, la moitié d’entre elles, que leur trésorerie va se stabiliser. La même proportion envisage d’ailleurs d’investir dans les six prochains mois même si une frange importante, un tiers, s’attend tout de même à des délais plus longs. L’évolution du contexte économique marocain est vu comme problématique avec 41% de répondants qui estiment qu’il va se détériorer.
D’après d’autres enseignements de cette étude, la longueur persistante des délais de paiement suggère notamment que, faute de textes d’application sur les indemnités de retard et les délais spécifiques aux entreprises en difficulté ou à activité saisonnière, la loi sur les délais de paiement 2 peine à être mise en vigueur.