Éco-Business

Défaillances d’entreprises : une hausse record attendue

Alors que le Maroc affiche des perspectives macroéconomiques prometteuses pour 2025-2026, le spectre des défaillances d’entreprises plane toujours sur le tissu économique. Avec un niveau record attendu, les fragilités structurelles de l’économie nationale se confirment. Dans un contexte international préoccupant, le Maroc doit redoubler d’efforts pour limiter les dégâts et préserver son dynamisme économique. L’expansion des crédits pourrait éventuellement représenter une bouée de sauvetage, selon Allianz Trade.

En dépit des perspectives macroéconomiques encourageantes à l’horizon, une crise persiste : celle des défaillances d’entreprises, qui ne cessent d’augmenter d’année en année. Les prévisions pour 2025 ne sont guère rassurantes.

Selon la dernière analyse d’Allianz Trade, le Maroc s’inscrit dans une tendance mondiale, avec une augmentation attendue des défaillances d’entreprises de 6% en 2025 et de 3% en 2026, après une hausse de 10% en 2024.

De multiples facteurs de risque
Le Royaume devrait enregistrer une hausse de 7% des faillites, portant le total à 16.800, un record absolu. Ce chiffre représente une augmentation significative de 109% par rapport à la période de la pandémie de covid-19, alors que la hausse mondiale des défaillances est de 18% sur la même période (2016-2019).

Cette tendance, qui s’inscrit dans un contexte international tout aussi préoccupant, reflète les fragilités structurelles du tissu économique marocain. Le scénario ne devrait pas s’améliorer en 2026, car les analystes anticipent une stabilisation du nombre de défaillances, qui restera à un niveau élevé, similaire à celui de 2025.

«Le Maroc continue d’anticiper un niveau élevé de défaillances d’entreprises, bien que la tendance commence à évoluer dans un contexte de perspectives macroéconomiques globalement positives», indique le rapport d’Allianz Trade.

Plusieurs facteurs expliquent cette tendance alarmante. Parmi eux, le stress climatique, qui affecte déjà la production agricole. Il faut ajouter à cela les retards de paiement et les dettes accumulées qui fragilisent les trésoreries des entreprises, notamment les PME.

Enfin, l’incertitude économique mondiale, marquée par des taux d’intérêt élevés et une demande atone, exacerbe les difficultés. Les taux d’intérêt élevés constituent l’un des principaux facteurs de risque, en particulier pour les entreprises fortement endettées.

De plus, celles confrontées à des défis spécifiques, comme la transition écologique, la concurrence de l’intelligence artificielle ou les perturbations des chaînes d’approvisionnement, sont particulièrement vulnérables. Les secteurs les plus exposés sont la construction, le commerce de détail et les services, des domaines déjà fragilisés par les bouleversements récents. Les conséquences de ces défaillances se répercutent directement sur l’emploi.

En 2025, 2,3 millions d’emplois dans le monde pourraient être menacés, soit une augmentation de 120.000 postes par rapport à 2024. L’Europe occidentale, avec 1,1 million d’emplois en péril, arrive en tête de ce sombre décompte, suivie de l’Amérique du Nord (450.000) et de l’Asie (320.000). Ces chiffres représentent un record sur dix ans pour l’Europe et l’Amérique du Nord, tandis que l’Asie enregistre une progression graduelle depuis 2022.

Le crédit, une bouée de sauvetage
Notons que l’expansion du crédit pourrait jouer un rôle clé pour limiter les défaillances en fournissant aux entreprises les liquidités nécessaires pour gérer leurs dettes, maintenir leurs activités et investir dans la croissance.

Cependant, les risques inflationnistes, en particulier aux États-Unis, pourraient compromettre cette bouée de sauvetage. Si les coûts d’emprunt augmentent et rendent le crédit moins accessible, cela pourrait entraîner un ralentissement de la croissance du crédit, un resserrement des conditions financières et une augmentation des risques de défaut pour les entreprises endettées.

Selon les estimations d’Allianz Trade, une baisse de 1% du crédit entraînerait une augmentation des défaillances au cours des trois prochains mois d’environ 3% aux États-Unis, 0,4% en Allemagne, 1% au Royaume-Uni et 2% en France. Mais au-delà des taux d’intérêt, une guerre commerciale de grande ampleur pourrait aggraver la situation.

«Nos perspectives pour les défaillances d’entreprises pourraient se détériorer si l’économie européenne s’affaiblissait davantage, si la région Asie-Pacifique montrait une résilience plus faible, ou si les perspectives pour les États-Unis se dégradaient», souligne Allianz Trade.

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO



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