Éco-Business

Coronavirus: la gestion des stocks se complique

Partout en Europe, l’affluence est forte dans les grandes enseignes commerciales où les consommateurs se ruent sur les denrées de première nécessité. Il s’agit pour ces consommateurs de constituer des stocks pour faire face à un éventuel confinement dû au Coronavirus.

Pour l’heure, les enseignes ne s’avancent pas sur un risque de pénurie. Mais, du côté des consommateurs, la raison a déjà cédé place à la panique compte tenu du nombre grandissant des cas de contamination. En Europe, la France, l’Italie et l’Allemagne représentent les principaux foyers de ce nouveau virus.

Quid du Maroc où 2 cas confirmés viennent d’être annoncés?

Si les Marocains commencent à faire main basse sur le gel antibactérien et les masques de protection, les étals des magasins semblent encore fournis… pour l’instant.

Selon le responsable d’achat d’une grande chaîne de distribution, «la situation peut devenir inquiétante si la propagation du virus se poursuit». Il nous révèle que son groupe ne dispose que d’un mois et demi de stocks.

Loin de tenir un discours alarmiste, la directrice générale adjointe en charge du Pôle Marketing du Groupe Label’Vie, Chrystele Ronceray, avait déclaré en marge de la présentation des résultats annuels que son groupe avait déjà anticipé la propagation du virus.

«L’anticipation est de mise au vu de ce qui se passe dans certains pays d’approvisionnement… Nous avons établi une liste des produits susceptibles d’être en rupture et avons décidé par conséquent de diversifier de notre sourcing. Nous avons également prévu d’augmenter notre couverture de stock sur les produits qui peuvent être problématique», expliquait Ronceray.

Il est à noter que les approvisionnements des distributeurs auraient déjà été effectués avant le calendrier des fêtes chinoises par anticipation normale, puisque durant cette période, «l’usine du monde» connait une baisse de sa capacité de production.

Si la propagation du virus s’est accélérée au lendemain de ces fêtes, «l’ensemble des distributeurs ont pu anticiper sur leurs cycles d’achats», explique Wajih Sbihi, président exécutif du groupement des principaux distributeurs de produits de grande consommation TIJARA 2020.

«Les produits commercialisés actuellement ont été principalement acquis aux mois de novembre-décembre. Au lendemain des fêtes chinoises, la propagation du virus pourrait retarder des cycles d’achat qui sont programmés au-delà du mois de mars… Pour l’heure, les stocks sont assez confortables, mais des mesures d’anticipation ont déjà été prises dans ce sens», poursuit-il.

Sbihi reste optimiste compte tenu du niveau des stocks actuels et espère que «ce mal se dissipe dans les mois qui suivent pour que tout un chacun puisse retrouver une vitesse de croisière au niveau de l’achat et de l’approvisionnement».

Concernant la fréquentation des magasins, aucun changement de comportement n’a été constaté pour l’heure. «Nous avons de la chance d’être dans un pays producteur d’agroalimentaire. Nous espérons donc ne pas avoir de problèmes d’approvisionnement. Il n’y a pas donc lieu de céder à la panique», rassure Zouhair Bennani, président directeur général du groupe Label’Vie.

Même son de cloche auprès de Yassir Adil, président de la Chambre de Commerce, d’Industrie et de Services de Casablanca-Settat qui juge qu’il y a encore rien d’alarmant au niveau de ce secteur.

Néanmoins, l’on ne peut pas en dire autant pour le secteur de l’industrie pharmaceutique -que ce soit au Maroc ou au niveau mondial- où la crainte d’une rupture de stock est pressante, une bonne partie des matières premières utilisées dans la confection des médicaments étant acheminée depuis la Chine. «Les retards de livraison de la matière première sont avérés et impactent sensiblement les stocks des laboratoires pharmaceutiques. Si cela continue, l’approvisionnement en médicaments devrait sérieusement pâtir», nous confie-t-on.

Selon un transitaire, l’approvisionnement du Maroc de certains produits a été fortement perturbé durant ces dernières semaines.

Si les effets de la propagation du coronavirus sur l’économie marocaine n’ont pas encore été constatés, «le secteur du tourisme est actuellement le plus sinistré», déclare Yassir Adil.

La réunion qu’il a tenue , il y a quelques jours, avec les professionnels du secteur touristique, décrit par ailleurs une crise mondiale qui a atteint le Maroc également. «Les tours opérateurs, principalement européens, annulent leurs réservations à tour de bras», explique-t-il.

De son côté, le gouvernement tente de tenir un discours rassurant face à cette crise sanitaire mondiale. «La situation épidémiologique actuelle au Maroc est normale et se trouve au même niveau que la plupart des pays du monde, car nous sommes un pays ouvert, mais en contrepartie nous sommes prêts à faire face à tout développement», a indiqué le chef de gouvernement Saâd Dine El Otmani.


À la recherche d’un masque de protection…

Face à la menace du coronavirus, ce sont les officines, pharmacies et autres distributeurs de dispositifs médicaux qui ont été pris d’assaut en premier. Cette augmentation de la demande a conduit à une rupture de stocks de masques médicaux, tous types confondus. Ceux-ci ont même connu une flambée des prix durant ces dernières semaines. Or, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le port du masque sanitaire est plus que recommandé pour les malades afin d’éviter la diffusion de la maladie par voie aérienne. Ce masque serait par ailleurs recommandé aux personnes ayant séjourné dans les zones identifiées à risque telles que la Chine, l’Iran, la Corée du Sud ou encore l’Italie. Ceci étant, les personnes en bonne santé et n’étant pas confrontées à une personne infectée ne doivent pas nécessairement le porter. «L’utilisation des masques ne représente aucune protection aux personnes non-atteintes, alors que les patients contaminés et le personnel médical utilisent des masques conçus selon des critères précis », indique le chef de gouvernement Saâd Dine El Otmani.



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