Commerce extérieur : ce que coûte le dollar fort
Au-delà de la hausse des prix des matières premières, la dépréciation du dirham face au dollar participe au renchérissement des importations. Sur les huit premiers mois de l’année, le taux de change explique 16% de la dégradation du déficit commercial, soit 12,3 MMDH sur 77 MMDH. La facture énergétique et les importations de produits alimentaires expliquent en grande partie l’impact négatif sur les importations. Inversement, le dollar fort a un impact limité de 6,8 MMDH sur les exportations et bénéficie principalement aux exportateurs de demi-produits.
Actuellement, Il faut plus de 11 DH pour 1 dollar. Du jamais-vu depuis belle lurette. Comme beaucoup de devises, le dirham a cédé beaucoup de terrain face au billet vert, en raison notamment des incertitudes sur l’économie mondiale. Depuis le début de l’année, le dirham s’est déprécié de 19% par rapport au dollar et de 2% par rapport à l’euro. La monnaie nationale est définie par rapport à un panier composé de 60% de l’euro et de 40% du dollar avec une marge de fluctuation de +/- 5% autour du taux central.
Les évaluations trimestrielles continuent de montrer l’absence de signes de désalignement du dirham par rapport aux fondamentaux de l’économie nationale, a indiqué la banque centrale en septembre. En tenant compte d’un taux d’inflation inférieur à celui des pays partenaires et concurrents, le taux de change effectif du dirham se déprécierait de 1,8% en 2022, puis s’apprécierait de 0,4% en 2023, selon les prévisions de Bank Al-Maghrib.
«Le relèvement du taux directeur de 50 points de base à 2% devrait soutenir la valeur fondamentale du dirham à moyen terme», estime les analystes d’AGR.
La dépréciation du dirham par rapport au dollar ajoute de l’inflation à l’inflation. Sur les huit premiers mois de l’année, le déficit commercial s’est creusé de 77 MMDH pour s’établir à 215 MMDH. Le taux de change explique 16% de la dégradation, soit un impact négatif de 12,3 MMDH selon les calculs de la DEPF.
La variation du taux de change du dirham a renchéri les importations de 19,2 MMDH. La flambée de la facture énergétique explique pour une grande partie cet impact négatif devant les importations de produits alimentaires. Par contre, l’impact sur les exportations se limite à 6,8 MMDH. Les exportateurs de demi-produits, et dans une moindre mesure ceux de produits bruts, sont les principaux bénéficiaires du dollar fort.
Franck Fagnon / Les Inspirations ÉCO