Éco-Business

Commerce extérieur : 2016, l’année de la rechute

Le déficit commercial à fin 2016 reprend du poil de la bête. Il atteint 184 MMDH à cause d’une déferlante des importations faisant de l’ombre à une performance modeste de l’export. Pourtant, le commerce extérieur marocain était bien parti après une année 2015 où le déficit avait reculé à 154,2 MMDH, réalisant l’une des plus belles performances de ces 5 dernières années.

Tout indiquait que l’année 2016 renouerait avec une aggravation du déficit commercial. Pas de surprise, donc, à la lecture des résultats préliminaires de l’Office des changes portant sur les statistiques du commerce extérieur pour l’année 2016. Ceux-ci laissent apparaître une hausse du déficit commercial de 30,2 MMDH pour atteindre 184 MMDH et renouer ainsi avec des niveaux avoisinant ceux de 2014 (190,5 MMDH). Pourtant, le commerce extérieur marocain était bien parti après une année 2015 durant laquelle le déficit avait reculé à 154,2 MMDH, réalisant l’une des plus belles performances de ces 5 dernières années. Dans ces conditions, le taux de couverture s’est situé à 54,7% au lieu de 58,6% en 2015 et 51,3% en 2014.

Source : Office des changes

Selon l’Office des changes, ce taux demeure malgré tout en amélioration de 3,7 points vis-à-vis de la moyenne des cinq dernières années (2011-2015). Un tel déficit est le résultat d’une performance modeste des expéditions face à une impressionnante déferlante des importations. En effet, l’import a progressé de 34,8 MMDH pour atteindre le pic de 407 MMDH (contre 372 MMDH en 2015). Dans le détail, cet import demeure malgré tout, dans sa majeure partie, incompressible. Sa progression s’explique par l’augmentation des achats de biens d’équipement (+25,7 MMDH), de produits finis de consommation (+10,6 MMDH), de produits alimentaires (+8,9 MMDH) et de demi-produits (+4,3 MMDH).

La facture énergétique a pour sa part baissé de 14,7 MMDH sous l’effet de la baisse du prix du baril à l’international. Résultat: hors achats de biens d’équipement et de demi-produits, les importations n’augmentent que de 2,5% ou +4,8 MMDH. Cette hausse impressionnante de l’import n’a malheureusement pas été atténuée par une performance suffisamment dynamique de l’export. Celui-ci n’a progressé que de 4,6 MMDH, enregistrant ainsi une hausse de seulement 2,1%. Cette performance est d’autant plus décevante que 2015 avait permis de réaliser une progression de 8,6%. Les exportations marocaines en 2016 sont valorisées à 222,6 MMDH au lieu de 218 MMDH une année auparavant. Cette évolution provient de la bonne performance des exportations des métiers mondiaux du Maroc dont les secteurs automobile (+5,6 MMDH), aéronautique (+1,2 MMDH) et électronique (+0,8 MMDH).

Les ventes du secteur textile et cuir (+2,2 MMDH) et celles de l’«agriculture et agro-alimentaire» (+2,1 MMDH) s’inscrivent également en hausse. Ces hausses ont été, en partie, atténuées par la baisse des ventes de phosphates et dérivés de 5,4 MMDH en 2016 en raison des difficultés connues sur le marché mondial du phosphate. Hors phosphates et dérivés, les exportations progressent de 5,7% ou 9,9 MMDH. L’année 2016 ne pourra même pas être sauvée par les investissements directs étrangers (IDE) dont le flux a chuté de 28,5% en s’établissant à 22,7 MMDH contre 31,8 MMDH en 2015, soit une baisse de 9,1 MMDH. Ce recul est à attribuer au retrait des recettes (-17,5% ou -7 MMDH) conjugué à la hausse des dépenses (+25,7% ou +2,1 MMDH).

Pour leur part, les recettes MRE progressent de 3,4% ou +2 MMDH, avec 62,2 MMDH contre 60,2 MMDH un an auparavant, et les recettes Voyages de 3,5% ou +2,2 MMDH, avec 63,3 MMDH contre 61,2 MMDH une année auparavant.

Enfin, la balance Voyages connaît une hausse de l’excédent de 49 MMDH contre 47,5 MMDH un an auparavant, en hausse de 3,3% ou +1,6 MMDH. Cette évolution s’explique par l’accroissement des recettes de 2,2 MMDH, plus important que celui des dépenses (600 MDH). 


Quid de 2017 ?

2017 devrait vraisemblablement suivre le même schéma d’évolution des échanges extérieurs que 2016. Selon une simulation réalisée récemment par le Centre marocain de conjoncture (CMC), les flux d’importations devraient poursuivre, selon toute probabilité, leur évolution tendancielle. Le taux d’accroissement de cet agrégat en valeurs courantes escompté pour l’année 2017 serait de l’ordre de 4,1%. Les exportations connaîtraient, quant à elles, un léger redressement à la faveur de la reprise de l’activité économique dans les principaux pays partenaires du Maroc. Le taux de progression des exportations en valeurs nominales pourrait ainsi atteindre 6,2% environ au terme de l’année 2017. Selon le CMC, «les échanges extérieurs devraient contribuer positivement à la croissance». À noter que l’évolution de la balance commerciale restera tributaire des prix du pétrole à l’international et de la situation du marché des phosphates.



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