Éco-Business

Comment le Covid-19 est en passe de changer l’automobile

À l’initiative de l’Aivam, le cabinet d’études Frost & Sullivan a tenu la semaine dernière un webinaire pour discuter de l’impact du Covid-19 sur le secteur automobile. Optimisation des coûts et des ressources, digitalisation, nouvelles tendances, prime à la casse…autant de pistes avancées pour aider les opérateurs du secteur à relancer leur activité.

Alors que l’état d’urgence sanitaire prévaut toujours au Maroc, comme ailleurs, l’après-Covid-19 se prépare déjà pour les professionnels du secteur automobile. À l’instar des usines qui ont repris leur activité, les showrooms ont rouvert aux acheteurs qui, toutefois, manquent à l’appel. Pour aider les opérateurs à y voir un peu plus clair, l’Association des importateurs de véhicules au Maroc (Aivam) a mandaté le cabinet d’études Frost & Sullivan pour analyser la situation et en débattre lors d’un webinaire tenu en milieu de semaine dernière. Un rendez-vous digital et interactif qui a été a animé par quatre panélistes en la personne d’Adil Bennani (président de l’Aivam) ainsi que trois membres dudit cabinet, à savoir Franck Leveque, Vitali Bielski et Subhash Joshi. Tour à tour, ces intervenants ont pris la parole pour expliquer le contexte économique actuel et les tendances découlant de cette crise sanitaire mondiale.

Changement de scénario économique
Selon les études de ces experts, il ressort que le monde a plongé dans une récession du fait du Covid-19 avec une estimation anticipé de -7,3% au terme du second trimestre et un retour à la croissance à compter du second trimestre 2021. Subhash Joshi a noté que le prix moyen du baril de Brent s’est inscrit au plus bas cette année depuis 17 ans à environ 23 dollars. Sur ce sujet, les analystes de Frost & Sullivan s’attendent à voir qu’un retour à la demande dans l’automobile et l’aviation durant le second semestre raviverait le coût du baril. En outre, il apparaît que la production automobile mondiale connaîtra une baisse de -21 à -28%, ramenant les volumes au niveau de ce qu’ils étaient en 2007 soit 13 ans auparavant ! Quant aux ventes de voitures neuves, «les immatriculations en Europe ont connu leur pire déclin en avril du fait du confinement strict», lit-on sur l’une des diapositives de cette étude. L’Europe du Sud a été la plus touchée avec des baisses de 97,6% en Italie et 96,5% en Espagne.

Les tendances post-Covid-19
S’agissant des tendances, Franck Leveque a notamment parlé des vélos dont le marché est reparti à la hausse un peu partout en Europe et dont le phénomène de «vélo-partage» (ou «bikesharing») est en passe de se développer. Les véhicules d’occasions et les utilitaires de types fourgons et navettes de transport présentent également de belles opportunités d’affaires par les temps qui courent à l’image des solutions de paiement sans contacts et des produits sanitaires. En effet et conséquence directe de cette pandémie, la question de l’hygiène devient à la fois omniprésente et primordiale pour quasiment tous les secteurs. En même temps et preuve que le Covid-19 est en passe de redessiner la mobilité dans les villes, l’usage privé se développera du fait de la peur de la contagion. Il y a donc des opportunités de croissance dans la mobilité partagée et celle à occupant unique. De son côté, Vitali Bielski a évoqué d’autres aspects d’opportunités comme les véhicules électriques et la production des batteries. Ces dernières pourraient faire l’objet d’une stratégie d’incubateur avec par exemple une méga-usine pour les producteurs de batteries, à l’image de la Gigafactory de Tesla. Vitali a d’ailleurs rappelé la valorisation à plus de 1.000 dollars par action franchie par ce constructeur, expliquant que «ce n’est pas une surprise lorsqu’on voit toutes les incitations des gouvernements pour les voitures électriques». D’ailleurs, la croissance des VE va continuer en 2021 et sera plus importante que celle des voitures thermiques.

Le Maroc, une baisse en deux hypothèses
La participation effective du président de l’Aivam ne s’est pas limitée à modérer le débat, elle a également consisté à le focaliser sur le Maroc, pays où le marché du neuf est également en baisse. Selon Frost & Sullivan, les ventes de 2020 devraient s’arrêter autour de 128.000 unités au 31 décembre prochain, soit -23,1% par rapport à 2019 mais dans l’éventualité d’un scénario de «2e vague» qui impliquerait un nouveau confinement, les ventes pourraient plonger de 43,5% à 94.000 unités. Selon Adil Bennani, la reprise sera plus longue que lors des précédentes crises économiques. Plutôt qu’un à 2 ans, le retour à la normale se fera entre 3 et 5 ans. Les distributeurs automobile et leurs concessionnaires auront à cœur de renflouer leur trésorerie et refondre leur stratégie globale pour renouer avec la rentabilité. Pour booster la demande, l’Aivam appelle à des mesures volontaristes à l’instar de ce qui se fait ailleurs dans le monde et notamment, une prime à la casse aidant à renouveler le parc vieillissant, polluant et accidentogène des voitures de 30 ans et plus. Encourager davantage les technologies propres via des bonus aux véhicules hybrides et électriques est aussi une recommandation pour développer la mobilité durable. Autre question pertinente suggérée par le Président de l’Aivam, celle de savoir si la digitalisation est une mode passagère ou si, au contraire, elle sonne le glas des circuits traditionnels. Les échanges sur ce sujet suggèrent, entre autres, qu’afin que la digitalisation du parcours client le soit totalement et de façon efficace, celui-ci doit disposer de tous les moyens nécessaires à ce changement de mœurs commerciales. Enfin, s’agissant des velléités de relocalisation industrielle, le risque est moindre pour le Maroc par rapport à d’autres pays comme la Chine et l’Inde qui concentrent beaucoup plus d’usines et réalisent de plus gros volumes. 


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